
Benjamin Roger
Africa-Press – Burkina Faso. Quatre officiers accusés d’avoir fomenté un putsch contre le régime de transition ont été arrêtés le 27 septembre à Ouagadougou. Ils étaient, pour la plupart, à la tête d’unités spéciales.
Deux jours après avoir suspendu Jeune Afrique pour la publication d’articles faisant état de tensions dans les rangs de l’armée, les autorités de transition burkinabè ont affirmé, mercredi 27 septembre, avoir déjoué la veille une « tentative avérée de coup d’État ». « Des officiers et d’autres acteurs présumés impliqués dans cette tentative de déstabilisation ont été interpellés et d’autres [sont] activement recherchés », indique le communiqué gouvernemental.
Un autre communiqué, du tribunal militaire de Ouagadougou cette fois, précise que quatre officiers soupçonnés d’être impliqués dans un « complot contre la sûreté de l’État » ont été interpellés et que deux autres sont « en fuite ».
Selon des sources militaires concordantes, les quatre gradés en question sont le commandant Abdoul Aziz Aouoba, qui dirige le Commandement des opérations spéciales (COS), le lieutenant-colonel Boubacar Keïta, directeur de l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC), le lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara, commandant de la légion spéciale de la gendarmerie nationale, et le capitaine Christophe Maïga, commandant adjoint de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (Usign).
Une « ambiance bizarre » à l’état-major
Tous ont été convoqués mercredi 27 septembre à l’état-major général des armées, à Ouagadougou, où ils ont été interpellés avant d’être conduits dans des lieux de détention inconnus. Un autre officier, membre de la gendarmerie, avait aussi été convoqué mais il a réussi à s’éclipser discrètement, à peine arrivé, « après avoir trouvé l’ambiance bizarre à l’état-major », indique une de nos sources.
Le lieutenant-colonel Boubacar Keïta est issu de la septième promotion du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK). Il a ensuite fait toute sa carrière à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP) avant de prendre la tête de l’ISEPC. En 2015, il avait fait partie des meneurs parmi les officiers loyalistes qui avaient mis en échec le putsch du général Gilbert Diendéré, ex-chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré.
Le lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara est une de ses vieilles connaissances : lui aussi membre de la septième promotion du PMK, il a été gravement blessé lors de sa formation et en est finalement sorti à la promotion suivante, la huitième. Figure de la gendarmerie nationale, c’est lui qui en dirigeait toutes les unités spéciales.
Forces spéciales
Autre membre de la huitième promotion du PMK : le commandant Abdoul Aziz Aouoba. Comme le lieutenant-colonel Keïta, il a fait carrière dans la brigade des sapeurs-pompiers. En 2021, quand l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré institue des forces spéciales (FS) au sein de l’armée, Aouoba décide de rejoindre ce nouveau corps. Il fait notamment partie des premiers officiers formés par les forces spéciales françaises du dispositif Sabre basées à Kamboinsin, en périphérie de Ouagadougou.
Enfin, le capitaine de gendarmerie Christophe Maïga est le plus jeune des quatre officiers accusés de complot par le régime d’Ibrahim Traoré. Il était de facto à la tête de l’Usign ces dernières semaines car son chef, le commandant François Zoungrana, est actuellement en formation en école de guerre en Angleterre.
Source: JeuneAfrique
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