Africa-Press – Niger. Lorsque les dernières troupes françaises ont quitté le Mali, elle n’est pas rentrée chez elle. Ils ont traversé la frontière pour se rendre au Niger.
Des mois après un vote de l’Assemblée nationale autorisant le déploiement des troupes de Barkhane dans ce pays, la question continue de diviser l’opinion nationale.
Après les eurodéputés, les acteurs de la société civile vivent les débats avec des avis différents.
»La présence de la force française empêche toute collaboration possible mais pourtant indispensable entre le Mali et le Niger dans le cadre de la lutte contre l’insécurité », affirme Souley Abdoulaye.
Il est le coordinateur du mouvement M62, qui a relancé ce débat controversé en annonçant une marche pour exiger le retrait des troupes françaises du Niger.
La marche a été interdite par les autorités, mais ses initiateurs ont choisi une autre tactique : ils ont lancé une pétition pour promouvoir leur cause.
Il faut recueillir 10 000 signatures avant que la pétition puisse être examinée par les autorités.
Souley Abdoulaye justifie l’approche du M62 par la détérioration de la situation sécuritaire au Niger.
Il doute que la présence de Barkhane soit une bonne option : « Si la solution telle que nous essayons de la définir et essayons de l’imposer au Niger était une solution efficace, le Mali serait en paix.
Nous doutons sérieusement que la vocation de la présence française au Niger soit de lutter efficacement contre les terroristes », conclut-il.
Pour le Coordonnateur du M62, la sécurisation du pays doit être l’apanage exclusif des Forces de défense et de sécurité nigériennes.
»Il n’y a aucune force qui peut mieux assurer notre sécurité, qui peut mieux défendre notre territoire que nos forces de défense et de sécurité.
Il suffit tout simplement que nos autorités aient confiance en ces forces de défense et de sécurité, les dotent de moyens dont elles ont besoin et qu’elles aient la latitude elles-mêmes de définir leurs stratégies. »
Mais son avis sur la présence de la force Barkhane ne fait pas l’unanimité au sein de la société civile du Niger.
« La formation militaire ne se fait pas en ligne sur le net «
Laouali Sayabou, président du Réseau des ONG pour le développement et les droits de l’homme (RODADD), estime que le vote des députés nationaux en faveur du déploiement de l’armée française dans le pays reflète l’opinion de la population, qui doit être protégée des attaques des armées groupes.
»C’est l’Etat du Niger qui a demandé, ce n’est pas la force Barkhane qui est venue comme une force d’occupation et il a demandé pour sécuriser les populations et que désormais le Commandant en chef, c’est son excellence Mohammed Bazoum. C’est lui qui doit donner des ordres, qui doit exprimer ses besoins. La France est là pour appuyer. »
Laouali Sayabou voit la France comme un partenaire stratégique du Niger dans la lutte contre le terrorisme et considère donc la présence de la force Barkhane plus que nécessaire. Il cite l’ampleur de la menace djihadiste comme principale raison.
»Aujourd’hui tout se réalise dans le cadre de la coopération internationale. Ce sont des négociations et nous, nous avons négocié avec la France un appui. Et l’appui; il est en formation. On ne peut pas faire une formation en ligne, la formation militaire ne se fait pas en ligne sur le net. La formation militaire ne se fait pas virtuellement, il faut une présence physique », explique-t-il.
Après la fin de leur mission au Mali liée aux tensions entre la France et les autorités intérimaires à Bamako, la force Barkhane a été transférée au Niger.
Le pays a récemment été la cible d’attaques de groupes armés dans des zones proches des frontières avec le Mali et le Burkina Faso.
Cependant, des voix contradictoires au sein de la société civile sur la présence des troupes françaises au Niger, malgré l’approbation des autorités, ont mis sur la table l’incertitude quant à la durée de leurs opérations.
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