Africa-Press – Niger. Si l’union, fait la force, Mnemiopsis leidyi, petit invertébré marin, prouve que la fusion fait la survie. Kei Jokura (Université de Exeter, Grande-Bretagne, Institut de Sciences Naturelles d’Okazaki, Japon) et ses collègues ont découvert totalement par hasard le super-pouvoir de cet animal. Ils publient leur découverte dans le numéro de Current Biology du 7 octobre 2024.
Mnemiopsis leidyi est un cténophore ou cténaire, une sorte de méduse dépourvue de dards urticants de quelques centimètres de long dont on compte 150 espèces réparties dans toutes les mers du globe, principalement dans les zones côtières peu profondes. Comme tous ses pairs, Mnemiopsis leidyi est un organisme marin ovoïde constitué de six lobes et carnivore. Extrêmement vorace, il se nourrit essentiellement de plancton, mais ne refuse pas de mettre des artémies (des petits crustacés) à son menu.
Une inspiration pour James Cameron
L’animal se déplace grâce à des cils implantés sur toute sa longueur et constitue une espèce particulièrement invasive. Transparents et fortement réfléchissants, ils auraient inspiré le réalisateur James Cameron pour certaines créatures de son film Abyss.
A l’origine, les chercheurs conservaient plusieurs individus nageant paisiblement dans un réservoir d’eau de mer de leur laboratoire. Un beau jour, ils ont eu la surprise de remarquer la présence d’un individu plus gros que les autres et possédant deux extrémités postérieures et deux faces avant. Comme si l’animal s’était dédoublé.
En réalité, les biologistes se sont demandés s’il n’était pas le résultat de la fusion de deux cténaires blessés. Pour en avoir le cœur net, ils ont incisé une partie des lobes d’autres individus et les ont isolés par groupe de deux. Effectivement, leur intuition était juste.
Deux bouches, un système digestif, deux anus
Neuf fois sur dix, les individus blessés ont fusionné pour ne plus en faire qu’un. Une stratégie permettant de prolonger leur survie d’au moins trois semaines, ont-ils évalué. Pour accomplir ce tour de force, quelques heures suffisent. Les cténaires fusionnent alors leur système nerveux, sans que la moindre trace de séparation ne soit apparente.
Jusqu’à la première heure de la fusion, les deux cténaires possèdent encore des mouvements spontanés différenciés. Mais en moins de deux heures, la fusion est quasi totale à 95%. Leurs contractions musculaires sont devenues totalement synchrones et leurs deux systèmes digestifs ne font plus qu’un. Lorsque l’une des deux bouches avale une artémie, la nourriture transite par ce canal fusionné avant d’être digérée. Les déchets sont ensuite rejetés par les deux anus, pas forcément en même temps.
Un résultat qui suggère que le système immunitaire de ces animaux est dépourvu d’un processus d’alloreconnaissance lui permettant de reconnaître le soi du non-soi. Les chercheurs espèrent dévoiler les mécanismes moléculaires à l’œuvre pour éventuellement en tirer des enseignements sur l’immunité des greffes et la régénération tissulaire.
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