Rapporté par
Anouar Chennoufi
Africa-Press – Tchad. Le dramatique scénario qui a fait irruption dans la vie de tous les tchadiens, le 20 avril 202, lors d’affrontements ayant impliqué l’armée Tchadienne et des groupes rebelles , ne comportait d’aucune manière l’élimination de l’homme fort du pays qui détenait tous les pouvoir depuis 1990, à savoir le Président de la République Idriss Déby.
Réélu cinq fois auparavant, après s’être emparé du pouvoir et après avoir chassé le Président Hissène Habré, un certain 1er décembre 1990, Idriss Déby a du faire face à des affrontements inattendus survenus suite à la critique de la façon dont furent organisées les dernières élections, qu’il venait de remporter pour la 6ème fois consécutive, avec plus de 79% des voix.
Jugées frauduleuses (les élections), le président Idriss Déby y trouva la mort en succombant à ses blessures quelques heures seulement après sa réélection, alors qu’il prenait le commandement de l’armée dans une bataille contre les rebelles, postés en Libye près de ses frontières avec le Tchad, et qui auraient attaqué un poste de garde-frontière et avancé de centaines de kilomètres en territoire tchadien à travers le désert. Déby a été tué donc lors de sa visite aux forces armées combattant les rebelles basés en Libye du «Front pour l’alternance et la concorde au Tchad», qui s’opposaient à son règne de 30 ans.
L’ARMEE TCHADIENNE VENGE LA MORT D’IDRISS DEBY
En effet, moins d’un mois après ce drame, l’armée tchadienne a annoncé sa victoire sur les rebelles du nord du pays qui ont tué le président Idriss Déby sur le champ de bataille qui duraient depuis plusieurs semaines. « Le retour triomphal de l’armée à la caserne, dimanche dernier, annonce la fin des opérations et la victoire du Tchad », a déclaré à la presse le chef d’état-major de l’armée, Abkar Abdel-Karim Daoud.
Il importe toutefois de noter que lors des affrontements qui ont eu lieu, un grand intérêt international s’est manifesté vis-à-vis des affrontements et de l’instabilité politique qui pouvait en découler, car personne ne peut nier que le Tchad est une puissance majeure en Afrique centrale et un allié de longue date de l’Occident.
CONSEIL MILITAIRE & GOUVERNEMENT DE TRANSITION
Pour éviter de laisser un vide s’installer dans la gouvernance du pays, le Conseil militaire provisoire qui gouverne le pays depuis la mort du président Idriss Déby, et dirigé par le fils du défunt, Mahamat Idriss Déby, a réussi à former un « gouvernement de transition », et à nommer par décret, une quarantaine de ministres et secrétaires d’État, avec la création d’un nouveau ministère de la réconciliation nationale, sachant que le Conseil militaire a pris le pouvoir après la mort de Déby en promettant d’organiser des élections dans les 18 mois.
COMMENT LES CHOSES VONT-ELLES SE DEROULER APRES LE MEURTRE DU PRESIDENT ?
Ce qui est certain, dans de telles situations, c’est que l’héritage du pouvoir au Tchad ne se sera pas sans d’éventuels « heurts », en plus de la difficulté pour le fils du défunt président d’hériter de la grande personnalité et de la puissance de son paternel, un fardeau qui sera pesant et assez coûteux. Car il y a un FAIT indélébile, c’est que le Tchad vit et vivra certainement sa crise, laquelle a commencé après l’assassinat du président Idriss Deby, et cette crise menacera de troubles toute la région.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le fils du président assassiné est arrivé au pouvoir en outrepassant la constitution du pays, et il ne convient pas à toutes les forces vives tchadiennes, ni même à certains de son entourage le plus proche.
L’autre point qui semble planer en l’air, c’est que tous les processus et accords importants dans le pays étaient basés sur la personnalité de la victime, sans toutefois qu’Idriss n’ai pensé à préparer publiquement son fils à être son successeur. Par conséquent, beaucoup de membres de sa famille peuvent être très mécontents de l’arrivée au pouvoir de quelqu’un qui » n’a pas brillé » dans quoi que ce soit, dit-on.
Vient s’ajouter à ce mécontentement, celui de certains éléments de l’armée tchadienne, laquelle a subi de lourdes pertes et fatiguée des hostilités sur les fronts, notamment pour le rôle important qu’elle joue dans la lutte contre le terrorisme.
Personne ne peut contester également que l’armée tchadienne constitue l’épine dorsale de la sécurité dans la région du Sahel et du Sahara, et certains experts estiment que la crise au Tchad affectera les intérêts de nombreux pays, sur ce plan là.
Mahamat Idriss Déby pourrait hériter des institutions du pays, mais comme le dit un dicton : La force personnelle ne peut être héritée.
QUI EST AU FAIT MAHAMAT IDRISS DEBY ?
Mahamat Idriss Déby, né le 1er janvier 1984, est un officier supérieur de l’armée tchadienne, avec grade de « général de corps d’armées ».
Au lendemain de la mort de son père, Mahamat Idriss Deby prit la tête d’un Conseil militaire de transition, ce qui lui permit ainsi d’assumer, à l’âge de 37 ans, les charges de Président de la République. Entre-temps, l’armée outrepasse certaines importantes dispositions de la Constitution et fait dissoudre l’Assemblée nationale ainsi que le Gouvernement. Un couvre-feu fût aussitôt mis en place et la fermeture des frontières a été annoncée.
DEFIS AUXQUELS SERA CONFRONTE LE TCHAD
Rappelons que le Tchad s’étale sur une superficie totale de 1.284.000 km², sur lesquels vivent 16.877.357 habitants, dont le taux de chômage est estimé à 2,2% d’une population dont le PIB par/h est de 1000 dollars.
Il importe également de noter que les ¾ du Tchad sont des zones rurales, et que l’agriculture et l’élevage du bétail sont les activités dominantes, après le pétrole qui représente plus de 80% des exportations du pays.
Les défis qui se dressent devant le fils d’Idriss Déby sont nombreux, dans une région en proie à la guerre contre les djihadistes où le Tchad joue un rôle majeur.
Ces défis qui sont complexes, comptent non seulement de la dimension sécuritaire, mais aussi de l’État de droit, de la démocratie et des libertés des citoyens.