Dermatose Nodulaire Contagieuse: Inquiétude des Éleveurs

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Dermatose Nodulaire Contagieuse: Inquiétude des Éleveurs
Dermatose Nodulaire Contagieuse: Inquiétude des Éleveurs

Africa-Press – Togo. La mobilisation des agriculteurs n’aura pas suffi: dans le village des Bordes-sur-Arize (Ariège), les gendarmes mobiles ont pris le contrôle jeudi soir d’une exploitation où était ensuite abattu, ce 12 décembre 2025 au matin, un troupeau de 207 bovins en raison d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Plusieurs centaines d’agriculteurs tentaient depuis deux jours de bloquer l’accès aux services vétérinaires. En vain.

La DNC rime en effet pour les éleveurs avec abattage systématique de tout le troupeau, et le gouvernement se montre intransigeant sur la question. Une méthode que dénoncent les éleveurs qui n’y voient pas une solution pérenne. « On sait très bien que l’abattage total, ce n’est pas du tout une solution, que la maladie se propage quand même, et qu’en fait, par contre, ce sont des vies broyées, sacrifiées, et ça, ce n’est pas tenable », avait déclaré il y a quelques mois à l’AFP la porte-parole de la Confédération paysanne Fanny Métrat. Une stratégie de lutte qui attise donc les tensions alors que cette maladie virale progresse rapidement en France.

Comment se transmet la dermatose nodulaire contagieuse?

La dermatose nodulaire contagieuse est transmise uniquement aux bovins (aux buffles et aux zébus compris), par un virus de la famille des Poxvirus porté par des insectes piqueurs (les stomoxes et les taons). Le pathogène peut se retrouver ensuite dans la salive, la semence et les croûtes des lésions de l’animal touché. Il peut aussi se transmettre, dans une mesure moindre, par contact direct entre les animaux. Par ailleurs, ceux malades, ou en incubation, peuvent aussi contaminer les véhicules et le matériel.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) se veut cependant rassurante: « La DNC n’est pas transmissible à l’humain, ni par contact avec les animaux malades, ni par la consommation de produits issus de ces animaux. Elle ne présente donc aucun danger pour la santé publique », explique-t-elle sur son site internet. Les piqûres des insectes vecteurs ne permettent pas non plus une transmission à l’humain.

Quels sont les symptômes de la dermatose nodulaire contagieuse?

Cette maladie tient son nom de l’apparition de nodules sur la peau et les muqueuses des bovins infectés. Ils peuvent aussi souffrir de fièvre, de fatigue, d’anorexie, de lésions buccales. La maladie peut également entraîner une perte de poids, des avortements mais aussi une baisse de la production laitière. A l’inverse, les animaux infectés peuvent aussi présenter des symptômes très discrets.

Concernant la mortalité, l’Anses donne à Sciences et Avenir un chiffre de « 10% en moyenne ». Par ailleurs, la maladie « a un impact moindre sur les races rustiques, même concernant la morbidité », précise l’agence.

Quand est apparue la maladie en France?

Cette maladie est historiquement une maladie d’Afrique subsaharienne et d’Asie. Mais elle est favorisée par des conditions chaudes et humides. « Entre 2015 et 2016, des foyers ont été détectés pour la première fois en Europe du Sud-Est, notamment en Grèce, en Bulgarie et dans les Balkans », relate l’Anses. Elle a ensuite été éradiquée de cette zone. Des cas ont, bien plus tard, été signalés en Italie. Finalement, le 29 juin 2025, la France détectait à son tour son premier cas de contamination en Savoie.

La maladie peut se transmettre sur de longues distances alors que les animaux sont déplacés par transport routier. En France, en date du 9 décembre 2025, 109 foyers ont été détectés dans huit départements couvrant 74 élevages, selon les derniers chiffres présentés par le ministère de l’Agriculture. Et environ 3000 animaux ont été euthanasiés depuis la découverte du premier foyer.

Comment lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse?

Source de tensions avec le monde de l’élevage, la réglementation européenne impose aux pays touchés un abattage total des troupeaux infectés afin de stopper la diffusion du virus. « La stratégie étant l’éradication, il faut donc tarir les sources de virus potentiels: les animaux symptomatiques. Mais le problème est que les animaux sans symptômes peuvent également transmettre la maladie (l’incubation est plus ou moins longue de 4 jours à 5 semaines, et la virémie – présence du virus dans le sang, ndlr – est transitoire de 2 à 3 semaines), donc il est très difficile de dire si et quand les animaux seront excréteurs de virus », justifie l’Anses auprès de Sciences et Avenir.

S’il n’existe pas de médicaments pour contrer le virus, des vaccins sont disponibles. Celui utilisé en France permet par exemple une protection de l’animal 21 jours après l’injection. Mais la généralisation de la vaccination pour protéger préventivement le cheptel français divise les éleveurs. Certains sont pour un plan de vaccination large tandis que d’autres craignent qu’une vaccination générale ne remette en cause le « statut indemne » de la France, lui permettant d’exporter facilement. Le débat se poursuit donc concernant cette solution, qui reste donc largement facultative. La vaccination ne peut être imposée qu’en cas de présence confirmée de foyers dans une zone ou de l’existence d’un risque important d’introduction du virus dans la zone.

D’autres moyens sont utiles au contrôle de la maladie, notamment la désinsectisation (les larves des insectes se développent dans la paille humide) des véhicules et des bâtiments ou encore la désinfection du matériel et la limitation des mouvements d’animaux. En outre, une zone réglementée d’un rayon de 50 kilomètres est instaurée autour de chaque foyer détecté. Une énième précaution pour limiter la diffusion d’un virus qui équivaut à une véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des éleveurs bovins.

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