Accès à l’Eau et Assainissement à Maradi

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Accès à l'Eau et Assainissement à Maradi
Accès à l'Eau et Assainissement à Maradi

Africa-Press – Niger. Dans la commune de Gabi, département de Madarounfa, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement transforme radicalement le quotidien des villageois. De la lutte contre les maladies à la redécouverte de la dignité, chaque goutte d’eau et chaque latrine construite symbolisent un progrès essentiel pour la santé et le bien-être des communautés. Cette entité administrative a bénéficié de plusieurs réalisations. Parmi ces réalisations, la mise en place d’une Mini-Adduction d’Eau Potable multi-villages à Dan Taro, financée par le Fonds Danois. Ce dispositif répond durablement aux besoins en eau des ménages, tout en apportant une solution adaptée aux urgences générées par les mouvements de populations.

En effet, la situation constitue un obstacle majeur à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. Pour y remédier, l’État a élaboré des politiques sectorielles destinées à améliorer l’accès à l’eau potable et à mettre fin à la défécation à l’air libre. Dans ce cadre, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et ses partenaires accompagnent le gouvernement du Niger à travers l’installation de dispositifs d’adduction d’eau potable, la construction d’infrastructures d’assainissement et la promotion de bonnes pratiques d’hygiène.

Accès à l’eau potable et dignité retrouvée

Il est 11h 30 mn, le soleil brille intensément à Dan Taro. Des cris d’enfants résonnent près d’une borne-fontaine. Rires éclatants, des éclaboussures tout autour de la fontaine, tintement des bidons en caoutchouc qui s’entrechoquent en cette journée de vendredi 1er août 2025. Ici, dans ce village de la commune de Gabi, l’eau n’est plus une corvée insurmontable, mais une véritable source de vie partagée. L’odeur de terre mouillée flotte autour du robinet, chaque goutte tombant sur le sol dégage un parfum éphémère, évoquant la promesse d’une pluie longtemps attendue.

Sous un petit hangar à moitié ombragé, Elhadj Sadou Moussa, chef du village, se remémore, la voix empreinte de gravité: « Nous buvions une eau trouble, parfois verdâtre. Les puits servaient à tout. Nous y jetions les déchets, et puisions sans souci. Les enfants tombaient souvent malades et le choléra revenait avec une régularité cruelle. Nous vivions dans la peur, chaque gorgée d’eau étant un risque ». À ses côtés, une vieille femme hoche la tête en silence, ses yeux perdus dans le souvenir de ces temps d’angoisse.

Aujourd’hui, le contraste est saisissant. La borne-fontaine libère une eau limpide, fraîche sous la chaleur accablante. Le bidon se remplit dans un clapotis apaisant, presque musical. Le déficit en eau potable et en infrastructures d’assainissement favorise l’apparition et la propagation de maladies telles que le choléra, la diarrhée ou la fièvre typhoïde. Chez les enfants, il entraîne également une aggravation de la malnutrition, un retard de croissance et dans les cas les plus graves, le décès.

Pour remédier à cette situation qui constitue un frein majeur à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, l’État a élaboré des politiques sectorielles visant à améliorer l’accès à l’eau potable et à mettre un terme à la défécation à l’air libre.

Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et ses partenaires soutiennent le gouvernement dans la mise en œuvre de ces politiques, notamment à travers l’installation de dispositifs d’adduction d’eau potable, la construction d’infrastructures d’assainissement et la promotion de bonnes pratiques d’hygiène. Dans la région de Maradi, le département de Madarounfa a ainsi bénéficié de nombreuses réalisations dans le cadre de cet appui.

Une Mini-Adduction d’Eau Potable multi-villages à Dan Taro, une réponse durable à la pénurie d’eau

Grâce au financement du Fonds Danois, une Mini-Adduction d’Eau Potable (AEP) multi-villages a été mise en place à Dan Taro, dans la commune rurale de Gabi. Ce dispositif vise à répondre durablement aux besoins des ménages en eau potable, tout en apportant une solution adaptée aux urgences générées par les mouvements de populations. Tchima Issoufou, une mère dynamique, dépose son récipient en plastique jaune et essuie la sueur qui perle sur son front. Elle sourit, les mains encore humides. « Avant, descendre le seau au fond du puits, le remonter, recommencer sans fin, constituaient notre train-train quotidien. C’était épuisant. L’eau avait souvent une odeur de vase. Aujourd’hui, je tends simplement mon récipient et, en quelques minutes, je le vois se remplir d’eau potable. C’est comme si un fardeau invisible m’avait été retiré », se réjouit-elle. Autour d’elle, d’autres femmes échangent des nouvelles, profitant de ce moment devenu un rituel collectif. La fontaine est devenue un lieu de rencontres et d’échanges, où les nouvelles circulent au même rythme que les récipients.

De l’assainissement à la santé

Une vieille dame dénommée Hadjara Adamou, arrivée ici après avoir fui son village d’origine, observe ses enfants qui s’éclaboussent. Leurs éclats de rire percent l’air sec. Son soupire exprime à la fois un soulagement et un sentiment de profonde émotion. « Là-bas, nous tirions l’eau à mains nues, parfois avec l’aide des ânes. Chaque goutte se méritait au prix de la fatigue. Ici, même un enfant peut ramener de l’eau propre. Ce simple geste nous redonne une dignité que nous avions perdue », se souvient-elle avant de rappeler que le son régulier de l’eau qui coule contraste avec le souvenir des cordes rêches qui brûlaient les paumes au fond des puits.

Pour M. Ibrahim Mamane, responsable de la Division des Infrastructures Hydrauliques à Maradi, ne cache pas sa satisfaction en expliquant, d’abord, que le champ de captage de la Mini AEP de Dan Taro se trouvant au village de Daourawa dessert sept (7) villages totalisant 10.500 personnes, soit environ 1.500 ménages dont les réfugiés et les déplacés internes composés d’habitants des hameaux qui se sont réunis à cause de l’insécurité. Elle a été réceptionnée en 2024. En termes de stockage, la Mini AEP multi-villages de Dan Taro a un réservoir d’une capacité utile de 100 m3 surélevé de 12 mètres en vue d’alimenter les villages dans des meilleures conditions de pression. « La réalisation composée d’un réservoir de 100 m3, des conduites de seize kilomètres, vingt-quatre bornes-fontaines, des écoles et un centre de santé alimentés. Ce réseau est conçu pour durer au moins jusqu’en 2035 », explique-t-il. Ses propos techniques résonnent concrètement dans la sérénité nouvellement acquise des villages. Derrière les chiffres se cachent les cris joyeux des enfants désaltérés, les rires des femmes soulagées, et les nuits paisibles des familles n’ayant plus à craindre les maladies liées à l’eau.

L’eau et l’hygiène changent la vie aux villages par l’initiative Marketing de l’assainissement

Pour mettre fin à la défécation à l’air libre, le gouvernement a adopté l’Approche l’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC), appuyée dans la région de Maradi par l’UNICEF et le Fonds DGIS des Pays-Bas. Ensemble, ils soutiennent les communes de Safo, Sarkin Yamma, Djiratawa, Gabi et Madarounfa à travers le Marketing de l’assainissement, une stratégie qui promeut l’usage et l’entretien des latrines hygiéniques grâce à des subventions et à un réseau local de vente de produits (dalles, tuyaux Sato, seaux, bouilloires, etc.).

Au village de Alapta dans la commune de Djiratawa, M. Ousseini, agent de vente de l’opérateur Bamo, explique l’activité. « Nous sensibilisons les familles sur les avantages des matériaux et nous les accompagnons, avec un maçon qualifié, pour la construction des latrines. Depuis le lancement de la promotion, nous avons vendu plus de 200 produits avec une subvention d’environ 50 % », déclare-t-il.

Cependant, l’accès à l’eau potable n’est qu’un aspect de cette transformation. Dans les villages voisins, l’air du soir ne porte plus le bruit discret des pas qui s’éloignent dans la brousse pour satisfaire un besoin naturel. Ce silence a été remplacé par le claquement des portes de latrines. Toujours à Alapta, une odeur de savon flotte à la sortie d’une petite construction en banco. Le Chef de ménage Chaibou Abdou en est fier. « Auparavant, mes enfants souffraient sans cesse de diarrhée. Aujourd’hui, la latrine protège leur santé. J’y veille avec soin. C’est un lieu de respect », martèle-t-il. À l’intérieur, une dalle propre, une bouilloire en plastique utilisée pour les toilettes posée dans un coin. Rien d’extraordinaire à première vue, mais pour lui, c’est une véritable révolution silencieuse. Déjà, 12 opérateurs, 30 commerciaux et 48 maçons ont été formés dans les communes ciblées, prêts à booster l’offre locale et à insuffler une nouvelle énergie dans le secteur.

Les tarifs du matériel se situent généralement entre 3 000 et 8 000 francs CFA. Pour alléger la charge des ménages, des formules de paiement souples sont proposées, règlement en plusieurs tranches, voire troc pour les familles les plus fragiles. Cette souplesse, loin d’être anecdotique, constitue l’un des atouts majeurs du programme. Elle permet à des foyers souvent exclus pour des raisons financières, d’y accéder malgré des ressources limitées.

Vers un avenir meilleur

Non loin, Sabiya Garba accueille le visiteur dans sa demeure en montrant la latrine de son foyer. Ses paroles sont empreintes d’émotion. « Aller en brousse était une humiliation, surtout pour les femmes. Nos enfants grandissaient sans pudeur, exposés aux maladies et aux regards. Désormais, chacun a un lieu sûr. Nous avons également installé du savon pour nous laver les mains: c’est une nouvelle manière de vivre », se réjouit-elle. Le parfum du savon se mêle à l’air chaud du soir, tandis que le murmure des familles réunies autour des lampes solaires accompagne cette impression d’ordre et de dignité retrouvés.

Il faut noter que dans la région de Maradi, chaque jet d’eau claire et chaque latrine construite portent la même promesse, celle de protéger la santé, restaurer la dignité, libérer les femmes d’un fardeau séculaire et offrir aux enfants des perspectives d’avenir. Ce n’est pas seulement une question de tuyaux ou de dalles, mais le signe d’une renaissance lente et profonde, portée par l’eau, le savon et la volonté de bâtir un avenir digne.

 

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