Ecorner les rhinocéros contre le braconnage est-il efficace

Ecorner les rhinocéros contre le braconnage est-il efficace
Ecorner les rhinocéros contre le braconnage est-il efficace

Africa-Press – Burkina Faso. 74 millions de dollars investis et des résultats qui ne sont pas à la hauteur des attentes. C’est ce que l’on constate lorsqu’on s’intéresse aux chiffres du braconnage de rhinocéros. Dans 11 réserves d’Afrique du Sud, entre 2017 et 2023, 1985 mammifères ont été braconnés alors que des millions de dollars ont été dépensés en chiens de pistage, rangers et autres caméras de détection. Plus de 700 braconniers ont néanmoins été arrêtés.

« Pourtant, nous n’avons trouvé aucune preuve statistique que ces interventions aient réduit le braconnage (la demande en cornes, les inégalités de richesse, les réseaux criminels intégrés et la corruption se combinent probablement pour favoriser le braconnage, même à haut risque) », remarquent des chercheurs sud-africains dans une étude publiée le 5 juin 2025 dans la revue Science. Avec une justice trop souvent inefficace et une corruption galopante, la menace ne faiblit pas.

Quelle solution alors? Depuis quelques années, une nouvelle méthode est utilisée: l’écornage. Les cornes de l’animal sont coupées préventivement, une précaution qui doit être renouvelée régulièrement car ces appendices sont en kératine, comme les ongles, et ils repoussent donc de quelques centimètres par an environ.

Une méthode efficace et relativement bon marché

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont souhaité évaluer si cette approche est efficace, en prenant en compte l’écornage de 2284 rhinocéros noirs et blancs sur sept ans, avec une répétition de l’opération tous les 18 mois environ. Et ils ont « trouvé des preuves statistiques solides selon lesquelles l’écornage réduisait le braconnage », indiquent-ils.

L’écornage permet ainsi de faire baisser de 78% le braconnage. Par ailleurs, les criminels entrent moins dans les réserves pour ne pas prendre de risques qui s’avèreraient inutiles. Autre avantage: l’écornage ne peut pas être évité par la corruption qui peut régner dans les équipes d’intervention, la police et les tribunaux, ce qui n’est pas le cas avec les méthodes traditionnelles où les braconniers obtiennent par exemple parfois des renseignements sur le chemin suivi par les patrouilles de rangers.

« En utilisant des données couvrant toutes les réserves et toutes les années, nous avons estimé à 13 % le risque qu’un rhinocéros cornu soit victime de braconnage au cours d’une année donnée, contre 0,6 % pour un rhinocéros écorné, ce qui représente une réduction de 95 % du risque relatif de braconnage », soulignent les chercheurs. Ils estiment qu’entre 70 et 134 rhinocéros ont évité le braconnage dans les 12 mois qui ont suivi leur écornage.

Cette méthode est efficace, mais elle est aussi bon marché. L’écornage coûte 570 dollars par opération, soit, en tout, 1,2% du budget alloué à la protection de ces animaux.

Entre 5 et 15 cm de corne restants

Faut-il écorner tous les rhinocéros d’Afrique du Sud? La question se pose mais amène aussi son lot d’inconnues. En effet, il est possible que cette méthode ne conduise à terme qu’à déplacer le problème vers d’autres zones, sur des animaux cornus. En outre, les conséquences de l’écornage sont encore peu évidentes, même si ce procédé ne réduirait pas la reproduction des rhinocéros ou leur survie.

A noter aussi qu’une centaine de rhinocéros ont été braconnés malgré l’écornage, les criminels ciblant les 5 à 15 cm de corne basale restants. Les rangers gardent donc un rôle à jouer. Si la solution est efficace, elle n’offre malheureusement pas une protection absolue.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burkina Faso, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here