Africa-Press – Niger. Après s’être concentrés – non sans succès – sur le Mali et le Burkina Faso, les stratèges en influence du groupe Wagner lorgnent désormais le Niger et la Côte d’Ivoire, dont les autorités prennent cette menace très au sérieux. Objectif : fragiliser les pouvoirs de Mohamed Bazoum et d’Alassane Ouattara, principaux alliés de la France dans la région.
Ces dernières semaines, plusieurs comptes sur les réseaux sociaux suspectés d’être affiliés au projet Lakhta, une vaste opération de désinformation anti-occidentale lancée par le groupe d’Evgueni Prigojine, et jusqu’à présent actifs sur le Mali et le Burkina Faso, ont ainsi relayé de fausses informations sur le Niger.
Discussions entre autorités
Première infox : la France aurait, selon les pages alimentées par Wagner, armé les jihadistes s’étant attaqués à l’armée nigérienne à Intagamey le 10 février dernier. Ces affrontements ont fait 17 morts du côté des militaires nigériens, provoquant une forte réaction de l’opinion publique.
Les hommes d’Evgueni Prigojine ont également initié des rumeurs de coup d’État visant Mohamed Bazoum alors que ce dernier était en visite en France le 16 février. Enfin, la propagande de Wagner a produit de fausses informations sur le supposé départ des troupes françaises du pays, à partir du 24 février.
En deux semaines, plusieurs tentatives de désinformation menées par les comptes sahéliens du projet Lakhta ont ainsi été identifiées par les services spécialisés. Cette menace informationnelle fait en outre l’objet de discussions régulières entre les autorités nigériennes et françaises. Elle a même été abordée par Mohamed Bazoum et Emmanuel Macron lors de leurs récents entretiens.
Critiques acerbes
En Côte d’Ivoire, la menace est moins précise, mais des signaux commencent à être perceptibles. Là encore, des comptes qui opéraient jusqu’à récemment au Mali et au Burkina Faso y sont à la manœuvre et relaient des critiques acerbes contre Alassane Ouattara. À la mi-janvier, la diffusion d’un dessin animé anti-français par le groupe Wagner, dans lequel la Côte d’Ivoire est clairement évoquée comme une prochaine zone d’action de la nébuleuse de Prigojine, a été un électrochoc pour plusieurs responsables ivoiriens.
Toutefois, la Côte d’Ivoire a déjà été ciblée par Evgueni Prigojine lui-même. En janvier dernier, le financier de Wagner a ainsi rendu publique l’histoire d’Aboya, l’un de ses mercenaires, originaire de Côte d’Ivoire. Ancien chauffeur de taxi de Yopougon, à Abidjan, expatrié en Russie au milieu des années 2010, celui-ci s’est retrouvé en prison avant d’être recruté par Wagner et envoyé sur le front ukrainien. « Je pense qu’il sera un grand président pour la Côte d’Ivoire. Je discuterai de ces projets avec lui plus tard », avait écrit l’oligarque sur ses réseaux sociaux, dans un message clairement destiné à Alassane Ouattara.
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