Africa-Press – Tchad. La question de la participation politique des femmes au sein des gouvernements des pays africains, et l’évaluation des opportunités qui s’offrent à elles restent à mettre en œuvre à tous les postes de décision, que ce soit au niveau des institutions étatiques ou aux organisations de la société civile, demeure l’une des questions qui a besoin d’une approche différente et non conventionnelle pour traiter avec elle, une approche capable de tisser des relations entre les aspects et dimensions de développement, de droits humains et politiques, mettant en valeur la question de l’autonomisation politique des femmes qui luttent pour l’incitation à accorder aux femmes des sièges ici et là, ou de s’assurer qu’il y a un certain nombre de femmes dans la position de prise de décisions.
Tout ceci vise à obtenir une participation politique d’une qualité distincte, affectant clairement les institutions politiques à un degré qui permet une réelle intégration des problèmes des femmes dans les politiques publiques, ainsi que dans les efforts de développement, qu’ils soient entrepris par elles, par l’État ou par la société civile.
C’est dans ce sens que nous avons tenu à évoquer la participation, au Tchad, des femmes dans les instances de la transition, une question qui devient une véritable revendication sociopolitique.
A noter que les femmes représentent la majeure partie de la population et veulent mettre à profit cet avantage démographique pour mieux se positionner dans les instances de décisions en cette période cruciale de transition. Certaines organisations de femmes plaident pour l’implication effective des femmes dans le dialogue et les instruments de la transition.
Il s’agit en fait d’une revendication que certains experts pensent totalement légitime.
De quel œil devrait-on voir cette légitimation ?

Tout compte fait, la question de la participation des femmes à la prise de décision reste un sujet controversé qui attire l’attention des militantes tchadiennes dans le domaine de la démocratie, des droits humains et de la citoyenneté. C’est particulièrement vrai, car au Tchad comme dans d’autres pays africains, il y va de soit, à des degrés moindres de ce qui s’est passé dans la région arabe, qui connaît un mouvement politique aigu et même sanglant, qui nécessite de mobiliser toutes les énergies humaines pour y asseoir la stabilité, y compris la nécessité du rôle des femmes qui ont participé à certains mouvements populaires dans quelques pays arabes.
Ces pays qui cherchent encore dans une lutte violente la possibilité d’établir la paix, et qui doivent considérer les femmes, par leur nature, comme les principaux défenseurs de la sécurité et de la sûreté en eux. Notant que c’est cette même femme qui a payé cher le prix des conflits politiques au détriment de sa dignité, de la fragmentation de sa famille et de sa perte de la capacité d’influencer efficacement le cours des événements qui contribuent à sa marginalisation, mais plutôt un déclin significatif de son rôle à la lumière de l’extrémisme et de la fossilisation idéologique.
Au jour d’aujourd’hui, du moins en ce qui concerne les femmes au Tchad, parler de l’amélioration de leur accès aux postes de décision, n’est pas seulement d’assurer une représentation quantitative, mais aussi de réaliser un saut qualitatif clair dans l’intégration des questions relatives aux femmes dans tous les efforts de développement et politiques publiques.
En effet, tout observateur du débat et du dialogue sur les objectifs de développement durable découvrira la poursuite incessante de l’intégration des problèmes des femmes dans la majorité de ces objectifs, car les problèmes des femmes se croisent avec tous les problèmes de développement dans le pays.
Beaucoup se posent déjà les questions suivantes
• Serait-il possible d’encadrer le travail des femmes pour représenter la moitié de l’électorat au Tchad ?
• La société civile a-t-elle la capacité de mobiliser les femmes et les hommes qui soutiennent les droits des femmes pour faire changer la perception de l’importance de bénéficier de ceux qui constituent la moitié de la société tchadienne ?
En faisant un recul au fil des dernières décennies, notamment durant le règne implacable du président disparu, Idriss Deby itno, lors duquel le Tchad commençait à sentir une certaine « brise de démocratie », nous constatons que la mise en place des femmes à des postes de responsabilité au sein de l’Etat a connu effectivement une progression croissante et remarquable.

Rappelons tout de même que la femme tchadienne est certes engagée en politique depuis 1959, mais il aurait fallu attendre 1989 pour revoir les femmes au sein du parlement. Une présence en dents de scie due à la période marquée par les différentes guerres civiles et qui n’a malheureusement pas permis aux femmes de se hisser sur la scène politique nationale.
Cela dit, et malgré que l’État n’a pas réussi à atteindre encore la parité hommes-femmes dans les instances politiques, il est de notre devoir de reconnaître que la participation des femmes laisse apparaître une évolution positive, voire même encourageante.
Idem pour les élections législatives tchadiennes, où la proportion de femmes députées à l’Assemblée nationale ne frôlait que 5,8%, lors de la seconde législature (2002-2006/2011), cette proportion a triplé au cours de la troisième législature de 2011 – 2015/2021, pour se situer à 15,3% des sièges de la dite assemblée nationale.
Il importe de clarifier que la position des femmes au niveau du processus de transition actuel, chapeauté par le Conseil National de Transition, s’est notablement confortée, puisque les femmes détiennent 33 % des 93 sièges au total, plus que le tiers.
A cela on peut confirmer que plus de 50 femmes furent ministrables durant les trois dernières décennies.

En général, on peut dire que certaines des barrières qui sont en place depuis deux ou trois décennies se sont relativement améliorées. Néanmoins, ce qui précède ne signifie pas que la situation actuelle appelle à la détente. Au contraire, la situation soulève toujours de nouvelles questions sur le pourcentage de participation des femmes, le niveau et la qualité de leurs performances, et l’étendue de leur capacité d’influence politique et partisane, dans la vie et dans les institutions de la société civile.
D’ailleurs, l’article 12 de la Constitution tchadienne reconnaît que les hommes et les femmes ont les mêmes droits dans la réalisation des droits fondamentaux tels que les droits civils et politiques. Cette disposition est renforcée par l’article 13, qui leur reconnaît les mêmes droits devant la loi.
Toutefois, au niveau politique, les femmes sont représentées dans les postes les plus élevés de la République, mais le nombre de ces postes ne reflète pas en réalité le grand nombre de femmes, car leur participation à la vie politique et à la haute direction est encore faible, même si leur rôle s’est accru.
Par ailleurs, de nombreuses femmes excellent dans le secteur informel ou dans des emplois simples comme assistantes sociales, nounous, employées de bureau ou dans les diverses associations, ce qui tranquillise de ce côté-là quant à l’avenir des femmes au Tchad.

En cette période transitoire, le chemin reste long à faire pour la femme tchadienne, néanmoins, l’ouverture des perspectives sera ressentie sinon structurée après les prochaines élections prévues et promises par les autorités actuelles.
L’une des clés de cette vision est détenue par le Président de la République, Mahamat Idriss Deby !
Anouar CHENNOUFI
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