Quand le Sahel africain devient un centre de la résurgence du terrorisme

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Quand le Sahel africain devient un centre de la résurgence du terrorisme
Quand le Sahel africain devient un centre de la résurgence du terrorisme

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Dans le dernier indice mondial du terrorisme, développé par l’Institut australien pour l’économie et la paix (GTI), il a été affirmé la résurgence du terrorisme mondial, et que l’Afrique en est devenue son épicentre, notant que malgré la diminution du nombre de morts causées par les opérations terroristes, ces attaques se multiplient et la politique l’emporte également sur la religion comme motivation.

L’institut GTI poursuit dans un rapport, que les anciens facteurs de pauvreté, de marginalisation et de faible gouvernance sont devenus un « mélange combustible » à tout moment, et annonce le retour du terrorisme à la lumière de l’assouplissement des restrictions imposées en raison de l’épidémie de virus Corona qui a paralysé le monde durant les deux dernières années.

La même source considère que l’Afrique subsaharienne est devenue un foyer du terrorisme mondial, après l’expansion de l’Etat islamique (DAECH) dans la région, et la présence continue du groupe terroriste Boko Haram, tout en soulignant que cela ne signifie pas que les points chauds traditionnels – tels que le Moyen-Orient ou l’Afrique de l’Est – sont hors de portée des attaques terroristes, puisque les récentes attaques survenues en Israël et en Somalie ont confirmé la persistance des menaces terroristes dans ces régions.

Statistiquement parlant, le changement le plus important qui a eu lieu dans ce dernier rapport était la survenance de plus d’attaques terroristes et moins de décès, car environ 7.142 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes en 2021, une légère diminution par rapport à 2020, soit une diminution d’un tiers depuis 2015, tandis que le rythme des attaques, qui a bondi de 17% pour atteindre 5.226 attaques l’an dernier, le nombre le plus élevé depuis 2007, lorsque l’Institut pour l’économie et la paix a commencé à enregistrer, ce que le rapport a attribué à la violence dans la région du Sahel africain et à l’instabilité dans d’autres pays.

C’est pourquoi doit-on reconnaître que la propagation du terrorisme reste liée aux conditions sociales et économiques, car les organisations terroristes exploitent la pauvreté et la marginalisation pour recruter de nouveaux membres, comme chez Daech, par exemple, qui promet à la jeunesse européenne mécontente une nouvelle vie et des opportunités, tandis que Boko Haram offre des salaires énormes dans la région du Sahel africain.

Extrême brutalité


La Kalachnikov : symbole de la violence

Il s’est avéré que ces groupes usent d’une extrême brutalité, qui est évidente dans le comportement de l’Etat islamique (Daech) en Irak, pour retenir leurs combattants, qui craignent les conséquences d’une tentative de départ, et pour attirer les violents de toute menace potentielle.

On estime également que pour cette raison, la levée des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19, après trois ans de troubles sociaux et économiques, pouvait entraîner une augmentation de l’activité des groupes terroristes, car l’assouplissement des fermetures et des restrictions imposées à la circulation pouvait conduire à son tour à une escalade du nombre d’attaques, si les problèmes sous-jacents ne sont pas résolus, ce qui conduit à l’extrémisme, car des années d’inégalités et de griefs économiques et sociaux ont contribué à augmenter le taux de chômage chez les jeunes et à accroître le potentiel de propagation de ce phénomène.

Pour rappel, l’indice de l’Institut australien a classé Daech comme l’organisation terroriste la plus meurtrière, indiquant l’expansion de sa portée à travers ses groupes affiliés dans la région du Sahel africain, qui a fait de cette région un centre de la résurgence du terrorisme.

Source de stress

L’étude a mis l’accent sur la région du Sahel, qui comprend le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la Gambie, la Guinée, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Sénégal, pour affirmer qu’elle est « gravement préoccupante », car le nombre de décès dus au terrorisme y a augmenté de plus de 1.000 % depuis 2007, et la moitié des décès dus aux attaques terroristes dans le monde – l’année dernière – se sont produits en Afrique subsaharienne, en particulier dans la région du Sahel.

On relève entre-autre que l’expansion des groupes affiliés à l’organisation Daech a provoqué l’escalade du terrorisme dans de nombreux pays africains du Sahel, notant que la propagation des groupes affiliés à cette organisation et à Al-Qaïda a transformé l’Afrique en « refuge pour les terroristes ».

Cas du Niger

Champ de bataille entre groupes armés et armées locales au Sahel

En ce qui concerne ce pays, il a été confirmé aussi que le nombre de décès dus au terrorisme a doublé au Niger en 2020, pour atteindre 588 personnes tuées, affirmant que les 43% des décès attribués à des groupes islamiques extrémistes tels que « Daech » en Afrique de l’Ouest, au « Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans », à « Boko Haram », et au « Mouvement Al-Shabab », ont eu lieu dans la région du Sahel.

Par ailleurs, le retrait des forces de sécurité et des forces de maintien de la paix américaines et de l’Union africaine n’a conduit qu’au renforcement du mouvement Al-Shabab, la filiale d’Al-Qaïda qui est à l’origine de la plupart des 308 attentats terroristes en Somalie en 2021.

Réflexion

L’idée de la capacité de la société africaine à embrasser les idées religieuses extrémistes qui incubent les mouvements terroristes a été proposée en termes de démantèlement des environnements qui stimulent la future escalade de l’activité terroriste sur le continent, et il est nécessaire de rechercher la relation de la religion à la lutte armée ou à la violence !

Dans ce contexte, il semble bien que la propagation de l’idéologie « djihadiste » depuis le Sahel central au-delà des frontières sud, constitue le moteur permettant d’exploiter et de transformer les frustrations et les injustices qui découlent de ces situations de fragilité. Comme au Sahel central où les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité.

Pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire.

Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent drastiquement l’ampleur de ces fragilités.

Soyez fidèles à nos dossiers « brûlants », nous aborderons très bientôt les « sources de financements des groupes terroristes », et nous reviendrons en détails sur une longue liste de groupes installés dans les pays du Sahel en particulier, et en Afrique en général.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

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