Nadoun Coulibaly – à Abidjan
Africa-Press – Burkina Faso. Jusqu’au bout, il aura incarné la figure du patriarche à l’esprit vif. L’infatigable artisan du développement, Pierre-Claver Damiba, premier président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), s’en est allé à 87 ans. De la création de l’institution en 1975 jusqu’en 1981, il l’a accompagnée dans ses premiers pas pour la transformer, au fil du temps, en pilier financier de l’intégration économique des pays de l’Union économie et monétaire ouest-africaine. (Uemoa).
« Le président Damiba a laissé une empreinte indélébile sur la BOAD et sur la région entière. Son approche innovante consistait à positionner la BOAD comme une banque d’affaires capable d’offrir des crédits à long terme et de prendre des participations dans des secteurs industriels. Parallèlement, il a mis en place des mécanismes pour soutenir le marché financier, renforçant ainsi la structure économique de la région », a réagi dans un communiqué le Béninois Serge Ekué, président actuel de l’institution basée à Lomé, au Togo.
Plusieurs fois ministre au Burkina Faso (Plan et Travaux Publics de 1966 à 1971) sous l’ère du général Sangoulé Lamizana, il avait ensuite entamé une carrière internationale, d’abord comme conseiller Afrique du vice-président de la Société financière internationale (SFI), filiale du groupe de la Banque mondiale, avant d’assumer les fonctions de directeur du programme régional Afrique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Oncle du tombeur de Roch Marc Christian Kaboré
Partisan de l’essor du secteur privé, Damiba a œuvré à faire émerger des entrepreneurs burkinabè comme Apollinaire Compaoré, le patron du groupe Planor Afrique, ou Idrissa Nassa, fondateur du groupe Coris, présent dans une dizaine de pays. « Pierre-Claver Damiba a accompagné la transformation de la Financière du Burkina en Coris Bank. Je garde de lui l’image d’un homme intègre, rigoureux et visionnaire. Porté sur la prospective, il nous a toujours incités à nous projeter sur l’avenir », a déclaré le banquier.
Natif de Koupéla en 1937, Damiba était un spécialiste du secteur privé et des politiques publiques, nanti d’un diplôme d’études supérieures en banques et planification du développement du Centre d’études financières, économiques et bancaires de Marseille. Oncle du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, tombeur de Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2022, Pierre-Claver Damiba avait collaboré comme consultant du cabinet Ipsos, dirigé par Albert Ouédraogo, devenu plus tard Premier ministre du régime Damiba. « Monsieur Damiba est resté jeune dans sa tête et avait beaucoup d’idées novatrices pour le développement. Sa disparition est une immense perte pour le Burkina », a commenté l’ancien chef du gouvernement de transition.
Source: JeuneAfrique
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