Africa-Press – Burundi. A Muyinga et Ngozi, provinces du nord du Burundi, des milliers de personnes rapatriées, réfugiées ou simplement affectées par la pauvreté et l’instabilité sociale luttent chaque jour pour survivre. Dans ce contexte difficile, l’International Rescue Committee (IRC), sur financement du ministère des affaires étrangères (GFFO) de la République fédérale d’Allemagne, a lancé le projet Nyunganira Ntere Imbere afin de répondre aux besoins des plus vulnérables.
Le projet Nyunganira Ntere Imbere, protection, santé et Assistance en cash pour les populations les plus vulnérables au Burundi mène ses interventions dans la commune de Gasorwe de la Province Muyinga et zone Musasa de la commune Kiremba en province de Ngozi, y compris les camps de réfugiés de Kinama et Musasa.
Depuis le redémarrage des activités proprement dites en octobre 2024, après une interruption de plus d’une année, ce projet a marqué un tournant décisif dans la vie de nombreux ménages en situation de vulnérabilité de la zone d’intervention. Selon les responsables du projet, les activités du projet sont exécutées à travers quatre volets:
– Lutte contre les violences basées sur le genre (VBG): mise en place de centres d’écoute, soutien psychologique, référencement des cas,
– Protection des enfants et des personnes à risque élevé de protection: identification et suivi des cas, renforcement des structures et mécanismes communautaires de protection, travail avec les leaders locaux pour une prise en charge communautaire, prévention et gestion pacifique des conflits.
– Accès à la justice et à la documentation civile: assistance légale pour les victimes de violences ou d’injustices, soutien dans l’obtention de documents civils (cartes d’identité, enregistrements de naissance, extraits de mariage, reconnaissance légale des mariages).
– Assistance économique et transferts monétaires: distribution de cash ciblé pour relèvement économique.
Les visages du changement: témoignages inspirants
Tharcisse Rivuzimana de la colline Kariba fait l’éloge du projet qui lui a donné une assistance judiciaire dans un procès de litige foncier. D’après lui, dans un tribunal, il est souvent difficile qu’un vulnérable gagne un procès sans assistance d’un avocat.
« Je ne dirais pas que sans avocat on ne peut pas gagner mais une personne comme moi qui est nul en matière de loi, éprouve beaucoup de difficultés. J’espère que le projet continuera à nous soutenir si mon adversaire fait recours », a-t- il plaidé.
Quant à Marie Grace Ndayishimiye, Présidente du Tribunal de Résidence de Gasorwe, elle fait savoir que le projet Nyunganira Ntere Imbere s’est illustré dans la formation des médiateurs collinaires qui sont impliqués dans la conciliation des parties en litige.
Selon elle, le conseil des médiateurs reçoit des plaintes des parties en litige et donne son avis sur toutes les affaires civiles de la compétence des tribunaux de résidence et trouve que c’était indispensable que ces membres soient formés sur leurs missions et compétences. Elle ajoute en outre que le tribunal rencontrait des difficultés de déplacement pour exécuter les jugements rendus et remercie le projet qui a répondu à ce souci.
« Nous avons pu couvrir toutes les 29 collines que compte la commune Gasorwe. Depuis octobre 2024 seulement, sous l’appui du projet, les juges ont réussi à exécuter une soixantaine de jugements sur 80 qui étaient en attente. Également, sur 65 litiges qui nécessitaient des constats, plus de 40 ont été constatés !». Mme Grace ne manque pas à remercier le projet également pour les appuis matériels.
Du côté administration, Simon Nizigama, secrétaire permanent de la commune Gasorwe, salue la contribution du projet Nyunganira Ntere imbere du fait qu’il a bien ciblé les services nécessitant des appuis. Cet administratif met un accent particulier sur les services d’état civil, de la justice et le service foncier. Il apprécie que les interventions du projet riment avec les priorités du gouvernement. « Nous ne ménagerons aucun effort pour favoriser et soutenir les actions du projet », a-t-il promis. Amissi Mbonihankura président du Conseil des médiateurs de la colline Masasu indique qu’avant la formation, ils naviguaient à vue.
« Sans connaissances ni livres sur le code de la famille et de la personne, le code foncier et la compétence des tribunaux, les jugements étaient moins satisfaisants et hasardeux. Aucun autre projet n’avait pensé à notre structure, nous disons vraiment merci », a-t-il reconnu.
Cyriaque Vyimana, un jeune homme de 22 ans, rencontré au garage en apprentissage du métier de réparer les motos près du marché de Gasorwe explique: « Je n’ai pas eu la chance de terminer les études et je n’avais pas de repaire. Avec l’aide de l’IRC à travers Nyunganira Ntere Imbere, je suis en formation en mécanique automobile, ce qui me donne espoir d’un avenir meilleur. Dans 5 ans, je me vois en mécanicien digne de son nom, pouvant couvrir les besoins fondamentaux de mon foyer. Pourquoi pas avoir mon propre garage et être vendeur des pièces de rechange? ». Même son de cloche chez Kibasumba Mugendankinka, refugiée congolaise du camp de Kinama qui apprend la couture. D’après elle, ce métier va l’aider à s’autofinancer dans la vie au camp et même quand elle sera de retour dans son pays natal.
« J’apprécie énormément les concepteurs de ce projet pour avoir pensé à notre avenir. Pour moi être couturière est un métier rêvé pour beaucoup de filles du camp. Si tu as métier, tu deviens digne et utile à la communauté entière », a-t-elle raconté.
Pour Antoine Ndacayisaba, leader communautaire en faveur des droits de l’enfant sur la colline Bwasare, le projet Nyunganira Ntere Imbere est venu en réponse. « Tous les membres de la communauté adressaient à nous tout souci de protection de l’enfance, on était dépassé. Mais aujourd’hui, les cas sont référés dans le projet et trouvent une réponse satisfaisante. Certains reçoivent de kits scolaires, du cash et autres. Nous nous demandons sans trouver de réponse comment on fera après le projet. Nous gardons espoir que le projet continuera car son impact est égal. En tout cas les Allemands qui ont pensé le projet méritent un grand remerciement. !»
Des résultats concrets et un avenir à consolider
Le projet a mis un point d’honneur à inclure toutes les couches de la population, notamment les femmes, les jeunes, les personnes vivant avec un handicap, les réfugiés et les rapatriés. Des activités spécifiquement conçues pour répondre à leurs besoins en cours. Les jeunes, souvent marginalisés, ont bénéficié de formations professionnelles et d’appuis pour les aider à planifier leur avenir prometteur.
En témoigne Claudine Nsengiyumva, administrateur du camp de réfugiés de Kinama qui affirme que ce projet a été bénéfique pour beaucoup. Selon cette responsable, il a favorisé l’inclusion sociale et économique durable des bénéficiaires. Depuis son lancement, plusieurs personnes ont pu obtenir ou régulariser leurs documents civils et des centaines de jeunes ont retrouvé espoir grâce à des activités génératrices de revenus.
Pour les bénéficiaires, ces résultats ne sont pas que des chiffres: ils sont le reflet d’une transformation humaine, sociale et économique profonde. Ramadhan Nzokurishaka de la colline Karira, rapatrié et vivant avec un handicap est témoin de l’impact du projet qui lui a financé en cash pour faciliter sa réinsertion. Avec la somme de 335000Fbu lui octroyée, il a pu investir dans l’élevage agricole ainsi que la fabrication du charbon écologique à base des résidus végétales pour lutter contre la déforestation dans la commune de Gasorwe.
« J’ai utilisé la somme pour m’acheter une chèvre, des poules, 3 lapins ainsi que des équipements pour entreprendre la fabrication des combustibles écologiques. Voir où j’arrive alors que je venais d’arriver au pays en provenance de la Tanzanie sans rien, sans base pour reprendre la vie dans la communauté comme les autres, le travail est louable ! Je dirai même à mes petits fils combien de fois le projet m’a aidé ». Gisèle Nininahazwe elle aussi rapatriée ne le contredit pas. Comme elle l’indique, elle a su rentabiliser le cash que le projet lui a offert.
« Je me suis vite réintégrée ici. Grâce à l’appui du projet, je ne serai plus une charge pour la communauté. Mon enfant est à l’école, je cultive et j’élève des canards et de chèvres et poules. Tout, c’est grâce au cash reçu du projet ! »
Une approche inclusive centrée sur les plus marginalisés
A l’œuvre aujourd’hui dans 9 pays africains (Burundi, Tanzanie, Kenya, RDC, Ethiopie, Tchad, Sud Soudan, Burkina-Faso, Soudan) sur financement du ministère des Affaires étrangères de la République Fédérale d’Allemagne, Marie Aninahazwe, cheffe de projet Nyunganira Ntere Imbere, fait savoir que l’objectif est de fournir d’une réponse immédiate ou réponse d’urgence aux besoins de protection des personnes vulnérables. Il a indiqué que 13277 personnes vulnérables dont plus de 7000 femmes ont été directement touchées par l’assistance.
« Nous assistons les plus vulnérables des camps de réfugiés et des communautés hôtes. Nous ciblons les réfugiés, les rapatriés et les vulnérables de la communauté d’accueil », a -t-elle souligné. Comme elle le fait savoir les assistances sont de différentes catégories à savoir l’assistance psychosocial, kit de dignité pour les survivantes et les femmes à risque. Il en est aussi pour les kits NFI pour d’autres personnes notamment les personnes à besoin spécifique de la communauté et des camps. Les personnes âgées et celles vivant avec un handicap et d’autres personnes à risque élevée de protection de la communauté font également parties des bénéficiaires.
« Nous donnons aussi des réponses et prévention des cas de VBG, de protection des enfants et une assistance légale ainsi qu’une assistance financière », ajoute Marie Aninahazwe.
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