Abdel-Latif Boureima
Africa-Press – Burkina Faso. Près de 600 millions d’Africains subsahariens demeurent sans accès à l’électricité en 2024, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Une situation qui rend le renforcement des réseaux de transport et de distribution crucial pour combler le retard énergétique du continent.
« L’Afrique ne pourra réussir sa transition énergétique sans d’abord renforcer ses réseaux de transport d’électricité », a averti Keith Katyora, responsable des systèmes électriques à l’Energy Council of South Africa, dans un entretien rapporté par la presse ghanéenne jeudi 16 octobre 2025.
Selon lui, les projets d’énergies renouvelables se développent plus vite que les infrastructures censées les relier aux consommateurs. Un constat qui fait écho au rapport World Energy Investment 2024 de l’AIE. Les dépenses consacrées aux réseaux africains d’électricité représentent moins de 15 % des investissements électriques totaux du continent, contre plus de 40 % au niveau mondial, selon ce rapport.
Parallèlement, la production d’énergie renouvelable progresse, avec de nombreux projets solaires et éoliens en préparation à travers le continent. En Afrique du Sud, la société publique Eskom estime qu’il faudra 14 200 km de nouvelles lignes d’ici 2035 pour raccorder une capacité renouvelable en forte expansion.
Pour rattraper ce retard, le ministère sud-africain de l’Énergie a lancé en 2024, le Independent Transmission Program (ITP), qui permet à des acteurs privés de construire et d’exploiter certaines sections du réseau national.
À l’échelle continentale, la Banque africaine de développement (BAD) estime les besoins d’investissements dans le secteur électrique à 454 milliards USD d’ici 2030, dont une part importante destinée à la transmission et à la distribution. En mars 2024, la BAD et la Banque mondiale ont annoncé la création d’un fonds régional de 1,3 milliard USD pour renforcer les interconnexions en Afrique australe et orientale. Des initiatives visant à réduire les pertes d’énergie que l’AIE évalue à près de 15 % sur le continent.
La BAD et le Fonds monétaire international (FMI) relèvent par ailleurs que plus de 60 % des compagnies publiques africaines d’électricité sont en déficit, ce qui limite leur capacité à emprunter pour moderniser leurs infrastructures. Une contrainte financière qui contribue à retarder les programmes de transport d’électricité et accentue l’écart avec la production, avec un risque de sous-utilisation des nouvelles capacités vertes notamment.
Dans ce contexte, l’AIE avertit que sans un rattrapage rapide des réseaux, une part croissante de l’électricité produite ne pourra être évacuée, réduisant la rentabilité des investissements et freinant l’accès à l’énergie.
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