Les différentes approches de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel après le retrait du Mali du G5

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Les différentes approches de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel après le retrait du Mali du G5
Les différentes approches de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel après le retrait du Mali du G5

Africa-Press – Mali. Nous avons entamé depuis le 1er juin, une série d’articles consacrés à l’examen des activités des groupes armés dans la région du Sahel africain, en général, et dans les pays du Mali, du Niger, et du Tchad, en particulier.

Dans l’article d’aujourd’hui, nous allons essayer de revenir sur les différentes approches relatives à la lutte contre ces groupes armés, notamment après le retrait du Mali du groupe G5 Sahel et de la force conjointe formée par le groupe.

Dans ce contexte, le retrait malien du Groupe des cinq pays du Sahel – qui accroît leur isolement international et régional et intensifie les crises auxquelles sont confrontés leurs populations, et qui impose de graves effets sur la situation sécuritaire et humanitaire dans ces pays et dans les pays de la région sahélo-saharienne dans son ensemble – soulève de multiples questions sur la faisabilité des stratégies nationales et étrangères de lutte contre le terrorisme dans cette région, et s’il y a des efforts pour reformuler ces stratégies afin d’inclure des dimensions pratiques pour s’attaquer aux causes de l’escalade de l’activité des groupes armés dans la région du Sahel et du Sahara, de quoi les limiter et leur faire perdre leur capacité de propagation, œuvrant à réintégrer dans leurs sociétés tous ceux et celles qui ont été recrutés par ces groupes. Il convient donc de noter les points suivants :

• 1- Protection des plus vulnérables

Protéger les personnes vulnérables devenues « appât » pour les terroristes

Dans ce contexte, Mme Martha Ama Akyaa Pobee, la sous-secrétaire générale des Nations unies pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques, de la consolidation de la paix et des opérations de paix, a commenté le retrait du Mali du G5 lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, en date du 18 mai dernier, et a souligné l’importance de protéger les personnes les plus vulnérables dans la région des abus, notant qu’au cours des cinq dernières années, la communauté internationale, les donateurs et les partenaires ont eu du mal à parvenir à un consensus sur le mécanisme de soutien le plus efficace pour une réponse de sécurité collective au Sahel, mais le consensus fait toujours défaut, alors que tous reconnaissent que les attentats terroristes au Sahel constituent une menace lente et mortelle pour la paix et la sécurité internationales.

Etant donné que les territoires du Sahel africain sont devenus un lie de stabilité et de croissance pour les organisations telles qu’Al-Qaïda, Daech, et organisations similaires, en particulier au Mali, depuis 2012, les efforts pour affronter ces organisations, que ce soit au niveau local ou à travers des interventions régionales et internationales, se sont concentrés sur l’outil militaires et l’outil sécuritaire, qui, malheureusement, et selon l’organisation Human Rights Watch, des violations auraient été commises par ces outils.

• 2- Crise de légitimité de l’État

Quand le peuple n’est pas content…il sort dans la rue !

L’attention portée aux catégories les plus vulnérables parmi les citoyens, nous ramène à la crise de légitimité dont souffrent de nombreux pays du Sahel, en particulier le Mali, car face à la forte augmentation des opérations sécuritaires menées contre les groupes armés, divers acteurs ont ignoré les causes profondes de cette croissance, notamment à la lumière de la propagation des organisations terroristes, de la corruption, du déclin de la capacité de l’État à honorer ses obligations et de l’absence de contrôle sur l’ensemble de son territoire.

Selon certaines estimations, une partie des citoyens maliens s’est sentie tellement épuisée par l’instabilité et la corruption qu’elle est prête à donner aux chefs militaires une chance de faire face aux défis à long terme dans le pays. Ces estimations ne sont pas prises en compte par les puissances étrangères alors qu’elles s’occupent toujours de leurs intérêts dans la région.

Sur les 79 millions de dollars d’aide étrangère au développement des États-Unis que le Mali a reçus en 2020, seulement 1% est allé à la promotion de la démocratie, des droits et de la gouvernance. Dans un discours prononcé à l’Institut américain pour la paix, l’ancien envoyé spécial des États-Unis pour le Sahel, Peter Pham, note que « les élections maliennes de mars 2020, qui ont connu une baisse historique du taux de participation de 7,5 %, n’ont été que la cause directe du coup d’État de 2020.

La crise au Sahel n’est pas seulement une crise de violence, bien que la violence en soit une manifestation, et non une crise économique, même si une économie faible aggrave certainement la situation. En fin de compte, il nous semble bien qu’il s’agit d’une crise de légitimité de l’État.

• 3- Négociation avec les groupes armés

Menace complexe et croissante des groupes armés implantés dans le Sahel

Dans ce chapitre, il importe de noter que face à la baisse du soutien international et régional au profit du Mali, des réflexions ont été avancées sur les mécanismes auxquels les collectivités locales peuvent recourir pour protéger les citoyens des menaces des groupes armés.

En effet, certaines sociétés ont tendance à conclure des compromis avec ces groupes. En mars 2021, un accord signé entre certains d’entre eux et plusieurs communautés locales de la ville de Niono, dans le centre du Mali, a suscité une importante polémique médiatique et politique. Cet accord stipulait que « les terroristes acceptent la libération des prisonniers et permettent aux chasseurs de se déplacer avec leurs armes en échange de femmes voilées et menant des campagnes de ‘daaoua’ dans les villages ». Cependant, cet accord n’aurait pas duré longtemps.

• 4- Adaptation aux changements climatiques

Terres arides – absence de points d’eau

L’une des dimensions importantes qui sont présentées dans le cadre des stratégies de lutte contre le terrorisme est de répondre à la faiblesse des pays sahéliens africains face aux changements climatiques, d’autant plus qu’il s’agit des régions les plus faibles du continent face à ces changements qui font peser de nombreuses menaces, car le manque de flexibilité et d’adaptation des pays de la région aux changements climatiques crée un espace qui permet aux groupes armés d’augmenter les taux de recrutement et d’attirer les jeunes.

Le comble, c’est que la récente décision du gouvernement malien de se retirer du G5 Sahel, malgré les problèmes dont souffre ce groupe régional, a été comme une aubaine pour les organisations terroristes dans la région sahélo-saharienne, alors que le déclin de l’intérêt et de la présence internationale dans la lutte contre le terrorisme dans la région suppose une augmentation de l’intérêt des dirigeants et des organisations régionales et sous-régionales à soutenir l’armée et l’État au Mali, ce qui confirme la nécessité des chefs d’État et de gouvernement, des dirigeants régionaux, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que de l’Union africaine pour œuvrer ensemble à réfléchir de nouveau aux mécanismes par lesquels la relation avec les chefs militaires au Mali peut être gérée et trouver des solutions au processus de transition politique, limiter les ingérences extérieures dans la région, éviter qu’elle ne soit entraînée dans des conflits internationaux et régionaux, protéger les peuples de cette région et faire face à leurs crises afin qu’elles ne restent pas un foyer international de propagation des catastrophes naturelles et humaines.

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