Sécurité Routière Au Niger: Non-Respect Mortel Du Code

1
Sécurité Routière Au Niger: Non-Respect Mortel Du Code
Sécurité Routière Au Niger: Non-Respect Mortel Du Code

Africa-Press – Niger. Pour les experts sur la question, le code de la route se résume à un ensemble de règles essentielles pour assurer la sécurité de tous les usagers de la route. S’approprier ces règles est capital pour les conducteurs afin d’éviter les infractions et les sanctions qui leur sont associées. A Niamey, les chauffards, ces conducteurs qui excellent dans l’indiscipline sur les routes, causent d’énormes désagréments notamment les accidents avec le plus souvent des pertes en vies humaines et des dégâts matériels.

Selon les statistiques nationales, le Niger bat le record dans la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine en termes d’accident de la route. Pourtant, le pays est loin d’être celui qui dispose du plus grand parc de véhicules. Une situation qui s’explique en grande partie par le comportement des usagers de la route. D’après un rapport de l’OMS publié en 2018, dans le monde « les accidents de la route ont fait environ 1 350 000 tués, 50 000 000 blessés et une perte économique estimée à 518 milliards de dollars US, soit 291 116 milliards de francs CFA ».

Le même document indique que le taux moyen de décès dû aux accidents de la circulation routière à l’échelle mondiale est de 18,2 pour 100 000 habitants. À ce rythme, c’est un mort qui est enregistré toutes les 24 secondes sur les routes dans le monde. D’après la même source, l’Afrique est en tête en termes de victimes d’accidents de la circulation routière avec 26,6 décès pour 100 000 habitants. Le Niger, quant à lui, occupe le 20è rang en Afrique sur 49 pays classés avec 26,2 tués pour 100 000 habitants.

D’après les statistiques de l’Agence Nigérienne de la Sécurité Routière (ANISER), le Niger a enregistré, en 2023, 7 671 accidents corporels ayant entrainé 1 075 décès, 4 393 blessés graves et 8 163 blessés légers. Les causes de ces accidents sont multiples: excès de vitesse, non-respect des signalisations routières, consommation des produits psychotropes, transports mixtes, surcharge, pour ne citer que ceux-là.

Pourtant, d’après les autorités en charge des Transports au Niger, plusieurs dispositions ont été prises dont la mise en place d’un comité multisectoriel composé des agents des administrations publiques chargé de faire un diagnostic sur les accidents de la circulation et proposer des solutions à court, moyen et long termes ainsi que des mesures d’accompagnement pour le renouvellement du parc automobile du Niger ans le but de réduire significativement les accidents de la route.

En plus, plusieurs autres mesures sont édictées pour parer aux accidents de la route. Il s’agit de la Stratégie Nationale de la Sécurité Routière pour la période 2014-2025, l’amélioration de l’efficacité du contrôle technique automobile actuel, la modernisation du système de formation et d’évaluation des candidats au permis de conduire, l’institutionnalisation de l’audit de sécurité des infrastructures routières, l’application de la règlementation sur la sécurité routière, notamment le port du casque et de la ceinture de sécurité et le renforcement de la répression des infractions au code de la route.

Persistance de l’incivisme routier

En dépit de cette réalité sombre liée au non-respect du code de la route, très peu d’usagers donnent de crédit à ces dispositions. Il est fréquent d’observer l’incivisme dans les rues ou sur les routes de la capitale se traduisant par le fait de brûler le feu rouge, l’excès de vitesse et la non-considération des piétons qui cherchent à traverser. Les travailleurs sortent de la maison le plus souvent à la même heure et cela crée des embouteillages sur les routes. Les conducteurs circulent allègrement sur les sens interdits, brûlent les feux rouges, téléphonent au volant et utilisent les réseaux sociaux. Certains n’hésitent pas à s’arrêter sur une chaussée, la dégradant davantage et créant une situation dans laquelle d’autres usagers frôlent le pire. Dans cette confusion grandissante, pour éviter d’être écrasé, le piéton doit se montrer vigilant. Or, la règle en la matière recommande à tous de respecter le code de la route. Ce comportement civique, s’il est appliqué par tous, permet de sauver des vies. Et, très souvent c’est le moniteur que les conducteurs mettent en causent quand ils reçoivent des reproches.

Pour M. Toyé Kiépin Abdoul-Kader, moniteur et promoteur de l’auto-école Alhéri, l’objectif du moniteur est de transmettre aux stagiaires les rudiments nécessaires leur permettant de conduire. En tant qu’enseignants de la conduite, les moniteurs ont un rôle primordial dans la préservation de la sécurité routière, car c’est eux qui sont en première ligne pour enseigner aux futurs conducteurs non seulement les compétences pratiques, mais aussi une éthique et une prise de conscience de leurs responsabilités sur la route.

Selon ce responsable d’auto-école, le code de la route est subdivisé en deux grandes parties: une partie réglementation et une partie législation. La réglementation est composée de trois types de signalisation: celle verticale qui rassemble tous les panneaux implantés sur les routes, la signalisation horizontale qui comprend l’ensemble des tracés se trouvant sur la chaussée qui représentent certains panneaux et les signalisations lumineuses. A cela s’ajoute la partie législation qui consiste à trancher entre les deux parties en cas d’accident afin de faciliter la tâche à l’assureur.

Ce membre du Syndicat National des Moniteurs d’Auto-écoles nous explique également que les textes ont prévu des sanctions pénales, comme les contraventions en cas d’accident mortel ou corporel. Mieux, le Ministère en charge des Transports a créé une commission dite commission de retrait de permis qui se réunit chaque semaine afin d’étudier les dossiers soumis à son appréciation. Celle-ci est composée des cadres du Ministère, d’un président qui lui-même est du Ministère, de la gendarmerie, de la police, des syndicalistes du domaine. Si la situation est grave, le concerné est auditionné par un juge. Ainsi, la commission peut procéder soit au retrait de son permis ou à la relaxe. M. Toyé Kiépin Abdoul-Kader précise que l’auto-école est un cadre à caractère formatif qui encadre une personne jusqu’à l’obtention de son permis de conduire, selon la catégorie de son choix. Elle donne une base solide au conducteur, mais l’usager peut ne pas respecter cela sur le terrain.

Selon ce promoteur d’auto-école, les accidents de la route, tout comme les maladies mortelles, sont des fléaux en matière de circulation routière au Niger. A ce propos, il a cité les sources officielles qui retiennent trois facteurs qui sont à l’origine des accidents. D’abord le facteur humain (le comportement du conducteur), l’environnemental (état des routes, l’absence des panneaux de signalisation, l’absence des balises qui accompagnent certains panneaux) et l’état des véhicules. Cet expert précise aussi que le véhicule est une machine à caractère mécanique qui est commandée par un chauffeur ou conducteur. Selon lui, au Niger, le taux d’accident est très élevé par rapport aux autres pays de la sous-région.

Relativement aux causes de ce fléau, M. Toyé Kiépin Abdoul-Kader a cité le manque de courtoisie en matière de circulation routière. « Le plus souvent, nous sortons et rentrons aux mêmes heures. Cela a un impact sur la circulation, car nos voies sont étouffées. D’où le besoin de continuer à sensibiliser les utilisateurs de la route. Nous demandons aux autres acteurs comme ANIZER de continuer à travailler avec les auto-écoles pour atteindre l’objectif de l’Etat qui est la réduction substantielle du taux des accidents de la route », a-t-il conseillé.

Par exemple, ce moniteur explique que, tout au long du boulevard Tanimoune, il y a une piste qui est aménagée pour les cyclistes et cyclomoteurs mais qui n’est jamais utilisée par ses usagers, malgré l’existence des signalisations. Ils empruntent la même chaussée que les autres utilisateurs de quatre roues. Ou encore des commerçants qui s’installent anarchiquement sur des voies. Or, ces infrastructures ont été faites à grands frais. Le respect de cette disposition incombe aux agents de la police. Ce syndicaliste sollicite des inspecteurs de faire leur travail à travers le contrôle des auto-écoles, de vérifier par exemple si les doubles commandes fonctionnent. « Beaucoup de ces auto-écoles n’existent que de nom. Nous sollicitons de la part de l’Etat l’octroi de terrains d’apprentissage pour faciliter l’apprentissage, l’octroi aussi de récépissé à tous ceux qui ont créé une auto-école », a-t-il dit.

Contribution des ONG dans la sécurité routière

Dans la perspective d’atténuer ou de réduire le taux d’accident au Niger, plusieurs ONG interviennent dans le secteur des transports. C’est le cas de l’ONG « Fondei Ma Bori » qui s’est spécialisée dans la prévention des accidents en mettant l’accent sur la sensibilisation des jeunes. M. Amadou Aboubacar dit Babayé, coordonnateur par intérim Fondei Ma Bori, indique que son organisation a mené plusieurs activités de sa création à nos jours. Parmi ces activités, il a cité la formation dans le milieu scolaire des pères éducateurs qui auront à partager leurs expériences avec leurs amis, surtout au niveau des fadas.

D’après ce responsable, l’ONG a eu à former des clubs en milieu scolaire en matière de sécurité routière en les dotant de gilets, de mégaphones et de sifflets afin d’aider les enfants à traverser les routes. Les principaux bénéficiaires sont, entre autres, l’école Diori et l’école Canada. « Nous avons conçu des modules et nous espérons qu’ils seront enseignés aux enfants dès le bas-âge pour qu’ils comprennent la signification des différents panneaux. Nous avons eu à former aussi les conducteurs des minibus, communément appelés faba-faba. A cela s’ajoute la reprise de certains marquages piéton, des signalisations horizontales (passage piéton) et verticales », a-t-il également rappelé.

M. Amadou Aboubacar a précisé que, selon les données disponibles, ce sont les jeunes qui sont les principaux impactés ou impliqués dans ce phénomène d’insécurité routière. « Or, cette couche constitue le fer de lance de l’économie du pays. C’est pourquoi, nous agissons au niveau de cette catégorie de la population. Nous ne voulons pas voir notre jeunesse mourir sur la route au lieu de s’occuper de notre sécurité », a-t-il déclaré.

Selon le responsable de l’ONG « Fondei Ma Bori », l’accident de la route représente un coût pour l’Etat et la famille de la victime. Cela engendre des pertes économiques du fait des frais médicaux, les temps accordés aux malades, des pertes matérielles voire humaines. C’est pourquoi, il conseille aux usagers de la route la prudence, surtout les vacances où il y a beaucoup de cérémonies. Certes, il est bon d’offrir un cadeau à l’enfant comme le font certains parents, mais il est préférable que l’enfant ait le B.A.-BA du code de la route. D’un autre côté, la police routière doit imposer le respect de la discipline routière en sanctionnant le fautif, en imposant le respect des feux tricolores et de s’assurer que celui qui dépasse ce feu ne doit pas ralentir afin de permettre aux autres usagers de pouvoir passer », a-t-il souligné.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here