Africa-Press – Burkina Faso. Lancé en 2019, le Projet de renforcement de la résilience climatique au Burkina Faso (HYDROMET-BF), financé à 18 milliards de FCFA par la Banque mondiale, en partenariat avec le Fonds vert pour le climat (FVC) et l’Etat burkinabè, a enregistré de nombreux acquis. A une année de la fin du projet, une visite-terrain dans la commune de Ouagadougou a, jeudi, 25 avril 2024 à Ouagadougou, permis de toucher du doigt les installations et acquisitions.
Le projet de renforcement de la résilience climatique au Burkina Faso (HYDROMET-BF) est, faut-il le souligner, né de la volonté commune du gouvernement du Burkina, de l’Association internationale de développement (IDA) et du Fonds vert pour le climat (FVC), d’engager des actions en faveur de l’amélioration des services hydrométéoroliques, climatiques, d’alerte précoce et de réponse aux catastrophes naturelles du pays et de les rendre plus accessibles aux secteurs et communautés visés.
Pour l’atteinte des objectifs, le projet déroule ses actions à travers le renforcement de capacités de cinq agences d’exécution. Il s’agit de l’Agence nationale de la météorologie (ANAM) ; de la Direction générale de la protection civile (DGPC) ; du Système d’alerte précoce (SAP) ; du Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR) et de la Direction générale des ressources en eau (DGRE) pour la prévention et la gestion des crises liées aux changements climatiques.
Une sortie de terrain a permis de noter l’effectivité de réalisations et acquisitions faites dans le cadre de ce projet placé sous tutelle technique du ministère des Transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière.
La première destination de ce périple a été la direction générale de l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), sise arrondissement N°4 de Ouagadougou. Là, les réalisations et acquisitions ont été expliquées par les responsables des lieux, suivie d’une visite guidée de celles-ci. Outre l’imposant bâtiment à trois niveaux, chargé d’abriter le centre de veille et d’alertes et des services techniques, la structure a, selon les interlocuteurs, bénéficié de matériels techniques adaptés au contexte national.
Le joyau est équipé d’ateliers, de compartiment de pièces de rechange, de matériels informatiques et de maintenance. Le dispositif est également pourvu d’un champ solaire, chargé d’alimenter les “postes sensibles” ; ce qui permet également de rendre efficaces et dynamiques, les missions de cette agence au profit des populations. « La météo concerne tout le monde. (…). Toutes ces réalisations dans le cadre de HYDROMET vont permettre de fournir des informations de façon efficace et efficiente aux populations en matières de données météorologiques », a ici souligné le responsable en charge des infrastructures de l’ANAM, Lassina Traoré, pour ainsi mettre en exergue l’enjeu de renforcement technique, matériels et logistiques de l’Agence.
Toujours selon les explications, au niveau de la ville de Ouagadougou, HYDROMET a permis d’installer des stations, permettant ainsi de suivre la pluviométrie. « Ce d’autant qu’avec le changement climatique, les inondations sont récurrentes. Cela pourrait permettre d’expliquer d’éventuels évènements », justifie-t-on, ajoutant que d’autres acquisitions, des réhabilitations et réalisations de stations sont prévues pour répondre aux exigences du moment.
Il y est également ressorti que dans le cadre de la convention entre le Burkina et l’Organisation mondiale de la météorologie, des « acquisitions majeures » sont prévues pour équiper le centre de veille.
A quelques encâblures au sud de là, dans l’arrondissement N°2, s’élève le bâtiment du siège de la direction des études et de l’information sur l’eau (Direction générale des ressources en eau). Toutes les compétences y sont mobilisées pour le travail. Après une présentation technique faite par l’architecte Ahmadou Demba Eric Yao, les responsables en charge des travaux ont permis une visite du bâtiment en construction. Toutes les dispositions sont prises pour rendre un bâtiment qui répond aux promesses, tant de qualité que de design.
Pour cela, le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics veille au grain par le contrôle, aux côtés du cabinet d’architecture Carrure et de l’entreprise Sicalu BTP. De quoi réjouir le bénéficiaire, à savoir le ministère de l’Environnement, de l’eau et de l’assainissement (précisément la direction générale des ressources en eau). Ce bâtiment R+2 va donc abriter le centre de veille sur les inondations.
Le service sera opérationnel 24h sur 24, surtout pendant la saison des pluies, pour observer la dynamique pluviale sur l’étendue du territoire, aux fins d’alerter les populations, s’il y a lieu (un dispositif minimum existe déjà à cet effet, en attendant la finalisation de ce projet). Beaucoup de matériels sont donc acquis avec le projet HYDROMET pour être installés sur l’ensemble du territoire dans les zones à risques d’inondations.
Au niveau de la direction générale de la protection civile, sise centre-ville, dans l’arrondissement N°1, les réalisations et acquisitions de HYDROMET sont dévoilées par les responsables. Cette présentation au siège a été suivie d’une visite des acquisitions dans une brigade nationale des sapeurs-pompiers sise à Boulmiougou (sortie ouest de la capitale). A cette agence également et ses démembrements, les moyens sont acquis, à l’image des ambulances, véhicules d’incendie, citerne, etc. Ces renforcements logistiques et techniques bénéficient également aux unités qui sont en dehors de Ouagadougou.
Ici également, on note en outre, des renforcements de capacités, notamment des formations des sapeurs-pompiers, la sensibilisation et la formation de leaders communautaires et des membres de délégations spéciales.
« Le projet consiste en l’acquisition, installation et la mise en service d’une solution de télécommunication sans fil à large bande pour les applications de sûreté publique. Cette solution a pour objectif principal de fournir des services de la communication vocale, les appels de groupe, les appels d’urgence, SMS, MMS, la vidéo-mobile et le système d’information géographique ; les centres de commandement et salles de supervision des opérations. La solution déployée sera un support de moyens de communication et de gestion des opérations d’interventions des équipes terrains avec une efficacité et un temps de réponse optimal au niveau des villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso », a expliqué le chargé du suivi-contrôle, Tanguy Belemsigri. Il précise que ce projet va s’appuyer sur le backbone national et la fibre optique, aidé en cela par des unités mobiles pour pallier les zones qui ne sont pas couvertes par ces installations.
Un taux de consommation de 57%, à moins d’une année de la fin
Selon le directeur général de la projection civile, colonel-major Lazare Yago, l’apport de HYDROMET est capital, « en ce sens que nous avons pu réaliser beaucoup de choses. Nous avons pu par exemple renforcer les capacités en matières de formations dans plusieurs domaines techniques propres à la protection civile. Nous avons également pu acquérir de nombreux moyens d’intervention, aussi bien des ambulances que des engins de lutte contre l’incendie. Nous avons aussi acquis des moyens particuliers qui permettent aujourd’hui aux sapeurs-pompiers de disposer d’un équipement pour produire l’oxygène pour le besoin des blessés. C’est un important projet, car il est nécessaire de pouvoir disposer d’un centre de gestion de crises, avec tous les éléments, tout le matériel qu’il faut ».
La visite à la brigade des sapeurs-pompiers a permis de constater de visu une partie du matériel avec le commandant de la huitième compagnie d’incendie et de secours de la BNSP (brigade nationale des sapeurs-pompiers), Arsène Marie Wilfried Badolo et lieutenant Sidi Stéphane Nana. « Nous avons, de la part du projet HYDROMET, reçu deux engins d’intervention: une ambulance et une citerne. Ce sont des engins qui permettent d’accroître la capacité opérationnelle, car permettant de traiter beaucoup plus d’interventions, surtout le type de véhicule permet d’accéder aux endroits moins accessibles pour secourir », explique commandant Arsène Marie Wilfried Badolo, se félicitant donc des caractéristiques techniques des acquisitions.
« Le compartimentage permet de mettre beaucoup de matériels à l’intérieur. On a par exemple de l’oxygène, donc une victime qui a des difficultés respiratoires, on arrive à l’évacuer et à la conduire jusqu’à l’hôpital. On arrive aussi à l’immobiliser, pour quelqu’un qui a une suspicion de fracture ; on a le matériel, il y a assez de place pour installer la victime, un accompagnant et un secouriste qui suit la victime jusqu’à l’évacuation à l’hôpital. On peut donc dire que c’est un moyen qui répond à nos attentes », décrit-il. En ce lieu, on recense en outre un dispositif de production d’oxygène ; un grand apport, selon les responsables.
Au niveau du Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/ CONASUR), c’est le chef de département de la prévention des catastrophes, Boureima Nacanabo, qui dresse d’abord un état des lieux et présente la structure dans ses missions. « Avec HYDROMET, nous avons un partenariat, qui nous a permis de faire des acquisitions en moyens roulants, notamment deux pickups, deux camions de dix tonnes et deux autres de quarante tonnes pour le convoyage des vivres, un camion citerne pour le ravitaillement en cas de problème d’eau, un groupe électrogène pour suppléer aux coupures d’électricité. Cet accompagnement a un enjeu majeur, dans la mesure où cela renforce les capacités de fonctionnement et permet de jouer pleinement notre rôle à l’intérieur du pays, en matière de logistique. Nous allons donc dire merci à HYDROMET de nous avoir permis d’avoir ce plus, qui nous permet d’être plus efficaces », accueille M. Nacanabo, qui précise que les acquisitions et réalisations sont faites en fonction des besoins exprimés par les agences bénéficiaires.
Après les locaux administratifs, cap a été mis sur le magasin CONASUR, dans le quartier Samandin, dans le même arrondissement, avec Mandi Siéouyan, en service au département prévention des catastrophes, point focal au projet HYDROMET. Là, ce sont des camions et un personnel en pleins chargements de vivres pour convoyer à l’intérieur du pays qui étaient à la tâche.
A l’issue de ce périple, le coordonnateur du projet HYDROMET, Simon Kaboré, a fait un point global des réalisations à ce stade. Il se réjouit de la dynamique des agences d’exécution dans la mise en œuvre des activités. « Le projet qui a démarré en 2019 est actuellement en train d’amorcer sa vitesse de croisière. Ce qui nous amène à pouvoir réaliser l’ensemble des grosses activités au niveau du projet pour la période 2024 seulement. C’est dire que pour 2024, nous devrons exécuter l’ensemble des activités qui pourraient apporter des ingrédients dans le sens de pouvoir réaliser les objectifs du projet pour toute la période des cinq ans. Partant de ce qui a été vu sur le terrain, on ne peut pas dire qu’on est totalement satisfait ; parce que, comme on l’a récemment dit, le projet a rencontré d’énormes difficultés et il s’est remis de celles-ci pour se retrouver dans une vitesse de croisière qui pourrait accélérer la mise en œuvre des activités importantes pour la réalisation des missions ou objectifs du projet. C’est dire que nous sommes confiants et avons espoir qu’avant la fin de l’année 2024, nous allons réaliser l’ensemble des activités les plus capitales pour l’atteinte des objectifs du projet. Je parle notamment du bâtiment de la DEIE qui est en cours, de la solution PS LTE (solution de télécommunications sans fil à large bande pour les applications de sûreté publique) en cours avec la DGPC et aussi les grandes acquisitions qui sont prévues dans le cadre de deux conventions avec l’OMM et la DGRE et l’ANAM », dévoile M. Kaboré.
Prévu pour se refermer le 15 janvier 2025, le projet HYDROMET (18 milliards de FCFA) est, à cette date, à un taux de consommation/décaissement de 57%, selon son coordinateur.
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