Les Candidats les Plus Dominants aux Élections Sénégalaises et le Candidat le Plus Susceptible de Remplacer SALL

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Les Candidats les Plus Dominants aux Élections Sénégalaises et le Candidat le Plus Susceptible de Remplacer SALL
Les Candidats les Plus Dominants aux Élections Sénégalaises et le Candidat le Plus Susceptible de Remplacer SALL

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Senegal. Le Sénégal, qui adopte un système électoral similaire à celui adopté en France, selon le système à deux tours, où tout candidat doit obtenir plus de 50 % des suffrages exprimés, comme critère décisif pour l’emporter au premier tour, élira le dimanche 24 mars 2024 prochain un nouveau président pour le pays après une période de troubles politiques, de tentatives de restreindre l’opposition et d’un mouvement de rue qui a fait avorter la décision de reporter les élections.

Si aucun des candidats ne dépasse le seuil requis, un second tour aura donc lieu entre les deux candidats ayant obtenu le pourcentage de voix le plus élevé.

Le président sera élu pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois, selon la constitution amendée en 2016.

On relève que la population du Sénégal dépassait les 18 millions d’habitants au milieu du mois en cours, selon les estimations de croissance démographique fournies par les Nations Unies, sachant que près de 7 millions de Sénégalais s’apprêtent à élire leur nouveau président et, malgré les troubles qui ont marqué le pays au cours des quelques mois précédant le scrutin, Dakar semble capable de maintenir les mécanismes constitutionnels de transfert du pouvoir.

Le Sénégal a créé ainsi un « précédent » en n’accordant pas un nouveau mandat à l’actuel président Macky Sall, conformément à la constitution, qui limite le droit d’exercer cette fonction à deux mandats consécutifs.

A ne pas oublier qu’en février 2024, le président Sall a déclenché une crise politique en repoussant l’élection présidentielle prévue ce mois-ci. Le 6 mars, Macky Sall a remplacé Amadou Ba au poste de Premier ministre par Sidiki Kaba et la date du premier tour de l’élection fût fixée au 24 mars de cette année.

Retour sur les candidats les plus marquants:
• Amadou Ba (63 ans): Le candidat de la coalition au pouvoir

Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir, qui dépose ici sa première candidature à la présidence, contrairement à nombre de ses concurrents, possède une expérience politique et administrative et adopte une orientation proche de l’Occident.

Pour sa campagne électorale, il a choisi d’aborder la question du chômage, qui est le problème le plus urgent dans une société dominée par les jeunes. Le candidat de la coalition au pouvoir a promis de fournir un million d’opportunités d’emploi et de mettre en œuvre des programmes innovants pour l’emploi des jeunes.

Il est décrit comme étant également un candidat au pouvoir, issu du parti « Alliance pour la République ». Dès l’arrivée de Sall au pouvoir, il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels puis a dirigé l’avant-dernier gouvernement de l’État de Sall. Il a démissionné moins de deux mois avant la date des élections pour se consacrer à sa campagne. Il est connu entre-autres pour ses compétences techniques et jouit d’une grande popularité, notamment dans la capitale, Dakar.

• Khalifa Sall (68 ans): L’ancien maire de Dakar

Tout en ayant été maire de la capitale, il fût accusé de corruption. Sa campagne s’est concentrée sur la réforme des institutions et la reconstruction de l’économie. Il a déclaré dans une interview accordée aux médias, que « le gaz et le pétrole ne sont que des moyens » utilisés pour faire progresser l’économie, mais que la véritable construction « doit être basée sur la relance de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et de la formation des jeunes ».

Il s’appuie sur un héritage politique et une popularité au sein du Parti socialiste, qui a dirigé le pays sous les présidents Lépopold Sedar Senghor et Abdou Diouf.

Khalifa Sall a été sujet à des décisions de justice qui lui ont valu de se voir refuser sa candidature avant d’être libéré par grâce présidentielle.

• Anta Babacar Ngom (40 ans): L’unique femme à se présenter dans l’histoire du Sénégal

La seule femme de l’histoire du Sénégal officiellement candidate aux élections présidentielles est issue du secteur privé, où elle dirige une entreprise familiale. Dans ses déclarations médiatiques, elle a indiqué que le Sénégal « doit restaurer la stabilité et résoudre les problèmes de pauvreté, d’éducation et de santé », ajoutant que le plus gros problème reste toujours le chômage, considérant que « les jeunes préfèrent mourir dans l’Atlantique plutôt que de rester au Sénégal ».

• Idrissa Seck (65 ans): Celui connu pour sa fidélité inconstante à Macky Sall et pour son appel à la justice sociale et la démocratie

Il est entré en politique dans les années 1990 et est connu pour changer d’allié politique. Il a soutenu le président actuel, puis a nommé un concurrent, pour ensuite revenir et rejoindre l’administration de Macky Sall, ce qui a entraîné un déclin de son influence politique. Il a encore pris ses distances avec le président en s’opposant à l’exclusion d’Ousmane Sonko de la liste des candidats à la présidentielle. Il adopte une rhétorique traditionnelle dans sa campagne, appelant à la justice sociale et à la démocratie.

Seck fût Premier ministre du Sénégal, et a également été poursuivi par des accusations de corruption administrative. Il a rompu son alliance avec l’ancien président Abdoulaye Wade pour rejoindre le président Sall, avant de l’affronter pour la présidence aux élections de 2019 et arriver à la deuxième place.

• Mahammed Boune Abdallah Dionne (64 ans): L’ancien Premier ministre et l’éminent économiste

Il a été Premier ministre lors du premier mandat de Macky Sall et possède une personnalité de poids régional et international. Il a auparavant occupé les fonctions de président de « la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest » et de « l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel ». Il s’est détaché du camp de Sall après que ce dernier ait adopté la candidature d’Amadou Ba. Il a promis lors de sa campagne d’être « un président qui œuvrera pour la réconciliation et pour la souveraineté économique du pays ».

• Bassirou Diomaye Faye (43 ans): Le fer de lance de l’opposition au Sénégal

Il est considéré comme le fer de lance de l’opposition parmi les candidats à la présidentielle, soutenu par le leader de la « Coalition d’opposition (Pastif) », Ousmane Sonko. Il a lancé sa campagne avec des discours perçus comme le reflet de l’approche anti France de Sonko, en parlant de « restaurer la souveraineté monétaire ». Son discours se caractérise par l’évitement des gros titres et appelle à « réduire les pouvoirs du Président de la République au profit du Premier ministre et à assurer la séparation des pouvoirs législatif et exécutif ».

Qui franchira la ligne le premier ?

Il importe de noter que les factions de l’opposition n’ont pas réussi à se rassembler autour d’un seul candidat, mais le candidat de Pastef est peut-être le plus susceptible de figurer parmi les opposants. La scène de Dakar après l’annonce de sa libération et de celle de son compagnon Sonko donne une idée simple de l’ampleur du rassemblement populaire, notamment parmi les jeunes, autour des propositions de Sonko représentées par la campagne électorale de Bassirou Diomaye Faye.

Même si Bassirou Diomaye Faye est un candidat ayant de très fortes chances pour passer au second tour, Amadou Ba, quant à lui, dispose de grandes chances aussi grâce au soutien du parti au pouvoir. La décision et le nombre de tours restent donc à déterminer.

Néanmoins, ce qui frappe au niveau politique, c’est la mise en garde lancée par le chef de l’opposition Oussmane Sonko sur les conséquences d’une falsification des élections. Il n’a pas hésité de tenir le président actuel (Macky Sall) pour responsable de veiller à ce que le processus électoral se déroule « de manière fluide et transparente ».

Pour rappel, en octobre 2023, le magazine « Jeune Afrique » avait réalisé un sondage en ligne auprès d’un échantillon de 250 000 personnes, révélant que 24% des participants pensaient qu’Idrissa Seck serait en mesure de résoudre les élections dès le premier tour.

Toutefois, ce sondage restait discutable, d’autant que la coalition d’opposition n’avait pas encore décidé (à cette époque) du nom de son candidat officiel.

A propos des forces vives

La tranche d’âge entre 15 et 64 ans constitue le pourcentage le plus élevé, soit environ 56 % de la population, et environ 52 % d’entre eux vivent en ville. Par ailleurs, 20% des jeunes souffrent d’un taux de chômage élevé, et constituent l’un des éléments de formation d’une opinion publique active et de participation au processus politique, mais ils ne sont pas le seul facteur déterminant l’orientation des urnes.

Faut-il aussi reconnaître que le Sénégal traverse une période de turbulences, après que l’économie ait enregistré une performance considérée comme la meilleure du continent en termes de reprise après les effets de la pandémie du Corona et d’atteindre des taux de croissance qui ont atteint environ 6,5%, selon les indicateurs du groupe de la Banque africaine de développement, mais il a sombré dans la fournaise des taux d’inflation élevés parallèlement à la mise en œuvre des politiques de réforme recommandées par le FMI international, qui comprenaient une augmentation des impôts et une rationalisation des dépenses publiques.

Le FMI a déclaré dans un rapport publié fin 2023 que « des vents soufflent contre l’économie sénégalaise en raison de la guerre russe en Ukraine et de la possibilité d’une augmentation du niveau de tension politique interne ». Mais la possibilité d’une reprise demeure alors que le gouvernement se tourne vers la gestion des principaux secteurs de ressources, en particulier l’énergie, selon le Rapport monétaire international.

Le chapitre des élections présidentielles au Sénégal demeure donc d’actualité, et il est possible qu’il ne livrera pas ses secrets dès le premier tour, toutefois, rien ne sera décisif que dans la soirée du dimanche 24 mars.

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