Le Mali et la Côte d’Ivoire à couteaux tirés ! Pourquoi donc ces tensions ?

17
Le Mali et la Côte d’Ivoire à couteaux tirés ! Pourquoi donc ces tensions ?
Le Mali et la Côte d’Ivoire à couteaux tirés ! Pourquoi donc ces tensions ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Les relations entre le Mali et son voisin la Côte d’Ivoire connaissent leur période la plus tendue, après l’arrestation par Bamako de soldats ivoiriens qui prétendaient faire partie de la mission onusienne MINUSMA.

Si les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe, depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire au Mali, elles se sont totalement dégradées avec l’incident du 10 juillet 2022, lorsque les autorités maliennes ont arrêté 49 soldats ivoiriens, après que leur avion a atterri sur son territoire, selon le conseil militaire de transition au pouvoir.

Certes, ce jour-là, 49 éléments des forces spéciales ivoiriennes, venus pour relever un détachement chargé d’appuyer le contingent allemand de la Mission onusienne de maintien de la paix au Mali (MINUSMA), ont été arrêtés à l’aéroport international de Bamako.

En revanche, les autorités d’Abidjan ont protesté contre les agissements de son voisin du nord, exigeant la libération de ses soldats qui étaient en “mission au sein de la mission de sécurité de l’ONU”, affirmant que Bamako avait été informée de leur arrivée, selon un communiqué de presse de la Présidence ivoirienne.

Et entre les déclarations contradictoires des deux gouvernements sur l’incident, les tensions montent entre les deux pays voisins, menaçant une escalade diplomatique au cas où une solution à la question des soldats détenus ne serait pas trouvée. Les observateurs voient dans cette crise une forme de rivalité franco-russe dans la région du Sahel, la Côte d’Ivoire étant l’alliée la plus proche de Paris, tandis que Moscou, à travers les mercenaires de Wagner, consolide son influence au Mali.

Les soldats ivoiriens : Mercenaires ou casques bleus ?

Selon les médias maliens locaux, les autorités maliennes ont saisi également des armes sur un deuxième avion appartenant à la même compagnie. A partir de ce moment, Bamako n’a pas hésité à accuser les soldats détenus d’être des «mercenaires» qui «complotaient un coup d’État» contre la junte militaire au pouvoir et l’assassinat de son président, le colonel Azsmi Goïta.

Le gouvernement malien a souligné que les militaires ivoiriens, interrogés, ont donné 4 récits différents du motif de leur présence sur son territoire :
• une « mission secrète,
• une rotation dans le cadre de la MINUSMA,
• la protection de la base logistique de Société de services d’aviation côtière,
• la protection du bataillon allemand. Ces quatre récits différents les rendaient susceptibles d’être qualifiés de mercenaires.

La crise ne s’est pas arrêtée là, mais s’est étendue aux membres de la Mission des Nations Unies « MINUSMA », dont les autorités maliennes ont expulsé un haut responsable.

Les autorités ivoiriennes ont d’abord nié l’association de ces militaires avec eux, et ne les ont reconnus que deux jours plus tard. De leur côté, l’organisation des Nations unies a également démenti que des soldats ivoiriens aient travaillé pour elle, ou qu’ils soient venus protéger son bataillon allemand, comme certains l’ont affirmé, malgré la reconnaissance de l’existence d’un contrat depuis 2019.

Le 12 juillet, les autorités d’Abidjan ont appelé leurs homologues maliens à « libérer sans délai » les 49 militaires ivoiriens « injustement détenus » à Bamako. Le communiqué du Conseil national de sécurité ivoirien, présidé par le président Alassane Ouattara, précise que « ces militaires sont régulièrement inscrits dans les effectifs de l’armée ivoirienne et se sont rendus au Mali, dans le cadre des opérations des éléments de soutien national ».


Rivalité russo-française

Il est à noter que les deux pays africains voisins, le Mali et la Côte d’Ivoire, se situent dans deux tranchées différentes de la concurrence franco-russe dans la région du Sahel et du Sahara, où Abidjan est l’allié le plus proche de Paris, notamment en conjonction avec le retrait de ses forces du Mali et la fin de l’opération Barkhane, qu’il menait contre les groupes armés.

La présence militaire française en Côte d’Ivoire remonte à 2002, pendant la guerre civile ivoirienne, lorsque l’opération militaire « Leukeren » a été lancée pour protéger les étrangers résidant dans le pays. La France a une base militaire à Port Boye, au sud de la capitale, Abidjan, qui abrite près de 1 000 de ses forces. En plus du centre de formation « International Anti-Terrorism Academy », qui a été fondé et exploité par Paris là-bas.

Et au début du mois de juillet dernier, le ministre français des Armées, Sébastien Locornu, accompagné d’une délégation militaire française de haut rang, s’est rendu à Abidjan et a rencontré le président Alassane Ouattara, dans le but de « renforcer le partenariat de défense entre les deux pays et leurs efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme », selon un communiqué du ministre français.

Cette visite intervient quelques jours après la tournée africaine du président Emmanuel Macron, lorsqu’il a annoncé que son pays souhaitait « redéfinir sa stratégie militaire dans la région du Sahel d’ici l’automne en plaçant ses forces en appui aux armées africaines et sous leurs ordres, et en portant plus d’opérations conjointes à cet égard ».

D’autre part, l’influence russe au Mali s’est accrue, depuis la première constatation de la présence de mercenaires du groupe privé russe « Wagner », proche du Kremlin dans le pays, à l’automne 2021, pour soutenir le conseil militaire au pouvoir à Bamako, qui a ensuite conduit les autorités maliennes à mettre fin à leurs partenariats de défense avec l’armée française et à mettre fin à sa présence sur ses terres.

Ce qui a démontré que l’influence de la France sur la côte souffrait d’une situation peu enviable, et ses forteresses sont tombées successivement dans les bras de l’ours russe, alors que Moscou cherche à construire une nouvelle influence énorme, s’étendant de la Corne de l’Afrique, où elle a étendu ses bras sur le Soudan et le Soudan du Sud, à l’Afrique centrale et à l’Afrique de l’Ouest, en passant par les pays du Sahel et du Sahara, en plus de sa base arrière en Libye.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here