Africa-Press – Niger. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Abdoulaye Seydou, a présidé, le jeudi 6 novembre 2025, à son cabinet, une rencontre d’échanges avec les opérateurs économiques du Niger autour de deux importantes mesures prises lors du Conseil des ministres du 22 octobre 2025. Il s’agit notamment du décret instituant l’obligation d’achat des produits locaux par les institutions et entreprises publiques, ainsi que par toute structure bénéficiant d’un appui financier de l’État. Le second texte est une ordonnance instaurant un quota obligatoire à l’importation pour les produits similaires fabriqués au Niger. Cette ordonnance s’applique à toutes les activités d’importation sur la base d’une liste de produits qui sera définie.
L’objectif de ces échanges était, d’une part, de recueillir les avis et recommandations des acteurs économiques concernant la mise en œuvre de ces deux textes majeurs, et, d’autre part, de leur expliquer les enjeux et les opportunités liés à ces décisions. Cette démarche consultative du ministère du Commerce concerne aussi bien les opérateurs économiques que les autres acteurs de la chaîne de production nationale, en vue de recueillir leurs contributions avant l’application ou l’opérationnalisation de ces mesures. Un exercice qui se poursuivra afin d’impliquer l’ensemble des acteurs de la chaîne.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Abdoulaye Seydou, a assuré que ce processus se fera avec le concours de l’ensemble des acteurs ainsi que la population. « En ce qui concerne l’ordonnance, elle institue des quotas d’enlèvement à l’importation des produits similaires aux produits fabriqués ou produits sur le territoire national. Donc, il s’agit véritablement d’une mesure qui va s’appliquer à une liste de produits, qui sera déterminée par mesures réglementaires, qui sont fabriqués au Niger », a-t-il expliqué.
Selon le ministre en charge du Commerce, quiconque souhaite importer un produit soumis au quota d’enlèvement doit solliciter une autorisation d’importation auprès du ministre chargé du Commerce, après avis des ministres sectoriels concernés. Les modalités de délivrance de cette autorisation sont fixées par voie réglementaire. « On entend par quota d’enlèvement à l’importation la quantité ou le volume de produits à acheter auprès des producteurs locaux à l’occasion de toute opération d’importation de produits similaires suivant une période bien déterminée », a-t-il ajouté.
Le ministre en charge du Commerce a également précisé que l’autorisation d’importation est donnée généralement sur une quantité et sur une période bien précise. Donc le volume, la quantité ou le pourcentage, est précis. « Si vous allez importer par exemple 100 tonnes de riz, avant d’importer 50%, vous serez obligé d’acheter 50% de votre commande au niveau local, c’est-à-dire 50 tonnes », a-t-il dit.
M. Abdoulaye Seydou a prévenu les opérateurs économiques que ceux qui ne respecteront pas ces mesures s’exposent aux sanctions prévues. Il a précisé que l’article 3 prévoit une amende de 10 millions à 100 millions de francs CFA, sans préjudice des poursuites judiciaires, du paiement des droits et taxes dus, ainsi que de la confiscation du surplus du quota autorisé. Il a également indiqué que la liste des produits concernés et les quotas d’enlèvement pour chaque produit seront déterminés par un arrêté conjoint du ministre du Commerce et de l’Industrie et du ministre de l’Économie et des Finances.
S’agissant du décret portant obligation d’achat des produits locaux, le ministre a expliqué que cette mesure oblige toutes les institutions publiques à privilégier les produits locaux, en tant qu’acteurs industriels. « Ce décret s’applique aux administrations publiques, aux entreprises publiques et aux organismes recevant des subventions de l’État ou de ses démembrements », a-t-il précisé. Ainsi, a poursuivi le ministre du Commerce, conformément à l’article 2 de ce décret, il est interdit aux administrations, entreprises publiques et organismes subventionnés par l’État ou ses démembrements de passer des commandes, que ce soit sur facture ou via un marché public, de produits d’origine étrangère, sauf en cas d’indisponibilité avérée de produits locaux similaires.
M. Abdoulaye Seydou a dit qu’à partir de la promulgation de ce décret et des instruments de sa mise en œuvre, les institutions publiques auront l’obligation, soit par facture ou commande, via les marchés publics, d’acheter les produits locaux. On entend par produits locaux les produits fabriqués au Niger. Le ministre du Commerce et de l’Industrie et le ministre de l’Economie et des Finances fixeront la liste des produits locaux qui seront concernés », a-t-il indiqué.
Les motivations du gouvernement dans la prise de ces décisions
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Abdoulaye Seydou, a rappelé que cette démarche est inscrite dans la vision du Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, dont l’objectif est l’indépendance et la prospérité du Niger et qui fait de la souveraineté économique un axe majeur, un axe stratégique. « L’axe 3 de cette vision est le développement des bases de production pour une souveraineté économique. Le Chef de l’Etat l’a dit lors de sa dernière visite au Mali et au Burkina, pour la réussite de cette refondation, il n’y a pas d’autre chemin à prendre que celui de la révolution. La révolution suppose révolutionner notre système économique. Révolutionner notre système de défense, éducatif et industriel », a-t-il expliqué.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie a dit qu’une véritable indépendance est d’abord économique en minimisant l’importation. « Lorsqu’on a demandé à Sankara ce qu’est l’impérialisme, il disait que l’impérialisme ce sont les grains de riz que vous mangez quotidiennement. Donc si vous voulez combattre l’impérialisme, il faut commencer à produire, transformer et consommer local », a-t-il rappelé.
M. Abdoulaye Seydou a rappelé que le Niger dispose des moyens et des possibilités de réaliser cet objectif. « Aucun pays au monde ne s’est développé sans passer par un autre chemin que celui-là. Il faut aimer ce que nous sommes, aimer notre identité, aimer nos produits locaux car nos produits n’ont rien à envier aux produits que nous importons », a-t-il estimé.
En résumé, selon le ministre du Commerce et de l’Industrie, cette vision ne sera une réalité que lorsque le peuple lui-même prend conscience des enjeux et continue de jouer sa partition. Il a assuré que ces mesures seront appliquées sans aucune faiblesse.
Pour leur part, les opérateurs économiques ont apprécié cette politique qui encourage le développement endogène qui consiste à investir dans la production locale, de transformer ces produits sur place afin qu’ils soient consommés localement. Ils ont suggéré au gouvernement de continuer sa lutte contre la fraude afin de protéger les marchés locaux tout en saluant cette initiative anticipative du gouvernement qui est une opportunité pour développer l’économie nationale.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press





