Détection de L’Apnée du Sommeil par Smartphone

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Détection de L’Apnée du Sommeil par Smartphone
Détection de L’Apnée du Sommeil par Smartphone

Africa-Press – Burundi. Le smartphone en mode avion collé par des adhésifs sur le thorax, par-dessus son pyjama, le patient s’endort. Intégrés au téléphone, le gyromètre, le microphone et l’accéléromètre détectent ses mouvements, sa respiration, ses battements cardiaques, ses ronflements. Autant de paramètres nécessaires et suffisants à l’intelligence artificielle de l’application Apneal pour établir un premier tri diagnostique quant à son apnée du sommeil. Stockées dans des serveurs européens sécurisés et non dans le téléphone lui-même, les données du patient peuvent ensuite être partagées avec son médecin s’il le souhaite.

Montres ou bagues connectées, capteurs à installer sur soi ou dans sa literie, les dispositifs médicaux capables de détecter l’apnée du sommeil avec plus ou moins de précision se multiplient depuis 2020. Mais Apneal, de l’entreprise du même nom, est la première à n’utiliser aucun autre dispositif que les capteurs de base présents dans tous les smartphones, moyennant le téléchargement de l’application. D’après les résultats de l’étude Apneal EASY, menée sur neuf centres hospitaliers (dont six français, un allemand et deux espagnols), les résultats sont très proches de ceux de l’examen de référence à l’hôpital, la polysomnographie. Encore non publiés, les résultats de l’étude Apneal EASY ont été présentés au congrès 2025 de la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil (SFRMS), qui a eu lieu du 19 au 21 novembre 2025 à Strasbourg.

Une fiabilité de diagnostic quasiment équivalente à l’outil de référence, le polysomnographe

« La corrélation entre les résultats en polysomnographie et ceux d’Apneal était très bonne, avec une sensibilité et une spécificité (éviter respectivement les faux négatifs et les faux positifs, ndlr) de diagnostic de l’apnée du sommeil légère, modérée et sévère de 91% », commente la Dr Justine Frija, pneumologue à l’hôpital Bichat (AP-HP, Paris) et coordinatrice de l’étude Apneal EASY. « Au-dessus de 80% ça commence à être bien, et en l’occurrence c’est plus élevé que d’autres dispositifs et beaucoup mieux que les questionnaires de dépistage que l’on utilise actuellement. » La comparaison était aisée, les 432 patients inclus dans l’étude ayant dormi à la fois avec le dispositif Apneal et les multiples électrodes et capteurs du polysomnographe. « Le patient a des électrodes sur la tête et le visage, au niveau des jambes, des capteurs devant la bouche, sous le nez, sur le doigt, autour du thorax, c’est beaucoup plus lourd à installer », énumère Justine Frija. Une installation qui peut nuire à la qualité du sommeil des patients, d’autant que chacun de ces capteurs est relié au boitier par un fil. « Le dispositif Apneal est beaucoup plus léger à installer, il suffit de coller le téléphone avec de l’adhésif, et permet probablement de mieux dormir », commente la pneumologue.

En tenant compte des mouvements respiratoires du thorax, Apneal permet également de détecter de façon fiable – quoiqu’avec moins de précision que le polysomnographe – la minorité de patients souffrant d’une apnée du sommeil centrale et non obstructive. « L’apnée du sommeil obstructive, la plus courante, est caractérisée par une fermeture de la gorge au niveau du pharynx, qui est une zone molle », explique Justine Frija. « L’apnée centrale en revanche est un défaut de la commande respiratoire automatique au niveau du tronc cérébral. » L’apnée du sommeil centrale est mise en évidence lorsque aucun effort respiratoire n’est visible, tandis que les personnes souffrant d’apnée du sommeil obstructive tentent de respirer mais n’y arrivent pas.

De nombreux dispositifs concurrents tentent de diagnostiquer l’apnée du sommeil

La plupart des dispositifs concurrents à Apneal sont, eux aussi, bien moins gênants pour le sommeil que la polysomnographie. L’Apple Watch au poignet, le capteur Sunrise qui se colle sur le menton, le Night Owl qui s’enfile sur le doigt et le Withings sleep Analyzer qui se glisse sous le matelas en sont de bons exemples. Ce dernier, avec 80% de concordance avec la polysomnographie, est plutôt fiable pour détecter l’apnée du sommeil, mais reste aux frais du patient et dépasse la centaine d’euros. « Pourquoi pas l’utiliser si vous voulez suivre vos apnées avec, mais la pertinence dans la prise en charge du patient est faible actuellement du fait de l’absence de remboursement », conclut Justine Frija.

Quant aux montres connectées, celles d’Apple et de Samsung sont validées par les autorités de santé américaines (FDA) pour le diagnostic de l’apnée du sommeil. Les données récoltées peuvent donc être prises en compte par le médecin, mais ne permettront pas de poser un diagnostic en soi et ne justifient donc pas forcément une telle dépense aux frais du patient. Cas particuliers, d’autres dispositifs de type polygraphie ventilatoire qui s’installent sur le thorax ou de tonométrie artérielle périphérique comme le WatchPAT sont accessibles sur prescription et permettent le diagnostic chez les personnes n’ayant pas d’autre trouble du sommeil suspecté que l’apnée du sommeil.

Apneal possède également un autre avantage: il se base sur les mêmes données que l’on retrouve dans le polysomnographe, et sur lesquelles les médecins spécialistes ont l’habitude de faire reposer leur diagnostic. « Par rapport à d’autres dispositifs qui utilisent également l’intelligence artificielle, Apneal se base sur des tracés qui sont aussi interprétables et que l’on peut demander à voir le cas échéant, ce n’est pas une boite noire, ce qui est aussi gage de confiance pour les médecins », pointe Justine Frija. Le dispositif Sunrise, en revanche, utilise les mouvements mandibulaires, un critère qui fonctionne dans le cadre du dispositif mais qui n’est pas maîtrisé ni utilisé par les médecins.

Trier les patients selon la sévérité de leur apnée du sommeil en amont, sans remplacer le polysomnographe

Malgré ses atouts, il n’est pas question qu’Apneal, ni aucun autre dispositif concurrent, ne remplace un jour la polysomnographie. « C’est un outil complémentaire qui nous permettra de trier rapidement les patients et laisser la place en polysomnographie à ceux qui ont vraiment une apnée du sommeil », selon la sévérité de leur maladie, anticipe Justine Frija. La polysomnographie permet en effet d’apporter de nombreuses informations supplémentaires tels que le taux d’oxygène dans le sang ou l’architecture du sommeil, mais aussi de diagnostiquer d’autres maladies liées au sommeil comme la narcolepsie ou les parasomnies (somnambulisme ou somniloquie par exemple).

Grâce à l’étude EASY, Apneal s’attend à obtenir le statut de dispositif médical de classe II, qui permet de délivrer un diagnostic et pas seulement des données et des recommandations. Et à terme, l’entreprise espère bénéficier d’un remboursement pour être utilisée couramment dans la médecine du sommeil. Pour l’heure, l’application complète sera disponible courant décembre 2025, aux frais du patient, pour un coût qui devrait avoisiner les 50 euros pour un parcours de dépistage de trois à cinq nuits.

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