Khady Ndoye
Africa-Press – Senegal. Alors que l’ancien président Macky Sall continue de jouir d’une forte reconnaissance sur la scène internationale, sa stature suscite des tensions au sein du pouvoir actuel, observe Luc Sarr, membre de la Cellule d’Appui à la Veille Stratégique de l’APR (CAVE).
« Macky Sall rayonne. Macky Sall est l’un des phares d’un monde en crises. Partout, dans les forums où l’avenir du monde est scruté, où les grandes questions et interrogations existentielles sont soulevées, Macky Sall est sollicité, sa voix écoutée et ses avis recherchés. C’est un insigne honneur pour le Sénégal et son grand peuple de savourer les prestations exceptionnelles de l’homme qui les a admirablement dirigés pendant plus d’une décennie ! », écrit M. Sarr.
En effet, depuis la fin de son mandat présidentiel en 2024, Macky Sall ne cesse de s’illustrer sur la scène internationale. Invité à de nombreux sommets et conférences de haut niveau, sa voix est régulièrement sollicitée sur des enjeux globaux: climat, sécurité, développement et gouvernance. Pour Luc Sarr, cette visibilité est la continuité logique du leadership qu’il a incarné pendant plus de dix ans à la tête du Sénégal et de l’Union africaine.
« Le président Macky Sall demeure une référence dans un monde en mutation. Sa diplomatie d’équilibre, entre tradition et modernité, a positionné le Sénégal comme un acteur majeur en Afrique de l’Ouest », soutient Luc Sarr.
Cependant, cette reconnaissance internationale ne fait pas l’unanimité. Selon certains cadres de l’APR, le régime actuel nourrirait une forme de rancœur à l’égard de Macky Sall, perçu comme une figure encore trop influente sur les scènes nationale et internationale. Des critiques, notamment dans les cercles proches du pouvoir, visent une éventuelle candidature de l’ancien président à un poste de responsabilité au sein de l’ONU.
« À chaque fois que Macky Sall brille à l’extérieur, des attaques ou des contre-feux surgissent au niveau national. Les boules puantes et les torrents d’insanités lancés pour disqualifier une potentielle candidature du président Macky au poste de secrétaire général de l’ONU en témoignent pleinement. Cette reconnaissance internationale tranche avec la faillite diplomatique du pouvoir actuel. Dépourvu d’une vision élaborée en politique étrangère, le pouvoir végète, tâtonne et patauge sur le plan diplomatique. Il a pratiquement raté tous ses rendez-vous diplomatiques majeurs, ravalant notre diplomatie à un niveau de médiocrité inédit dans l’histoire de notre pays. La brillante tradition diplomatique du Sénégal est rompue, cédant la place à un aventurisme dangereux sur la scène internationale », regrette M. Sarr.
Le gouvernement actuel, sous l’impulsion du Premier ministre Ousmane Sonko, opère un repositionnement stratégique. La récente visite de ce dernier en Chine a été saluée par certains responsables du Pastef comme le signe d’une nouvelle ère diplomatique, fondée sur la souveraineté et la diversification des partenariats.
« Cette visite marque le choix d’une Afrique qui s’assume et négocie librement avec ses partenaires », a déclaré Waly Diouf Bodian, cadre du Pastef.
Des propos que rejette Luc Sarr, qui rappelle que les fondations des relations sino-sénégalaises actuelles ont été posées bien avant, notamment sous Macky Sall. « C’est Macky Sall qui a élevé la coopération avec la Chine au rang de partenariat stratégique. Le Sénégal a accueilli en 2021 le sommet du FOCAC, une première en Afrique de l’Ouest », martèle-t-il.
Les tensions entre l’ancien pouvoir et l’actuel s’expriment également autour de la mémoire politique. Pour les proches de Macky Sall, les critiques passées du Pastef à l’encontre des projets réalisés avec la Chine, comme l’autoroute Ila Touba, contrastent avec leur discours actuel. « On ne peut pas fustiger hier la présence chinoise sur un chantier et l’ériger aujourd’hui en modèle de souveraineté retrouvée », fait remarquer Luc Sarr.
« Le voyage d’une semaine en Chine d’Ousmane Sonko s’inscrit dans cette voie hasardeuse et donne l’occasion à deux de ses proches, figures notoires de la “galaxie” des adeptes du comportement moutonnier et de la “servitude volontaire”, de s’exprimer. L’un d’eux, Amadou Ba, député à l’Assemblée nationale et “penseur central” du Pastef, est associé à toutes les dérives de cette mouvance. Maître du dérapage intellectuel, excellent dans les impasses idéologiques et les arguties les plus sordides, Amadou Ba s’est prononcé sur le voyage de Sonko en Chine en des termes dithyrambiques, propres aux flagorneurs prosternés devant la puissance de l’ancien “duc” de la cité Keur Gorgui. Usant ridiculement d’une métaphore – celle de la “montre sans aiguille”, banal outil qui foisonne dans nos rues et au marché Colobane – qu’il associe à “l’heure juste”, Amadou Ba explore les bas-fonds. Une montre sans heure exacte n’en est pas une ! Pire encore, le théoricien du Pastef sombre dans une confusion conceptuelle et idéologique, incapable de distinguer la “stratégie” (le but, l’objectif final) de la “tactique” (l’ensemble des moyens et actions mobilisés pour atteindre l’objectif stratégique) », conclut Luc Sarr.
Source: Seneweb.com
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