Les Chats Vont-Ils Arrêter De Ronronner

Les Chats Vont-Ils Arrêter De Ronronner
Les Chats Vont-Ils Arrêter De Ronronner

Africa-Press – Burkina Faso. Mystérieux ronronnement. Les humains côtoient les chats depuis au moins 7500 ans. Un rapprochement qui s’est fait par convergence d’intérêt: « Avec l’agriculture inventée au Moyen-Orient, l’humain accumule des grains qui attirent les rats, eux-mêmes suivis des chats qui, en plus, se nourrissent de serpents venimeux et de scorpions », expliquait dans un de nos précédents articles Eva-Maria Geigl, de l’Institut Jacques-Monod. Pourtant, malgré ce long cheminement, l’humain a encore du mal à saisir toutes les subtilités du chat et en particulier son ronronnement, une forme de communication qui engage tout son appareil vocal mais pas son cerveau !

Un gène qui module les vocalises

D’où vient ce comportement? Pourquoi certains chats l’utilisent-ils plus que d’autres? Pour mieux décrypter Felis catus, une équipe japonaise de l’université de Kyoto a étudié le génome de 280 chats domestiques. Leur travail s’est concentré sur un gène bien particulier, celui du récepteur aux androgènes (AR), connu pour son rôle dans le développement de comportements influencés par les hormones sexuelles. Chez l’humain comme chez d’autres mammifères, certaines variantes de ce gène sont liées à des traits de tempérament. Chez les chats aussi, visiblement. Les chercheurs ont analysé la séquence de ce gène chez des chats de gouttière, tous stérilisés et vivant dans des foyers japonais, puis ont comparé ces données à des évaluations comportementales fournies par leurs propriétaires.

Les résultats de cette étude observationnelle, publiés dans la revue PLOS ONE, confortent l’hypothèse selon laquelle le ronronnement et la communication vocale reposent sur une base génétique. Ainsi, les chats porteurs de la forme dite « courte » du gène AR sont plus enclins à ronronner et à vocaliser. Les mâles, notamment, miaulent davantage en présence des humains. Chez les femelles, cette même version génétique est corrélée à une agressivité plus marquée envers les inconnus. À l’inverse, les chats porteurs de la version longue du gène se montrent plus calmes et silencieux.

Moins besoin de communiquer

Le ronronnement, comme le miaulement, reste un outil de communication essentiel pour les félins dans certaines situations, notamment en bas âge. « Des études antérieures suggèrent que des vocalisations comme le ronronnement favorisent les soins maternels, ce qui est vital pour la survie du chaton », explique Yume Okamoto, doctorante, première autrice de l’étude et spécialiste du comportement félin. Mais les chats de race, souvent élevés dans des environnements très sécurisés dès la naissance, n’ont pas besoin de recourir à ce type de vocalisation pour obtenir des soins. Or, plusieurs études montrent qu’ils portent plus souvent la forme longue du gène AR, celle qui est associée à une moindre expressivité. A l’inverse, les chats issus de refuges ou provenant de la rue, semblent davantage dotés de la version courte.

Ces résultats suggèrent que l’émergence de ces types plus longs pourrait résulter de modifications génétiques liées à la domestication et à la sélection génétique. Ainsi, de façon assez contre-intuitive, les chats apprivoisés (et de race pure) auraient tendance à moins ronronner. « Nous pensons que la diminution de la vocalisation pourrait être un trait spécifique aux chats domestiques, reflétant un processus de domestication dans lequel la communication vocale est devenue moins essentielle à la survie », suppose la scientifique.

Pour étayer cette hypothèse, les chercheurs ont comparé les séquences génétiques de leur panel à celles de onze autres espèces de félins, comme le chat viverrin (Prionailurus viverrinus) ou le chat léopard du Bengale (Prionailurus bengalensis). Aucun de ces cousins sauvages ne possède la version longue du gène, ce qui suggère qu’elle est apparue récemment, sans doute sous l’influence de la sélection par l’humain.

Vers la fin du ronron?

Le projet de l’équipe japonaise ne prévoit pas, pour l’instant, de mesures acoustiques précises sur la fréquence ou la nature du ronronnement. « Nous nous concentrons sur les bases génétiques de certains comportements distinctifs chez les chats. À l’avenir, nous voulons analyser d’autres gènes et étendre notre étude à un plus grand nombre d’espèces félines », indique la chercheuse. L’objectif affiché est de mieux comprendre les comportements pour améliorer les conditions de vie des animaux en captivité ou en élevage, et de contribuer à leur bien-être via une meilleure anticipation des traits comportementaux.

En attendant, la question demeure: si la sélection artificielle continue de favoriser des chats discrets, affectueux mais silencieux, que restera-t-il du ronronnement dans quelques dizaines de générations? Rien n’est certain car le ronronnement reste associé aux soins maternels. Dans la nature, un chaton silencieux pourrait être moins bien nourri ou protégé, réduisant ses chances de survie et donc de reproduction. « Cette pression de sélection naturelle pourrait contribuer à maintenir le comportement vocalique d’une génération à l’autre », conclut la chercheuse.

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