Mobilité Urbaine à Niamey: Rond-Point Wadata en Crise

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Mobilité Urbaine à Niamey: Rond-Point Wadata en Crise
Mobilité Urbaine à Niamey: Rond-Point Wadata en Crise

Africa-Press – Niger. Chaque pluie à Niamey transforme le rond-point Wadata en un véritable piège pour les automobilistes,les motocyclistes et même les piétons. Situé au cœur d’un carrefour stratégique reliant Talladjé, le marché Wadata, l’écogare de Niamey, le village artisanal et plusieurs quartiers densément peuplés, ce point de passage névralgique et vital devient impraticable, au grand désarroi des usagers.

Le matin du 3 septembre 2025, correspondant au lendemain d’une pluie abondante, le spectacle est saisissant. Le côté du rond-point menant vers Talladjé s’est transformé en une petite rivière. Des enfants, insouciants, s’y baignent gaiement tout en servant de guides improvisés pour les conducteurs contraints d’avancer à pas de tortue, redoutant les nids-de-poule dissimulés sous l’eau. Le service de guides improvisés est accompli en espérant avoir auprès des usagers des espèces sonnantes et trébuchantes.

Les quatre accès au rond-point sont engloutis, rendant ainsi la circulation infernale: embouteillages monstres, longues files de véhicules immobilisés, coups de klaxon incessants, piétons obligés de patauger dans la boue pour rejoindre le marché. La confusion a atteint son paroxysme ici: on ne distingue plus le trottoir de la chaussée. Dans le marché de légumes, notamment sur l’axe venant de la Polyclinique Layiha, les flaques d’eau boueuse bloquent l’accès, décourageant ainsi de nombreux clients.

Pour les commerçants du marché Wadata, cette situation récurrente est une catastrophe économique. Hafissou Hima, revendeur de bijoux et de cosmétiques installé depuis 1982, en témoigne avec amertume: « Quand il pleut, c’est un cauchemar pour nous. Les clients n’osent pas braver la boue et l’eau stagnante. Il m’arrive de ne rien vendre, donc de ne pas assurer les dépenses quotidiennes de ma famille. L’eau reste parfois plus d’une semaine. Hier encore, un véhicule de transport en commun rempli de bagages s’est renversé au milieu du rond-point à cause des trous invisibles dans l’eau. Nous sollicitons des autorités municipales au moins le curage des caniveaux pour faciliter l’écoulement ».

Une circulation paralysée et des risques accrus

Au-delà du ralentissement des échanges commerciaux, impactant de facto l’économie locale, c’est toute la mobilité urbaine qui est affectée. Fatouma Tahirou, employée au village artisanal de Wadata, témoigne en ces termes: « En temps normal, il me faut deux minutes pour venir au marché, mais après la pluie, je mets quinze minutes en contournant les flaques d’eau. C’est le stress pour tout le monde: piétons, conducteurs, motocyclistes. Les caniveaux sont bouchés, et parfois ce sont les habitants eux-mêmes qui aggravent la situation avec des digues improvisées ou des constructions anarchiques ».

Les taximen, eux, paient le prix fort en termes de dégâts matériels. Laouali Yahaya, conducteur de taxi, n’oublie pas cette route cauchemardesque: « Nous sommes obligés de passer par là, mais c’est la galère qui accueille les usagers. La mairie a récemment réalisé des travaux de remblayage, mais le calvaire des usagers reste entier, c’est-à-dire sans être résolu. Beaucoup d’accidents sont enregistrés à ce niveau et nous avons des pannes à répétition. Mes collègues et moi dépensons énormément dans la réparation de nos véhicules à cause de l’impraticabilité des routes de Niamey dont celle de Wadata qui est l’illustration la plus achevée du calvaire que vivent les usagers ».

Un problème ancien qui s’aggrave

Le problème n’est pas nouveau. Depuis plusieurs décennies, le rond-point Wadata est connu comme un point critique pendant la saison pluvieuse. L’absence d’entretien régulier des caniveaux, le manque de drainage adapté et l’urbanisation incontrôlée sont autant de facteurs qui aggravent chaque année la situation. Impuissants face à ce problème récurrent, les usagers et la population se resignent et continuent a être résilients malgré eux en attendant des lendemains meilleurs.

Face à ce calvaire, les usagers et les riverains n’ont qu’un seul message: agir rapidement. Le manque de curage des caniveaux est sur toutes les lèvres parce qu’il reste et demeure la solution immédiate, en attendant des travaux plus structurants. Car au-delà de la gêne, c’est la sécurité des citoyens et l’économie locale qui sont menacées. Si rien n’est fait, le rond-point Wadata risquerait de rester encore longtemps un cauchemar collectif pour les habitants de la capitale et un symbole de mobilité urbaine à haut risque.

 

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