Africa-Press – Senegal. Deux ans et deux mois avant l’élection présidentielle, le chef d’État sénégalais ignore toujours s’il sera candidat ou pas alors que la Constitution lui interdit trois mandats consécutifs. Un jeu de ni-ni qui met en exergue les doutes et incertitudes qui assaillent son avenir politique.
Pour le Président sénégalais, la question d’une troisième candidature d’affilée à une élection présidentielle est devenue un serpent de mer qu’il semble manier à merveille, avec délectation et prudence pour ne pas lâcher le mot ou la phrase de trop qui trahirait ses intentions. Interpellé récemment par des journalistes français, Macky Sall a encore une fois réussi à ne rien révéler de ses intentions non sans envoyer une pique à l’intention de ses adversaires et partisans un peu trop intéressés par sa décision.
Macky Sall, « jeune » Président de 60 ans et déjà (presque) deux mandats derrière lui, a promis de « traiter le débat en temps voulu » et de ne « jamais poser un acte qui soit antidémocratique ou anticonstitutionnel ». Néanmoins, a-t-il ajouté, il n’est pas question ici et maintenant d’offrir « de la matière aux spécialistes de la manipulation et de l’agitation. J’ai encore un mandat à exercer que le peuple m’a confié ». Mais pour Alioune Tine, président du think tank Afrikajom Center, il semble qu’il se soit passé quelque chose comme un retour d’illusion.
Ultra secret dans ses processus de prise de décisions, minimaliste dans ses propos, adepte de la gouvernance verticale et des consultations politiques par cloisons, Macky Sall est un Président pénible à cerner. Mais les pressions qui s’exercent sur sa personne, venant de son camp et de ses adversaires, vont peut-être s’amplifier au fur et à mesure que l’échéance de février 2024 approche. Il faudra qu’il se détermine autant pour libérer ses partisans que pour éclaircir le jeu politique d’ensemble. Mais est-ce vraiment son souci?
Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall a fait un premier mandat de sept ans sur la base de l’ancienne Constitution. C’est au référendum constitutionnel de mars 2016 qu’il a rétabli le quinquennat. L’ex-Président Abdoulaye Wade avait posé le même débat lors de la présidentielle de 2012. Une lecture juridique particulière du même article 27 l’avait convaincu de son droit à postuler à un 3e mandat de suite contre la volonté de l’opposition dont faisait partie Macky Sall et des organisations de la société civile. En fin de compte, le Conseil constitutionnel l’avait autorisé à briguer un nouveau bail. La mobilisation générale lui avait fait perdre l’élection au profit de Sall. L’histoire bégaie-t-elle?
Dans l’attente d’une libération de tous par la parole présidentielle, le patron d’Afrikajom Center est d’avis qu’ »il faut une dissuasion forte pour sortir ce projet sordide de 3e mandat de la tête de tous les hommes politiques. Au Sénégal, il n’est quasiment plus possible de faire un 3e mandat après les événements du 23 juin 2011 et ceux, meurtriers, de mars 2021. Un large consensus existe au niveau national et cela fait l’unanimité au sein de la jeunesse ». Cependant, avertit Pape Sadio Thiam, la vigilance s’impose plus que jamais.
Le chef d’État sénégalais s’apprête à prendre la présidence annuelle tournante de l’Union africaine en février 2022. Une charge pour laquelle il a ressuscité le poste de Premier ministre qu’il avait supprimé pour « un test » et dont le titulaire ne sera connu qu’après les élections locales du 23 janvier 2022.
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