Africa-Press – Tchad. Le 29 mai prochain, la Banque africaine de développement (BAD) connaîtra le nom de son nouveau président. À huis clos, les États actionnaires désigneront le successeur du Nigérian Akinwumi Adesina, qui achève son second mandat. Voici comment se déroule cette élection stratégique pour le continent.
Cinq candidats en lice
Ils sont cinq à briguer la direction de la BAD:
Amadou Hott (Sénégal)
Mahamat Abbas Tolli (Tchad)
Samuel Munzele Maimbo (Zambie)
Sidi Ould Tah (Mauritanie)
Swazi Bajabulile Tshabalala (Afrique du Sud)
Tous ont dévoilé leurs visions pour l’Afrique et défendu leurs programmes. Mais le choix final se fera dans la discrétion d’un vote à bulletins secrets.
Qui vote?
Le président de la BAD est élu par les représentants des 81 États membres de l’institution:
54 membres régionaux (africains)
27 membres non régionaux (dont la France, les États-Unis, le Japon…)
Chaque État est représenté par un gouverneur ou un suppléant dûment mandaté. Le président sortant ne participe pas au vote.
Un vote pondéré selon le capital
Tous les votes ne se valent pas. Le poids de chaque État est proportionnel à sa contribution au capital de la Banque. Par exemple, le Nigeria détient à lui seul 15,8 % des voix africaines, suivi par l’Égypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Maroc. Ces cinq États africains réunissent ensemble plus de 50 % des voix régionales: ce sont les véritables faiseurs de roi.
Les États non africains comme les États-Unis (6,09 %) ou le Japon (5,44 %) ont aussi un poids important, mais ne comptent que dans la moitié du scrutin.
La règle de la double majorité
Pour l’emporter, un candidat doit obtenir une double majorité:
50,01 % de l’ensemble des voix (pondérées),
et 50,01 % des voix des seuls membres africains.
Chaque délégué vote à bulletin secret, avec une couleur différente selon le groupe:
Jaune pour les membres régionaux
Vert pour les membres non régionaux
Que se passe-t-il si aucun candidat n’obtient la double majorité?
Des tours successifs sont alors organisés. À chaque tour, le candidat ayant recueilli le moins de voix au total (africains et non-africains confondus) est éliminé. Ce processus peut se répéter jusqu’à cinq fois, jusqu’à ce qu’un candidat franchisse les deux seuils requis.
Des absents… et des retardataires
Pour voter, les États doivent être à jour de leur contribution au capital de la Banque, au plus tard le 30 avril 2025. La Mauritanie, pourtant pays d’un des candidats, a régularisé sa situation après la date limite, amoindrissant son poids au scrutin. Les États-Unis, en retrait progressif du financement des institutions multilatérales, n’ont pas non plus soldé leurs arriérés à temps.
Un vote technique, mais hautement politique
Malgré sa rigueur réglementaire, l’élection du président de la BAD est aussi une affaire de stratégie et de diplomatie. Alliances régionales, équilibres linguistiques, engagements croisés dans d’autres institutions: les tractations vont bon train jusqu’au dernier moment.
Un poste influent pour le continent
Le président de la BAD est à la tête d’une institution qui finance plus de 10 milliards d’euros de projets par an: infrastructures, agriculture, énergie, développement du secteur privé… Le choix du nouveau président est donc crucial pour l’avenir économique de l’Afrique.
Il aura notamment la charge de mettre en œuvre la stratégie 2024-2033 de la Banque, centrée sur la souveraineté économique, l’intégration régionale, la résilience climatique et l’innovation financière.
Verdict attendu le 29 mai au soir
Le nom du nouveau président sera dévoilé au terme du scrutin à Abidjan, en marge des Assemblées annuelles. À lui, ou elle, de convaincre les actionnaires, et surtout les Africains, qu’il saura porter les ambitions d’un continent en pleine mutation.
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