Invasion des quartiers par les garages « sauvages » : Ce mal qui crée désagréments et désolation à Ouagadougou

Invasion des quartiers par les garages
Invasion des quartiers par les garages "sauvages" : Ce mal qui crée désagréments et désolation à Ouagadougou

Africa-PressBurkina Faso. Dans des villes comme Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso, les garages ont poussé ces dernières années comme des champignons dans les quartiers. Une situation déplorée par certains citoyens burkinabè face aux désagréments et parfois la désolation qu’ils occasionnent au sein de familles situées à proximité de ces sites qui réparent les engins à quatre roues ou de gros porteurs.

Les journaux et les réseaux sociaux font régulièrement cas d’incendies de garages. L’un des sinistres les plus récents est celui qui a ravagé plusieurs véhicules dans un parc de stationnement de camions citernes sur la route nationale n°1 (axe Ouagadougou – Bobo-Dioulasso) le 30 mai 2021. Le 5 février 2020, l’explosion du réservoir d’un camion a fait un mort et un blessé grave dans un garage de véhicules au secteur n°51 de l’arrondissement n°11 de Ouagadougou, d’après un communiqué du procureur du Faso.

Devant la menace pour les ménages que représentent certains de ces garages implantés en pleine capitale, nous avons recueilli l’avis de riverains à Ouagadougou. Ils sont tous unanimes sur le fait que c’est une activité à encadrer.

« De plus en plus, pour peu qu’il y ait une parcelle libre dans une rue, elle est vite transformée en garage. Ils commencent souvent avec deux ou trois véhicules. Au départ, ils réparent les engins de ceux qui viennent et qui repartent avec. Mais au fur et à mesure, il y a certains véhicules qui “meurent” sur place et deviennent encombrants pour le voisinage, tout en obstruant le passage des usagers de la route. Cela réduit aussi la marge de manœuvre des enfants pour leur épanouissement. Et pendant la saison hivernale, ces lieux deviennent des nids de moustiques », explique Simandé Konkobo, agent à la Direction régionale des examens et concours du centre.

Jacquie Sombié, comptable au Réseau des caisses populaires du Burkina Faso, quant à elle, se dit formellement contre l’implantation de ces garages en plein quartier. « En tout cas, je suis contre ! », a-t-elle lancé avant d’apporter des arguments.

« La dernière fois, par exemple, on a vu dans un quartier qu’un garage a pris feu et cela a créé des dommages aux voisins. En ce moment-là qui va dédommager ces familles ?

Et puis non seulement le bruit des moteurs dérange mais cela représente aussi un danger pour nos progénitures quand on sait que des reptiles peuvent trouver refuge dans des véhicules stationnés dans les garages où vont jouer nos enfants », a-t-elle confié, avant de suggérer que les autorités soient plus regardantes sur ce phénomène en initiant un dialogue avec les concernés en vue de remédier à la situation.

« Je pense que si on avait un site où on pouvait les canaliser de sorte qu’on sache que tel quartier ou telle zone est réservé(e) aux garagistes et ce sera à chacun de s’y rendre en cas de besoin », propose Jacquie Sombié.

De son côté également, Simandé Konkobo estime que l’affaire doit être prise à bras le corps. « Ce que je propose c’est que les municipalités touchent les intéressés pour qu’ils voient ensemble comment ils pourraient trouver une solution à l’implantation des garages dans les quartiers résidentiels. Parfois, les gens voient un phénomène qui, à long terme, va devenir un souci mais on ferme les yeux, on laisse faire jusqu’à ce que les choses se compliquent. »

Il y a quelques années, un maire de la capitale avait évoqué l’idée de délocaliser ces garages sur un site à la périphérie de la capitale. Mais en lieu et place de garages, ce seraient des immeubles qui y poussent. « Un site avait effectivement été identifié vers Bassinko. Mais aujourd’hui on voit que ce sont plutôt “des étages qu’on « gare » sur ces parcelles et non des garages.” Moi, je me dis qu’il fallait aller jusqu’au bout. On sait qu’il est difficile de déplacer tous les garages de Ouagadougou vers un seul lieu. Mais on aurait pu faire en sorte que dans tous les arrondissements, des espaces leurs soient dédiés. Ce qui permettrait de mieux sécuriser et d’encadrer leurs installations », a-t-il commenté.

Une bonne idée à peaufiner

Charles Kaboré est l’un de ces garagistes. Il estime que le projet évoqué par la mairie de Ouagadougou il y a quelques années est une bonne idée qui nécessite cependant d’être peaufinée.

« Je pense que l’idée n’est pas mal, c’est pour le bien-être de toute la nation. Cependant, il fallait pour moi essayer de bien aménager la zone qui avait été réservée pour les garages afin qu’elle soit favorable à l’activité que nous menons. Je fais allusion à l’existence de l’électricité, l’eau, etc. Et surtout encourager les garagistes à y adhérer », propose-t-il, avant de souligner qu’il serait difficile pour tout le monde aussi bien pour les clients que les garagistes eux-mêmes d’accéder au seul et unique site de garage pour une ville si grande comme Ouagadougou.

Pour cela, il suggère que l’Etat déconcentre le projet « d’un seul garage » pour la ville de Ouagadougou. « Au lieu que tous les garages soient concentrés à Bassinko, que l’on localise des endroits dans différents arrondissements. Ceux qui sont au quartier de Ouidi jusqu’à Tampouy pourraient se retrouver à Yagma par exemple, ceux de Saaba vers Kombissiri, etc. » Hamed Nanéma

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