Héritage Sociologique de Norbert Zongo par Dr Fofana

Héritage Sociologique de Norbert Zongo par Dr Fofana
Héritage Sociologique de Norbert Zongo par Dr Fofana

Africa-Press – Burkina Faso. La présentation discutée de l’ouvrage de Dr Habibou Fofana, intitulé « L’affaire Norbert Zongo, un mouvement de revendication populaire pour la vérité et la justice au Burkina Faso », a eu lieu ce samedi 11 octobre 2025 à Ouagadougou. L’ouvrage, paru en juillet dernier, est extrait de sa thèse de doctorat soutenue il y a bientôt 10 ans, au Centre d’études des mouvements sociaux de Paris.

Le livre est comme un résumé de ce travail de recherche qui revient sur ce que représentait l’homme pour la société et ce que sa lutte aura eu comme impacts après sa mort, avant de chuter sur « l’attente infernale de justice pour l’homme. »

L’histoire de Norbert Zongo semble largement connue, mais chaque œuvre traitant de la vie ou des actions de l’homme touche comme un autre pan, presque jamais évoqué auparavant. Avant d’entrer dans le vif du sujet, Dr Habibou Fofana est revenu sur le parcours de l’illustre journaliste, qui est d’abord passé par le journal Sidwaya, puis par le Journal du Jeudi, avant qu’il fonde son journal, L’Indépendant. Il sera retrouvé mort, le 13 décembre 1998, sur la route de Sapouy, en compagnie de trois compagnons de route. Le drame, d’abord qualifié d’accident, sera requalifié en assassinat, après que des enquêtes ont été menées.

Des échanges pour la rédaction de cette œuvre, Dr Fofana dit avoir retenu deux anecdotes qui lui ont été racontées par les proches de Norbert Zongo. La première est celle-ci: « Alors qu’il devait donner une conférence aux étudiants, sa surprise fut grande de voir qu’un tiers de l’auditoire était composé de religieuses catholiques. » La seconde, c’est qu’après sa mort, lorsque le mouvement s’est déclenché pour réclamer justice, ses amis qui étaient en voyage à l’intérieur du pays seront stoppés en pleine brousse par des barricades.

À la question de savoir la raison, les paysans de cette localité leur répondront que le trafic ne reprendra pas tant qu’ils ne seront pas informés de l’identité du commanditaire de l’assassinat de Norbert Zongo. Toute chose qui montre à souhait le large éventail des personnes qui s’intéressaient à ses écrits et s’y sentaient concernées.

Au moment d’aborder ce document, l’enseignant-chercheur pensait titrer l’ouvrage comme suit: « Norbert Zongo, l’être d’exception ».

Mais, confie-t-il, « au fur et à mesure des recherches, je constate qu’on se reconnaît en lui, qu’on se retrouve en lui. Il exprimait ce qu’on ressentait. Du coup, je tire la conclusion selon laquelle l’homme n’est plus exceptionnel, mais plutôt commun. (…) C’était le meilleur de nous, de ce que nous avions de commun. Lorsqu’on regarde ce que son assassinat a entraîné, c’est ce à quoi nous tenions qui a été ébranlé. Il s’agissait d’une commotion morale qui a frappé notre pays, le degré suprême du choc. On ne s’est pas arrêté à l’émotion du moment. Cela s’est transformé en organisation collective pour la vérité et en résilience pour exiger justice pour les années à venir. »

Pour ce qui est du fond du travail, l’écrivain expose deux qualificatifs qui collent à la vie de l’ex-directeur de publication de l’Indépendant: révélateur et catalyseur.

D’abord parce que le Burkina Faso s’est transformé en un vaste champ où s’exprimaient les douleurs. « Rarement la rue et les autres sphères où la parole pouvait s’exprimer auront été des lieux d’expression de l’opinion publique », a instruit Dr Fofana, comme pour signifier que son décès a révélé ce qu’étaient en réalité les Burkinabè: un peuple en quête de liberté et déterminé à protéger ses valeurs les plus intrinsèques.

À ce propos, souligne-t-il, l’affaire Norbert Zongo est aussi révélatrice car elle a mis en lumière la capacité de réaction de la communauté burkinabè, de sa force interne. « Des divergences des uns et des autres, l’on est parvenu à taire les animosités pour poursuivre un but commun », s’est-il exprimé. Selon les dires de Dr Fofana, cette affaire a été une sorte de catalyseur, qui a boosté au-devant de la scène des hommes qui s’imposeront comme des rebelles, mais aussi des ressources morales.

Il a évoqué le travail à l’unisson des uns et des autres, qui a abouti à la création d’une commission d’enquête indépendante, laquelle produira un rapport. Dr Habibou Fofana a aussi souligné la création d’un collège de sages.

« Finalement, l’analyse c’est de voir ce qu’apportait Norbert Zongo à son peuple, au point que des gens tiennent, au prix de leur vie, à réclamer justice pour lui. Et on retient entre autres qu’il était la voix des sans-voix, un pédagogue, qui expliquait avec un langage accessible ce qui était normal et ce qui ne l’était pas.

Il apparaissait comme un gardien moral, celui-là même qui distillait des leçons chaque semaine à la société, prônant l’honnêteté, la charité, la sacralité de la vie, la protection du plus faible, la recherche de la justice. On se souvient de ses articles sur les enfants de Garango et la veuve Somé », a-t-il rappelé. Le document chute sur un chapitre intitulé « L’affaire Norbert Zongo, une délibération inachevée ».

Rappelons que deux personnalités ont exposé ce qu’elles pensaient de l’œuvre. Il s’agit de Pr Abdoul Karim Saïdou et de Dr Cyriaque Paré.

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