Africa-Press – Mali. La préoccupation mauritanienne face à l’odieux assassinat de citoyens Mauritaniens sur le territoire malien n’est pas encore terminée, politiciens, internautes, et médias n’ont pas été satisfaits des déclarations échangées par les gouvernements mauritanien et malien concernant l’ouverture d’une enquête conjointe sur cet incident.
Rappelons que les victimes seraient des éleveurs qui se rendaient au Mali pour y rejoindre leur troupeau en quête de pâturage.
Un certain nombre d’analystes seniors ont reposé la question restée encore sans réponse :
« Qui a massacré les sept Mauritaniens et a pris son temps, pour les enterrer de sang-froid dans un puits à l’intérieur du sol malien ? »
À la lumière de l’exclusion que l’armée régulière malienne puisse commettre un lâche assassinat de cette laideur, ou encore de l’exclusion que des mouvements djihadistes armés puissent en être les auteurs, l’attention de certains analystes s’est tournée vers l’hypothèse que la France et ses agents pourraient bien être « l’autorité d’exécution de cette opération » avec ce que Paris possède dans la région comme pions, espions et kamikazes sur le territoire malien.
L’implication présumée de la France, relève de son accusation d’indignation contre la junte au pouvoir à Bamako, comme l’ont décrite certains analystes politiques : « La France est incapable de faire quoi que ce soit pour ramener à la raison et à l’obéissance le régime ‘illégal’ du Mali ».
L’un d’entre eux, Mohamed Amine El-Fadil a souligné que : « Indépendamment de la gravité des coups d’État contre la démocratie et de la légitimité du régime en place au Mali, ce qui est certain, c’est que le régime au pouvoir au Mali est entré dans une confrontation ouverte avec la France, et il ne fait aucun doute que la France, avec son arrogance coloniale, n’accepte pas d’être offensée par la littérature, soit un régime en place dans l’une de ses anciennes colonies, donc ce qui se passe au Mali comme tentative de sortir de l’apparence de l’hégémonie française ne sera pas facilement avalé par la France, et elle ne reculera certainement devant rien.
D’ailleurs, la France se rend compte que le coup de grâce qui conduira à l’étranglement du Mali et au renversement de son régime en place est de créer des tensions sur la frontière mauritano-malienne qui entraînera la fermeture de ces frontières devant les échanges commerciaux, ce qui signifie resserrer le siège du Mali et le porter à un niveau qui ne peut être toléré par le peuple ou le gouvernement ».
Réaction officielle et tardive du gouvernement malien
Le gouvernement de transition au Mali a annoncé, dans la soirée du mercredi 9 mars 2022, l’ouverture d’une enquête transparente et diligente sur le meurtre de citoyens mauritaniens à l’intérieur de son territoire, à la suite d’une conversation téléphonique ayant eu lieu entre le Président malien de transition, Assimi Goïta, et le Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
A noter que cette enquête est une initiative tardive puisque l’incident a eu lieu, en fait, le 20 janvier 2022.
Le gouvernement malien a déclaré dans un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur, que : « jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve de l’implication des forces armées maliennes dans cette affaire, qui respectent les droits de l’homme et exercent de manière professionnelle dans leur guerre contre le terrorisme ».
Il a également souligné qu’il n’épargnera aucun effort pour rechercher et trouver les criminels auteurs de ces crimes odieux, afin qu’ils puissent être traduits en justice.

Pour sa part, le Président de la République islamique de Mauritanie a indiqué, il y a plusieurs semaines, avoir dépêché au Mali une délégation composée des ministres des Affaires étrangères, de la Défense nationale et de l’Intérieur, en plus du Directeur général de la Sûreté Nationale, afin d’élucider les circonstances de ce tragique incident, à travers l’ouverture d’une enquête qui déterminera les responsabilités, et infligera les peines les plus sévères aux auteurs du crime.
Conduite par le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed, la délégation fût reçue par le président de la junte militaire Assimi Goïta.
Par ailleurs, dans le communiqué rendu public en cette période, par la présidence mauritanienne, on pouvait déjà lire que « l’enquête permettra d’arrêter, en coordination avec les autorités maliennes, les mesures nécessaires à prendre pour empêcher que de tels incidents douloureux se reproduisent à l’avenir, et d’assurer la sécurité et la quiétude de nos citoyens sur le territoire malien ».
Toutefois, dans un élan défensif visant à blanchir l’armée malienne, un communiqué des autorités maliennes a présenté ses condoléances au gouvernement et au peuple mauritaniens, ainsi qu’aux familles des victimes, soulignant qu’elles « condamnent fermement ces actions criminelles visant à saper les relations distinguées qui unissent nos deux pays ».
Les autorités maliennes ont exprimé entre-autres leur étonnement : « La survenance de ce type d’incident malheureux, au moment où ce pays frère et ami nous soutient, notamment en ce qui concerne l’accès du peuple malien à ses besoins alimentaires, qui souffre des sanctions injustes du groupe CEDEAO, nous étonne ».
Le gouvernement malien a déclaré également que les pourparlers entre les présidents des deux pays ont abouti à « l’ouverture d’une enquête pour lever le voile sur les circonstances de l’incident, sachant qu’une mission conduite par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et comprenant le colonel Abdoulaye Maïga, ainsi que le chef d’état-major et le chef de l’agence de Renseignement, le général Oumar Diarra et le colonel Modibo Koné, devra se rendre vendredi 11 et samedi 12 mars en Mauritanie, afin de confirmer la fraternité et la coopération entre nos deux pays, notamment dans le domaine de la gestion des frontières communes, de la défense et de la sécurité des personnes et des biens ».
La France dans la lorgnette des observateurs
L’analyste Mohamed Amine El-Fadil a déclaré entre-autres : « Cela ne signifie pas que la France a quoi que ce soit à voir avec le meurtre des sept Mauritaniens, ni qu’elle soit responsable de ce qui peut arriver à l’avenir dans ce sens. Cela restera une simple hypothèse, mais cela ne peut pas être complètement exclu jusqu’après les résultats de l’enquête. »
Il a ajouté : « La réalité politique et sécuritaire du Mali frère est très complexe, car il y a de vastes zones dans ce pays qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement, et il est très probable que des agents de certains acteurs internationaux, régionaux ou même locaux vont se déplacer pour faire tout ce qui déstabiliserait les relations entre la Mauritanie et le Mali, d’autant plus qu’il existe actuellement des opportunités pour la Mauritanie qu’elle peut exploiter pour renforcer ses relations commerciales avec le Mali, et cela peut se faire au détriment des intérêts de certains pays de la région ».
Les relations fraternelles des deux pays frères, voisins et membres du G5 Sahel prendront-elles le dessus sur cet incident ?
Anouar CHENNOUFI
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