MALI et G5 SAHEL : Quand “Goïta” se fâche…tout casse !

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MALI et G5 SAHEL : Quand
MALI et G5 SAHEL : Quand "Goïta" se fâche...tout casse !

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. La décision que le Mali vient de prendre de « se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris de la force conjointe », n’est pas du tout surprenant tant pour la région du Sahel africain, que pour la communauté internationale qui s’intéresse au Continent africain.

Malgré la situation d’étouffement vécue par le pays, précisément depuis le 9 janvier 2022 lorsque la CEDEAO lui imposa de lourdes sanctions, Bamako n’a pas hésité à passer à la vitesse supérieure pour finalement bouder tous les organes et instances du Groupe des 5 pays du Sahel africain, y compris l’armée mise en place conjointement avec les autres membres.

Cette décision qui fût annoncée publiquement dans la soirée du dimanche 15 mai courant, par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, serait liée étroitement au fait de « la non tenue de la 8ème session ordinaire en février dernier», qui devait consacrer «le début de la présidence malienne» de cette structure régionale.

Maïga a précisé dans ce contexte que la non-tenue de la 8ème session ordinaire est considérée comme étant une « violation d’une décision prise par l’Institution, mais aussi celle des textes de base du G5 Sahel », exprimant son regret quant au fait que certains Etats membres s’opposent à la présidence du Mali de cette structure.

Raisons et conséquences

Pour les spécialistes des affaires africaines, cette session aurait dû marquer le passage de témoin entre le Tchad et le Mali, mais entre la précédente, en février 2021 à Ndjamena, et celle-ci (celle qui devait se tenir en février 2022), le Mali a connu un second putsch, en mai 2021, avec la mise à l’écart des autorités civiles de transition, qui a grandement compliqué les relations de voisinage, à tel point que, selon Bamako, ses partenaires « l’empêcheraient de diriger l’organisation ».

C’est pourquoi, Bamako y a vu une certaine manœuvre visant à l’isoler encore plus.

Il importe donc de rappeler qu’au mois d’avril dernier, le Colonel Assimi Goïta avait prévenu qu’en l’absence de progrès autour de la question d’ici le 15 mai (concernant la tenue de la session et la question de la présidence), le Mali tournerait le dos à cette structure régionale, y compris la force conjointe.

Ceci dit, et déduction faite à ce propos, il semble bien que la non-tenue de cette session ne peut être considérée que « perte d’autonomie de décision : une instrumentalisation et un dysfonctionnement grave des organes» de cette structure.

Les autorités maliennes au pouvoir ont affirme également que cette situation «est fondamentalement contraire aux intérêts de cette communauté dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres», selon le communiqué lu par Maïga.

Un G5 Sahel « démuni »

Pour rappel, le G5 Sahel est une communauté regroupant constituée par « le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger », créé en 2014 à l’initiative des Chefs d’Etat de ces cinq pays sahéliens.

On peut considérer donc que le retrait du Mali est intervenu après le dernier courrier adressé par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, au général Mahamat Idriss Deby, président du Conseil militaire de Transition au Tchad et président en exercice du G5 Sahel, et survient entre-autres quelques jours seulement après l’annonce par la junte militaire de la « fin du traité de coopération de 2014 avec la France, ainsi que des accords de 2013 et 2020 » fixant le cadre juridique de la présence de la force anti-extrémistes « Barkhane » et du regroupement de forces spéciales européennes « Takuba », initié par la France.

De cette nouvelle situation, l’on doit comprendre et admettre finalement que Bamako entend ainsi protester contre le refus qui lui aurait été « indirectement signifié » d’assurer la présidence tournante du G5 Sahel et de lutter contre le terrorisme.

Pour le Mali, l’organisation dont elle est empêchée d’assurer la présidence, serait « instrumentalisée par l’extérieur » pour mieux l’isoler.

Dans son communiqué, le colonel Abdulaye Maïga, ministre malien de l’Administration territoriale, a souligné que les relations bilatérales avec les pays du G5 Sahel « resteront maintenues.

Toutefois, ce départ isole encore plus le Mali de ses voisins alors que Bamako est en train de souffrir « économiquement », depuis le 9 janvier, des conséquences découlant des mesures économiques régionales, notamment de la CEDEAO et de l’UEMOA.

Certes, on peut affirmer que « le divorce est consommé » entre le Mali et l’organisation du G5 Sahel, mais, ce divorce résulterait, comme l’ont indiqué les autorités de la junte militaire tchadienne, de l’opposition de l’un des Etats membres à ce que Bamako puisse assurer la présidence du GS Sahel en 2022.

Et pourtant, les dernières semaines, tout faisait croire à un assouplissement probable des décisions imposées par la CEDEAO au Mali.

Sauf que lors de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, tenue le vendredi 25 mars 2022, les sanctions contre les autorités de la transition au Mali avaient été maintenues, et ce, en raison du retard dans l’organisation des élections

Donc, tous ceux qui s’attendaient à la levée des sanctions contre la junte militaire au pouvoir au Mali devront prendre leur mal en patience.

Pour rappel, le maintien de ces sanctions implique l’interdiction de voyage et le gel des avoirs financiers des autorités maliennes de transition. « Les autorités de transition au Mali ont proposé un calendrier de 24 mois, soit deux ans, en plus des 18 mois déjà écoulés sans résultats concrets », a indiqué la CEDEAO.

Nous invitons nos fidèles lecteurs à visionner la vidéo ci-après qui évoque la présidence du GS Sahel qui revenait de droit au Mali, depuis le 21 février 2022, et qui est restée en « suspens » à ce jour :

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