Quel avenir pour la période de transition au Tchad sans une feuille de route percutante?

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Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressTchad. Cet article met en lumière la situation politique tchadienne actuelle et tente d’explorer ses perspectives d’avenir.

En effet, plus de quatre mois après sa prise du pouvoir au Tchad, à la suite de l’assassinat de son père le Pt Idriss Deby Itno, le général Mahamat Idriss Deby, Président du Conseil militaire de transition, semble bien se heurter à des difficultés internes et diplomatiques complexes.

Changement de situation politique au Tchad

Il est vrai que le général Mahamat Idriss Deby assume actuellement les fonctions de gouvernance dans l’horizon de l’organisation de nouvelles élections présidentielles, notamment dans un délai n’excédant pas dix-huit mois, comme il l’avait promis.

La France et l’Union africaine ont joué le rôle principal dans ces dispositions transitoires, qui se heurtent aux lois de l’organisation africaine, qui sanctionne le processus de changement de pouvoir non pacifique, ainsi que la politique déclarée de la France en Afrique.

Cependant, le gouvernement français, représenté par le président Emmanuel Macron aux obsèques du président assassiné ayant eu lieu le 23 avril 2021 à N’Djamena, avait défendu la formule de transition au Tchad, telle qu’adoptée par le Conseil africain de paix et de sécurité, compte tenu des particularités de la situation tchadienne, qui sont représentés par trois facteurs majeurs que nous citons ci-après :

Facteur 1
L’absence de coup d’État militaire contre le régime au pouvoir, et donc le nouveau Conseil militaire, ne peut pas être considéré comme un organe illégitime responsable d’un changement anticonstitutionnel similaire aux coups d’État militaires contre des gouvernements démocratiques élus, comme cela s’est produit récemment au Mali.

Facteur 2
Les difficultés pratiques qui ont été enregistrées concernant l’activation de l’article constitutionnel qui confie au Président du Parlement la tâche de gérer la phase de transition, l’actuel Président du Parlement ayant refusé d’entreprendre cette tâche, laissant un vide constitutionnel qui ne peut être comblé par les règles juridiques habituelles.

Facteur 3
Les risques de voir le pays entrer dans la voie des guerres civiles et des combats internes, qui ont contraint l’institution militaire à se voir confier le rôle principal dans la gestion de la phase de transition en l’absence d’un consensus politique national global.
Cependant, l’acceptation de la formule « transitoire actuelle » s’est faite selon trois conditions fondamentales :

• Nommer un gouvernement d’union nationale dirigé par une personnalité qui a la confiance des groupes d’opposition, et qui soit capable de superviser un dialogue politique interne global, afin d’organiser des élections transparentes et équitables qui conduisent à une solution radicale à l’impasse politique tchadienne.

• L’engagement des membres du Conseil militaire de transition, et en particulier de son président, le général Mahamat Idriss Deby, à ne briguer aucune responsabilité électorale lors des prochaines élections.

• Fixation de la période transitoire à 18 mois au maximum.

Bien que le Conseil de transition ait accepté ces conditions, lui permettant de maintenir la représentation du Tchad dans les institutions africaines et internationales, et d’obtenir le soutien économique et militaire français, de nombreuses difficultés réelles ont commencé à se poser aux dirigeants militaires au pouvoir au Tchad, notamment :

A-Le gouvernement dirigé par Albert Bahamy Padaki, qui fut le dernier Premier ministre sous Idriss Deby (2016-2018), n’a pas réussi à engager sérieusement un dialogue national inclusif, bien que certains chefs traditionnels de l’opposition aient salué sa nomination. Bien que Badaki ait nommé dans son gouvernement des personnalités proches de l’opposition et attribué un portefeuille ministériel souverain à la réconciliation nationale, et le décret portant création du Comité d’organisation du dialogue national a été publié le 2 juillet 2021 et il a été décidé qu’il comprendrait 70 membres représentant toutes les couleurs de l’éventail politique, mais le bloc d’opposition connu sous le nom de Waqit Tama (ce qui signifie que l’heure était faite en arabe) a boycotté le projet de dialogue national, rejetant avec véhémence la formule de transition par le biais du Conseil militaire. Cette alliance comprend le parti, le syndicat et les forces civiles les plus importants qui s’opposaient au président Deby, et a récemment adopté l’option de descendre dans la rue pour s’opposer à la stratégie du dialogue national formulée par le Conseil militaire au pouvoir.

Parmi les composantes les plus importantes de ce bloc figurent le parti  » Les partisans du changement  » dirigé par Succès Misra, l’Union nationale pour le développement et le renouveau dirigée par Saleh Kebzabo, le Parti de la liberté et du développement dirigé par Mohamed Ahmed al-Habo, la Ligue tchadienne pour les Droits de l’Homme, et l’Union des syndicats tchadiens.

Le Conseil militaire a également rejeté totalement le dialogue avec l’opposition militaire, qui s’articule autour des factions du « Front pour l’alternance et la concorde au Tchad » accusé d’avoir tué le président Déby, et de l’« Union des forces de résistance » dirigée par certains proches du président Déby de son entourage familial immédiat et les membres de sa tribu Zaghawa. L’échec de la stratégie globale de dialogue national aura le pire impact sur la situation de transition au Tchad.

B-Bien que le chef du Conseil militaire au pouvoir, Mahamat Idriss Deby, ait souligné à plusieurs reprises le souci de la direction au pouvoir de respecter la durée de la période de transition, de nombreux indicateurs indiquent clairement que les opérations électorales seront reportées pour des raisons organisationnelles et financières. Indépendamment des difficultés et des obstacles du dialogue national ouvrant la voie aux élections, les préparatifs pratiques des prochaines compétitions électorales sont encore limités, et ils ne peuvent pas respecter les délais impartis. Un certain nombre de responsables gouvernementaux ont fait allusion à ces données et ont estimé que la période prévue pour la tenue des élections était irréaliste et impraticable, citant que le report des dates des élections est courant au Tchad et compris par les forces politiques. Cependant, l’Organisation de l’Union africaine a déclaré avec franchise et détermination son refus strict de tout report des élections, menaçant d’imposer des sanctions sévères aux autorités tchadiennes en cas de non-respect de l’obligation de la période transitoire.

C-Bien que l’actuel président par intérim, Mahamat Idriss Deby, ait confirmé à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de se présenter à la présidence lors des prochaines élections, de nombreuses données indiquent qu’il pourrait se présenter à la prochaine course présidentielle avec le soutien de sa famille et de ses cercles tribaux, aussi bien par l’Institution militaire.

Une opposition très farouche

Ceci dit, l’avenir de la situation politique au Tchad demeure encore très flou, et l’opposition au Conseil militaire de transition semble encore plus rude.

Dans ce contexte, nous rapportons ci-après l’une des réactions des opposants, à savoir celle de Kingabi Ogozimi de Tabol, le porte-parole du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui a déclaré : « Nous rejetons catégoriquement la phase de transition et nous entendons poursuivre l’offensive ».

Il a ajouté que « Le Tchad n’est pas gouverné par une monarchie, il ne devrait y avoir aucun transfert de pouvoir de père en fils ».
Ceci nous laisse croire que la situation politique au Tchad est encore difficile à anticiper en raison de la complexité des échelles du conflit politique, et des indicateurs contradictoires de changement et de transformation dans un avenir prévisible.

Néanmoins, le Gouvernement de Transition a quant à lui élaboré une Feuille de Route basée sur une approche participative que l’on peut consulter sur le lien ci-après. Mais est-elle ou sera-t-elle convaincante ?

BAT DOC. FEUILLE DE ROUTE GOUVERNEMENT ok

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