Africa-Press – Niger. En février dernier, lʼInstitut de recherche de lʼagriculture biologique (FiBL) a publié la 25ème édition de son annuaire « The World of Organic Agriculture ». Ce rapport de référence dresse un état des lieux de la situation mondiale de l’agriculture biologique en se basant sur des enquêtes réalisées dans 188 pays. Voici les 5 principales conclusions à retenir pour le continent africain.
1) Les superficies ont atteint un niveau record en 2022
En Afrique, la superficie globale consacrée à l’agriculture biologique s’est établie à 2,7 millions d’hectares en 2022, soit un niveau en progression d’une année sur l’autre de 5 % ou 128 000 hectares. Au total, le FiBL souligne que les surfaces ont augmenté de plus de 1,5 million d’hectares par rapport à 2012.
Cette progression est à mettre en lien avec la dynamique mondiale marquée par une forte croissance des surfaces de 26,6 % à 96,3 millions d’hectares en 2022. En termes d’importance, c’est l’Océanie (53,2 millions ha) qui occupe le premier rang, suivi par l’Europe (18,4 millions ha), les Amériques (13,1 millions ha) et l’Asie (8,8 millions ha). Sur le continent africain, la production agricole biologique est l’apanage de plus de 975 000 exploitants, soit 20 % de l’effectif mondial.
2) L’Ouganda est le leader africain
En Afrique, c’est l’Ouganda qui est le numéro un du marché des produits agricoles biologique avec 505 308 ha. Le pays qui est le premier exportateur africain du café abrite aussi le second effectif le plus important d’exploitants actifs sur ce segment au monde derrière l’Inde avec plus de 400 000 personnes.
Le pays est suivi par deux autres nations de la région est-africaine que sont la Tanzanie (313 231 ha) et l’Ethiopie (238 146 ha). La Tunisie (227 582 ha) est le premier pays d’Afrique du Nord tandis que l’Afrique de l’Ouest est principalement représentée par la Sierra Leone (194 684 ha) et le Togo (158 581 ha). Plus globalement sur le continent, c’est São Tomé-et-Príncipe qui affiche la plus importante proportion de sa surface agricole totale dédiée à l’agriculture biologique avec 21 %.
3) 550 000 tonnes de produits exportés
En 2022, le continent africain a exporté plus de 555 000 tonnes de produits agricoles vers l’UE et les USA, soit 11 % des exportations totales vers ces destinations. Au total, entre 2018 et 2022, les envois de marchandises du continent vers l’UE et les USA ont grimpé de 90 % selon le FiBL. Sur ladite période, le soja et les produits dérivés ont été les produits agricoles les plus exportés avec 195 000 tonnes soit plus du tiers du total des cargaisons. Cette catégorie est suivie par les huiles végétales (62 000 tonnes) et la banane (41 000 tonnes). S’agissant des principaux exportateurs, c’est le Togo qui occupe la première place (plus de 160 000 tonnes, dont 97 % de soja), la Tunisie (59 000 tonnes principalement de l’huile d’olive) et l’Égypte (41 000 tonnes principalement la pomme de terre et les oignons).
D’une manière générale, le FiBL indique que le marché a atteint près de 135 milliards dʼeuros en 2022 avec pour trio de tête les USA (56,6 milliards dʼeuros), lʼAllemagne (15,3 milliards dʼeuros) et la Chine (12,4 milliards dʼeuros). Entre outre, la Suisse est le pays qui affiche la plus importante consommation de produits alimentaires bio par habitant (en moyenne 437 euros par an) alors que le Danemark détient le record de la part la plus élevée du biologique, soit 12 % du marché alimentaire total.
4) Les cultures destinées à l’exportation dominent les emblavures
En Afrique, la surface agricole biologique est principalement répartie entre les denrées orientées vers l’exportation. Il s’agit principalement du cacao (312 857 hectares) provenant essentiellement de la Sierra Leone et la RDC, le café (264 488 hectares) d’Éthiopie et les noix biologiques (257 737 hectares) principalement du Kenya, du Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
5) Un cadre réglementaire en évolution, mais à un rythme encore faible
Si le continent africain affiche une bonne dynamique de croissance de l’agriculture biologique, le FiBL indique que le secteur gagnerait encore plus avec l’accélération de la mise en place d’un environnement réglementaire et institutionnel. Actuellement, 5 pays africains ont des législations sur l’agriculture organique alors que 5 autres sont dans le processus de rédaction. La démarche la plus récente est celle de la Tanzanie où une Stratégie nationale pour l’agriculture biologique écologique (NEOAS) a été lancée en 2023.
D’un point de vue continental, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine ont convenu en 2011 d’intégrer l’agriculture biologique dans les programmes et politiques des plans nationaux d’ici 2025. Cette décision a conduit à la mise en œuvre ultérieure d’une initiative continentale pluriannuelle sur l’agriculture biologique écologique (EOAI) soulignant l’importance politiquement reconnue de l’agriculture biologique et durable en Afrique.
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