Africa-Press – Burkina Faso. Découverts au début du 20ème siècle dans la formation de Lance, à l’ouest des États-Unis dans le Wyoming, deux squelettes d’Edmontosaurus annectens avaient stupéfié les paléontologues. Leur enveloppe semblait si bien conservée qu’on distinguait la texture de la peau, des piquants le long du dos et même des sabots aux pieds. Longtemps, ces fossiles furent considérés comme les plus spectaculaires momies de dinosaures jamais découvertes. Mais des travaux récents contredisent cette assertion: en fait de momies, il s’agit d’un nouveau processus de fossilisation qui a été identifié.
Des moules d’argile façonnés par les bactéries
Les Edmontosaures étaient de gros dinosaures herbivores appartenant à la famille des hadrosauridés encore appelés dinosaures à bec de canard. Ces animaux étaient répandus dans une grande partie de l’Amérique du Nord à la fin du Crétacé. De nombreux fossiles de ces animaux ont été découverts et ils sont donc bien connus. Aucun ne possèdent cependant autant de détails que les momies du Wyoming qui conservent le squelette en connexion, avec peau, piquants et sabots dessinés dans la roche.
Les chercheurs les ont réexaminés à l’aide de la microscopie électronique, de l’imagerie CT et de la spectroscopie aux rayons X. Toutes ces analyses, dont le détail est publiée dans la revue Science, convergent vers le même constat: il n’existe plus la moindre trace de matière organique. Ce qui ressemble à de la peau n’est en réalité qu’une fine pellicule d’argile, épaisse de moins d’un millimètre, prise en sandwich entre les grains de sable. Cette découverte s’explique par un processus de conservation, observé pour la première fois, que les auteurs appellent « modelage argileux ».
Après la mort de l’animal, des bactéries ont proliféré à la surface du corps en décomposition, formant un biofilm visqueux qui a attiré, par attraction électrostatique, les particules d’argile présentes dans le sédiment. En se collant à cette pellicule microbienne, ces particules ont reproduit en trois dimensions la texture de la peau avant sa disparition. Une fois les chairs dissoutes, il ne restait alors plus qu’un moule d’argile, fidèle à la forme du corps. « Il est tout à fait possible que ce mécanisme se soit aussi produit chez d’autres momies de dinosaures », explique Stephanie L. Baumgart de l’Université de Floride. « Tout dépend du contexte environnemental et de la vitesse d’enfouissement: il faut que des particules d’argile soient disponibles dans le sédiment et qu’elles soient attirées vers le biofilm microbien formé à la surface du corps ».

Des sabots, une crête et des indices sur l’évolution
En plus des spécimens déjà connus, les paléontologues annoncent également la découverte de deux nouvelles momies, un juvénile et un adulte, surnommés « Ed Jr. » et « Ed Sr. », exhumées dans la même formation. Le plus jeune, âgé d’environ deux ans, montre un relief charnu courant du cou au tronc, tandis que l’adulte conserve une rangée complète de piquants le long de la queue et des sabots bien développés aux pattes postérieures.
Ces sabots, composés de kératine comme nos ongles, ressemblent davantage à ceux d’un cheval qu’à des griffes de reptile. « Le contour du sabot n’était pas collé contre l’os mais s’étendait vers l’extérieur, un peu comme chez les chevaux », précise Stephanie Baumgart. En observant leurs empreintes fossiles, il a aussi été découvert des traces des coussinets plantaires qui devaient amortir les chocs et répartir le poids du corps. « Ces adaptations, typiques des herbivores de grande taille, suggèrent qu’Edmontosaurus était un marcheur endurant, capable de se déplacer sur de longues distances », complète la scientifique.

L’étude montre aussi que ces dinosaures pouvaient alterner entre la marche à quatre pattes et une course en bipédie. « Les hadrosaures marchaient probablement à quatre pattes à faible allure, puis se redressaient pour courir. C’est la première trace connue d’animaux munis de sabots capables d’une locomotion bipède ». Enfin, les chercheurs ont révisé la structure de la crête dorsale d’Edmontosaurus. Les piquants qui la parcouraient n’étaient pas disposés au hasard, mais alignés sur les vertèbres et se chevauchant légèrement les uns les autres, un motif proche de celui qu’on observe aujourd’hui chez certains lézards.
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