Lutte Contre La Malnutrition À Maradi Avec Des Solutions Locales

1
Lutte Contre La Malnutrition À Maradi Avec Des Solutions Locales
Lutte Contre La Malnutrition À Maradi Avec Des Solutions Locales

Africa-Press – Niger. Dans la région de Maradi, la malnutrition frappe encore durement. Mais, grâce à des initiatives locales soutenues par le gouvernement et ses partenaires, des habitants de certains villages retrouvent goût à la terre, la nourriture est disponible et l’espoir renait. De la récupération des terres, du maraîchage, des banques de céréales, des foyers nutritionnels et des farines fortifiées, chaque action transforme la vie quotidienne des familles. Avec l’appui du Programme Alimentaire Mondiale et de l’UNICEF, le gouvernement intensifie ses actions pour renforcer la résilience des communautés dans la région. Financé par le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement (BMZ), le Partenariat pour la Résilience au Sahel (PRS) mise sur des solutions locales et durables pour lutter efficacement contre la malnutrition.

À Dogon Tapki dans le département de Dakoro, les étendues arides se couvrent aujourd’hui de végétation grâce à la technique des demi-lunes. Ainsi, 310 ménages ont bénéficié de ce programme de récupération de terres qui a permis de valoriser 101 ha. Selon Abdou Idi, chef de village, avant la mise en place de cette initiative, certaines personnes, en raison de la fragilité de leur situation, se voyaient contraintes de mettre leurs terres en gage et de partir chercher du travail ailleurs afin de subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles. Grâce à cette activité génératrice de revenus, plusieurs chefs de ménage ont pu récupérer les terres. « Avant, cet espace était totalement dénudé, vide de toute vie végétale. Maintenant, c’est comme une forêt », s’émerveille, le chef du village. Chaque participant reçoit 32 500 FCFA par mois, ce qui a permis à certains de récupérer des champs hypothéqués ou d’acheter du bétail. « Cela a changé notre quotidien. Nous pouvons nourrir nos familles et subvenir à nos besoins », se réjouit-il.

Valorisation du maraîchage et sécurité alimentaire à Guidan Gamaou Karama

À quelques kilomètres, le site maraîcher de 5,2 ha de Guidan Gamaou Karama illustre la complémentarité des actions. Il dispose d’un forage ayant une capacité de production quotidienne estimée à 40 m3. On y dénombre 168 travailleurs, chacun exploitant a une parcelle individuelle de 160 m2. D’après l’expert horticole Ichaou Magougou Mahamane, l’aménagement comprend une clôture en grillage ainsi qu’un puits foré à 111 m de profondeur. Le dispositif est doté d’une pompe solaire immergée, alimentée par un champ photovoltaïque, ce qui permet une production continue tout au long de l’année. Chaque cycle de culture, d’une durée de trois (3) mois, génère en moyenne trois (3) tonnes de légumes. Parmi les principales spéculations cultivées, on trouve le moringa, le gombo, le manioc, la laitue, la tomate et divers autres légumes à forte valeur nutritive. Mme Mari Abdou, bénéficiaire, dit: « nous produisons, consommons et nourrissons nos enfants avec ces légumes variés. Cela change tout dans notre alimentation ».

Une banque céréalière a été mise en place pour résoudre le problème de disponibilité en période de soudure où la précarité alimentaire reste critique. La Banque de soudure alimentaire a été mise en place en 2022 et répond à ce besoin. « La vente de céréales se fait tous les quinze jours et à un prix inférieur à celui du marché », explique M. Assoumane Ibrahim, membre du comité de gestion. Mme Nana Amadou, mère de famille qui est venue acheter du mil, affirme: « Avant, je devais parcourir de longues distances pour acheter du mil. Aujourd’hui, j’économise et je n’ai plus à me déplacer ».

Le Foyer d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARN) de Guidan Gamaou Karama

Le FARN aide les mères à mieux nourrir leurs enfants. Les mères y apprennent à préparer des bouillies nutritives avec des produits locaux comme le mil, les haricots, l’arachide et le sésame. On y dépiste aussi la malnutrition: les enfants malnutris modérés reçoivent un traitement, et les cas sévères sont envoyés au centre de santé. Chaque semaine, les mères se réunissent avec leurs enfants pour apprendre et suivre le traitement. Les relais communautaires et les mamans lumières accompagnent ces activités et font aussi le suivi à domicile pour vérifier l’hygiène et la préparation des repas.

Maman Maigari, relais communautaire, explique: « Les enfants malnutris modérés guérissent généralement en trois semaines grâce à la bouillie que nous préparons avec les produits locaux ».

Maimouna Adamou, maman lumière, témoigne: « avant le FARN, beaucoup d’enfants étaient malnutris. Aujourd’hui, ils sont rares et avec un peu d’aide, ils s’en sortent. Nous avons appris à préparer des repas nutritifs et à bien nourrir nos enfants ». Le FARN permet donc aux familles d’apprendre la bonne nutrition et l’hygiène pour protéger les enfants de la malnutrition.

Production locale de farine infantile fortifiée: un cercle vertueux à Dakoro

À Dakoro, l’Unité de Production de Farine Infantile Fortifiée (UPFIF) transforme chaque jour mil, haricot, arachide et soja en un aliment salvateur pour les jeunes enfants. La production locale de la farine « Garin Yara » atteint jusqu’à 20 tonnes par mois et contribue à la prévention de la malnutrition infantile. Cette unité pilotée par le groupement féminin Aikin Kassa emploie plus d’une dizaine de femmes formées aux techniques de production et aux normes strictes d’hygiène.

Dès l’entrée de l’atelier, le visiteur est frappé par l’hygiène et la propreté des locaux ainsi que le ballet des machines, le cliquetis régulier des moulins, le bruissement des tamis, le froissement des sacs de grains. Les femmes, concentrées, orchestrent chaque étape avec précision, de la torréfaction des arachides au mélange homogène des ingrédients avec le prémix vitaminé. « Nous utilisons mil, haricot, arachide, soja et prémix », explique Amina Dan Salaou, présidente du comité de gestion, en surveillant le flux des sacs qui passent d’une table à l’autre. La farine est conditionnée en sachets de 500 g, vendus à 500 FCFA sur place et revendus à 600 FCFA dans les villes environnantes », explique-t-elle.

Les témoignages des bénéficiaires sont nombreux. M. Amadou Allassane, vendeur ambulant, relève: « j’ai d’abord constaté les bienfaits sur mon fils malnutri. Puis j’ai décidé de vendre cette farine pour aider d’autres enfants et soutenir ma communauté ». Mme Saratou Illo raconte que son enfant, malnutri depuis trois ans, a retrouvé la santé grâce à cette farine. Pour Zeinabou Hassane, la farine est un remède efficace. « Ma fille souffrait de malnutrition modérée, et la farine l’a véritablement remise sur pied », confirme-t-elle.

Multi-micronutriments pour renforcer l’alimentation des tout-petits et prévenir le sevrage

Au Centre de Santé Intégré (CSI) urbain de Mayahi, la lutte contre la malnutrition commence dès le sevrage. Les enfants de 6 à 23 mois reçoivent des poudres de multi-micronutriments (MNP), distribuées sous forme de paquets de 30 sachets par mois. Le chef du centre, M. Kabirou Issoufou Amane, parle de l’impact de l’initiative: « Cette action a considérablement réduit la malnutrition sévère et modérée. Avant, nous avions 110 cas graves par mois, aujourd’hui, à peine 20 cas ». Les témoignages des parents sont tout aussi éloquents. Mme Sahiya Mati, une mère bénéficiaire témoigne de sa satisfaction: « Mon enfant n’a jamais souffert de malnutrition. Cette poudre l’aide à manger avec appétit et à grandir en bonne santé ». Dans cette région où la malnutrition a longtemps été un fléau, la production locale de farine infantile fortifiée symbolise un cercle vertueux, un engagement communautaire porté par des femmes déterminées, des techniques de production rigoureuses et, surtout, des enfants dont la vie est transformée.

Au-delà de Maradi, le Programme Alimentaire Mondial et l’UNICEF soutiennent de nombreuses initiatives dans d’autres régions, améliorant les indicateurs de malnutrition à l’échelle nationale. Ici, dans les villages de Dakoro et Guidan Gamaou Karama, chaque demi-lune, chaque bouillie, chaque sachet de farine infantile raconte une histoire, celle de familles qui reprennent espoir, de communautés qui se reforment, et d’un Niger qui lutte, pas à pas, contre la malnutrition.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here