Africa-Press – Burundi. Vous vous rappelez distinctement de la fois où vous avez glissé sur le verglas il y a 8 ans, mais votre premier jour de travail, vous l’avez oublié. Pour quelle raison retenons-nous certaines informations sous forme de souvenirs, et pas d’autres? Des scientifiques ont découvert un nouveau critère qui influerait sur ce processus et qu’ils nomment « valeur prédictive », d’après des travaux publiés dans le Journal of Neuroscience. Seraient stockés en priorité les informations qui permettraient de mieux anticiper de futurs événements.
Notre mémoire est limitée
“La mémoire (à long terme) ayant une capacité et des ressources limitées, les systèmes de mémoire doivent prioriser les informations à encoder”, expliquent les chercheurs de l’université de Yale (Etats-Unis). Depuis 2017, la science a identifié plusieurs facteurs susceptibles de valoir une place dans le précieux espace mental stockant nos souvenirs. Parmi ces critères connus, on trouve l’attention, l’émotion, la motivation, le stress et le sommeil. « Nous testons ici un nouveau facteur qui limite la formation de la mémoire à long terme: la valeur prédictive », annoncent les chercheurs.
Car la mémoire à long terme ne sert pas qu’à se remémorer le passé, mais aussi à élaborer des prédictions qui nous aident face à une nouvelle expérience à nous comporter de manière appropriée et efficace.
Vous vous rappelez distinctement de la fois où vous avez glissé sur le verglas il y a 8 ans, mais votre premier jour de travail, vous l’avez oublié. Pour quelle raison retenons-nous certaines informations sous forme de souvenirs, et pas d’autres? Des scientifiques ont découvert un nouveau critère qui influerait sur ce processus et qu’ils nomment « valeur prédictive », d’après des travaux publiés dans le Journal of Neuroscience. Seraient stockés en priorité les informations qui permettraient de mieux anticiper de futurs événements.
Ce malheureux souvenir de chute sur le verglas vous permettra ainsi probablement à l’avenir de repérer l’abaissement du trottoir avant d’y laisser votre cheville. Cette fonction prédictive est donc basée sur un apprentissage statistique qui nous permet d’appréhender le monde qui nous entoure et nous y préparer. Logiquement, pour la mémoire à long terme, une information n’a donc de valeur prédictive que si elle permet de faire une meilleure prédiction que les souvenirs qui sont déjà stockés.
Une image peut en prédire une autre, et cela se voit dans le cerveau
C’est exactement ce que testent les chercheurs sur dix volontaires épileptiques, dont les cerveaux sont déjà implantés par des électrodes permettant de suivre et traiter leur maladie. Ce sont aussi ces électrodes qui permettent aux chercheurs de traquer l’activité cérébrale dans leur cortex visuel. Exposés à des images apparemment aléatoires, les dix sujets découvrent progressivement que certains vont par paires – par exemple, une plage annonçait toujours une montagne. Grâce à l’électroencéphalographie intracrânienne permise par les électrodes implantées, les chercheurs peuvent enregistrer et isoler les signatures cérébrales de chaque type d’image. Ils observent alors que lorsqu’une plage apparait, la signature correspondant à l’image de la montagne arrive avant même que cette dernière ne leur soit montrée ! La vision de la plage permettait donc bien aux participants de prédire celle de la montagne.
Restait à tester si les volontaires se souvenaient des images, ce qui signerait leur encodage dans la mémoire. Face aux 96 images mélangées à 24 nouvelles qu’ils n’avaient jamais vues auparavant, les participants devaient préciser lesquelles leur semblaient familières, et lesquelles ils pensaient découvrir au moment du test. « Le fait qu’un participant se souvienne ou oublie un élément donné devrait dépendre du fait que cet élément a déclenché une prédiction pendant son encodage », rappellent les auteurs de la publication. Ainsi, un élément qui a généré une prédiction solide et qui s’est vérifiée (la plage est suivie de la montagne) n’a pas besoin d’être stocké, puisque la prédiction s’est parfaitement réalisée sans lui. En revanche, un élément qui n’a pas pu être prédit a dû être encodé et devenir un souvenir, justement pour aider à produire une meilleure prédiction dans le futur.
Nous mémorisons d’abord ce qui améliorera une prédiction imparfaite
Et c’est exactement ce qu’ils observent ! « Nous avons constaté que les éléments oubliés de la première catégorie (par exemple plage, ndlr) déclenchaient des prédictions fiables pendant l’encodage (par exemple l’arrivée de la montagne, ndlr), alors que ceux qui étaient mémorisés n’en avaient pas », détaillent les chercheurs. Des résultats qui suggèrent une interférence entre la génération d’une prédiction et l’encodage sous forme de souvenir, ajoutent-ils. “Une telle interférence fournit un mécanisme par lequel la prédiction peut réguler la formation de la mémoire”, et ainsi “donner la priorité à l’encodage d’informations qui pourraient aider à apprendre de nouvelles relations prédictives“.
Si vous rencontriez à nouveau une plaque de verglas et parveniez à l’éviter, il est donc probable que vous ne vous souveniez pas de l’événement. Ce sera une bonne nouvelle, car c’est sans doute le souvenir bien vivace de votre chute qui vous aura préservé !
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