Chimie des odeurs corporelles : pourquoi nous préférons l’odeur des bébés à celle des adolescents

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Chimie des odeurs corporelles : pourquoi nous préférons l'odeur des bébés à celle des adolescents
Chimie des odeurs corporelles : pourquoi nous préférons l'odeur des bébés à celle des adolescents

Africa-Press – Togo. Entre l’odeur d’un bébé et celle d’un adolescent, seuls deux composés diffèrent drastiquement, et huit sont retrouvés en quantités différentes, conclut une étude publiée dans la revue Nature Communications. Mais cette simple divergence de composition chimique a des conséquences importantes sur leur perception par les autres, incluant leurs propres parents.

Les odeurs, essentielles à la communication sociale humaine

« La communication chimique, c’est-à-dire le transfert d’informations par le biais de substances chimiques, a longtemps été sous-estimée chez l’humain », explique Helene Loos, chercheuse au département de chimie et pharmacie de l’Université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nürnberg (Allemagne) et qui a dirigé ces nouveaux travaux. « L’olfaction joue pourtant un rôle important dans notre vie quotidienne, principalement dans la prise de nourriture, la détection des dangers et la communication sociale. »

Cette dernière intervient notamment entre amis, partenaires ou au sein d’une famille. Dès la naissance, parents et nourrissons sont capables de s’identifier par l’odeur. « Les odeurs des nourrissons sont agréables et gratifiantes pour les mères et, en tant que telles, facilitent probablement l’affection parentale », détaillent les chercheurs. Ce n’est plus vrai à l’adolescence. « L’odeur corporelle des enfants pubères est jugée moins agréable et les parents sont incapables d’identifier leur propre enfant à ce stade du développement. » Cette réaction des parents à l’odeur de leurs adolescents, qui peut confiner à l’aversion, pourrait servir à prévenir la consanguinité, suggèrent les chercheurs.

Seuls deux composés sont exclusivement retrouvés dans l’odeur des adolescents

Jusqu’à présent, aucune équipe n’avait comparé directement la composition chimique des odeurs corporelles des nourrissons et des enfants post-pubères pour comprendre d’où provenait cette différence de perception. Le secret tient d’abord à deux stéroïdes retrouvés uniquement chez les adolescents, sur les 15 identifiés. « Ces stéroïdes odorants sont des composants bien connus de l’odeur axillaire (sous les aisselles, ndlr) » provenant de la sudation, précisent les chercheurs. « Ils peuvent contribuer, avec d’autres substances, à une altération de la qualité de l’odeur corporelle chez les enfants post-pubères ». D’après les scientifiques, ces deux substances chimiques sentent « la sueur, l’urine et le musc » et « le bois de santal et le musc ». Les 13 autres composés identifiés sont communs aux 18 bébés de moins de trois ans et aux 18 adolescents de 14 à 18 ans observés, quoiqu’en des quantités pouvant varier pour six d’entre eux.

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont prélevé des échantillons odorants au moyen de tampons placés sous les aisselles et de vêtements portés une nuit. Leur analyse par spectrométrie de masse a permis d’en discriminer les différentes composantes et leurs quantités respectives, tandis que l’olfactométrie en a détecté le potentiel odorant. « Dans cette technique, le nez humain d’un expérimentateur est utilisé comme détecteur », explique Helene Loos.

Des bébés qui sentent la violette, et des ados qui sentent le fromage

Les bébés dégageaient ainsi plus de « cétone α-isométhylionone », dont l’odeur rappelle celle de la violette, et une odeur inconnue décrite comme « semblable à celle du savon et du parfum », par rapport aux échantillons d’adolescents. Bien que les parents aient eu comme consigne de n’utiliser aucun produit odorant pendant les 48 heures précédant l’étude, il se peut que cette dernière odeur persiste d’un usage antérieur.

L’odeur corporelle des adolescents contenait plus de six acides carboxyliques, respectivement décrits comme ayant une odeur « fromagère », « fruitée et semblable à la prune séchée », « moisie, semblable à la coriandre et grasse », « caprine », « semblable à la cire et savonneuse » et « terreuse, herbeuse et semblable au poivron vert ». De plus les adolescents dégageaient neuf fois plus de squalène, substance qui compose jusqu’à 12% du sébum humain. « Cela pourrait être dû à la stimulation androgénique des glandes sébacées pendant la puberté », suggèrent les chercheurs, ainsi qu’à l’activation des glandes sudoripares (produisant la sueur).

« La comparaison des odeurs corporelles des adolescents avec celles des nourrissons a été pour nous un point de départ », anticipe Helene Loos. Avec son équipe, elle prévoit d’ores et déjà de se pencher sur les odeurs corporelles d’enfants d’autres âges et de leur modification en fonction de leur état de santé ou émotionnel.

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