Africa-Press – Niger. Avec ses huit bras, la pieuvre semble pouvoir faire quantité de choses. Mais lesquelles précisément? Des scientifiques américains ont établi un répertoire de tous les comportements gestuels de cet étonnant céphalopode. Ils publient leurs résultats dans la revue Scientific Reports. Pour ce faire, ils ont analysé 25 vidéos enregistrées entre 2007 et 2015 dans l’océan Atlantique ou dans la mer des Caraïbes de pieuvres se livrant à diverses contorsions. Pieuvres qui étaient soit des espèces communes (Octopus vulgaris) soit appartenant à des espèces proches des Octopus insularis ou des Octopus americanus.
L’agilité et la flexibilité de ces animaux marins est déjà bien connue. Sans parler de leur intelligence hors norme et de leurs facultés de raisonnement et de mémorisation. De nombreuses expériences ont déjà démontré la stupéfiante dextérité avec laquelle les pieuvres pouvaient manipuler avec précision des objets et, par exemple, ouvrir ou dévisser un récipient pour y récupérer de la nourriture. Pas étonnant avec autant de bras, chacun doté de son propre système nerveux, la pieuvre ayant donc un cerveau central relié à huit cerveaux secondaires !
15 aptitudes différentes
Et, justement, les travaux de Chelsea Bennice, du laboratoire de biologie marine (Boca Raton, Etats-Unis), et de ses collègues ont consisté à dresser un catalogue des vastes potentialités offertes par ces appendices pour accomplir des tâches complexes. En tout, ils ont dressé une liste d’une quinzaine de comportements (voir la vidéo ci-dessous). Se défendre et impressionner un adversaire, avec la posture dite du « parachute », ses huit bras largement déployés pour faire paraître la pieuvre plus massive. Ou celle de la « roulade », au cours de laquelle l’animal enroule ses bras arrière sous elle pour lui permettre de progresser sur le sol à la manière d’un tapis roulant. Ou encore celle du « pilotis », les bras en extension pour élever son corps.
Ce faisant, ils ont été capables de discriminer l’usage de chacun des membres. Ainsi, la pieuvre est capable de déformer, soit en le pliant, l’allongeant, le raccourcissant ou le tordant, n’importe lequel de ses appendices. Mais elle utilise plus fréquemment – 64% du temps – ses quatre bras avant que ses quatre bras arrière (36%). Grâce aux premiers, elle peut palper et explorer son environnement proche, tandis que les autres lui servent essentiellement à se déplacer.
4 cerveaux, 800 nez, 800 pieds
De plus, lorsqu’il s’agit d’allonger ou de contracter un de ses bras pour attraper et ramener une proie, l’animal le fait essentiellement de sa base, tandis que pour la saisir, ce sera la pointe qu’elle courbera. Pour l’assister dans cette tâche de préhension, tous les bras sont équipés d’une centaine de ventouses. Chacune d’entre elles est, selon l’un des auteurs de l’étude, « un capteur chimio-tactile de génie aussi sensible que le nez, les lèvres et la langue humaines réunis. »
L’animal n’a donc pas seulement quatre cerveaux mais aussi 800 nez et bouches ! Des capteurs ultrasensibles utilisés occasionnellement par le céphalopode pour progresser sur « la pointe des pieds » ainsi que les chercheurs ont baptisé ce comportement, en ne posant qu’une ventouse à la fois sur le sol. Rajoutez donc 800 pieds à l’animal…
Par cet inventaire extrêmement varié, les scientifiques viennent de démontrer que la pieuvre, à l’instar des primates notamment, utilise très spécifiquement ses membres pour l’accomplissement de tâches dédiées. Des connaissances sur la flexibilité et l’éventail des possibilités conférées par les huit bras de la pieuvre qui devraient, selon eux, servir de « bio-inspiration » aux concepteurs de robots mous.
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