Adèle Ahishakiye : résiliente aux épreuves de la vie

44
Adèle Ahishakiye : résiliente aux épreuves de la vie
Adèle Ahishakiye : résiliente aux épreuves de la vie

Africa-Press – Burundi. Veuves, réfugiées un certain temps à l’étranger et puis enfin le retour au pays, la vie de certaines femmes, victimes des tragédies qu’a connues le Burundi, n’aura pas été facile. Néanmoins, elles se sont battues pour assurer la survie de leurs familles. Rencontre avec l’une d’elle.

Il est 9h du matin quand nous rencontrons à son domicile, à Bujumbura, Adèle Ahishakiye, mère de 6 enfants et veuve depuis 32 ans. Actuellement à la retraite, elle est présidente de l’Association des veuves et orphelins pour la défense de leurs droits (Avod).

Alors enseignante à l’école primaire, Adèle Ahishakiye perd son mari, assassiné en 1991 pour des mobiles politiques. Son mari travaillait comme cadre à la Banque de la ZEP depuis trois ans. Cette banque avait son siège à Bujumbura. A l’époque, Adèle vivait avec ses enfants dans la province de Cibitoke à Buganda. « Mon mari rentrait les weekends ».

Avec un salaire d’à peu près 10 mille Fbu, Madame Ahishakiye ne pouvait pas satisfaire les besoins de sa famille après la mort de son mari. D’où le recours à l’agriculture. Cibitoke étant une province fertile, elle pratique encore actuellement l’agriculture pour nourrir ses enfants.

Ses fonctions source de problèmesAvec la crise de 1993, c’était très difficile de vivre à Cibitoke, raconte-t-elle. Menacée, elle a déménagé vers la ville de Bujumbura après une mutation lui accordée par le ministère de l’éducation. Et grâce aux fonds de la banque de la ZEP (suite au décès de son mari), elle est parvenue à s’acheter une parcelle à Kanyosha où elle a construit une maison.

Après la mutation à Bujumbura, Adèle Ahishakiye fut nommée directrice de l’Ecole Primaire de Kanyosha I. « Je ne savais pas comment on m’a nommée. Je ne l’avais pas demandé et je n’étais même pas dans un parti politique ».

Sauf que cette nomination lui vaudra des menaces jusqu’à la faire fuir, avec ses enfants, en RDC. A leur retour après plus d’une année, ses enfants ont pu regagner le chemin de l’école et elle a retrouvé aussi une place d’enseignante à la même école.

Cette sexagénaire en retraite se réjouit que tous ses enfants, malgré les perturbations, aient terminé leurs études. « Je me suis battue pour que mes enfants puissent terminer les études ». Toutefois, elle précise que l’aîné a été fort touché par la mort de son père et n’a pas pu suivre une scolarité classique : « Il s’est tourné vers les métiers, et il s’en sort parfaitement bien ». Adèle se dit surtout être fière parce que tous ses enfants sont mariés et qu’elle est grand-mère.

La vérité d’abordLa présidente de l’Avod indique que l’une des missions de cette association est d’avoir accès à la justice. « Mais avant cela, il faut connaître la vérité sur ce qui s’est passé ».

Mme Ahishakiye plaide pour que toutes les victimes soient associées dans les activités de la CVR. « On a longtemps toqué aux portes de la CVR, parce qu’elle ne peut pas exister sans les victimes et il est primordial que les auteurs soient connus ».

Cette association organise surtout des cérémonies commémoratives. Les témoignages sur ce qui s’est passé aident les victimes qui n’ont pas eu l’occasion de faire le deuil, d’exprimer leur souffrance pour pouvoir vivre enfin en paix.

Dans le but de porter haut leurs doléances, Adèle Ahishakiye révèle qu’un Collectif des Associations pour la Réconciliation et l’Appui aux Victimes (CARAVI) existe aujourd’hui. Il regroupe 7 associations des victimes entre autres, Avod, AC Génocide Cirimoso, les victimes de Buta, de Bugendana, de kibimba, etc. « Un tutsi ou un hutu qui est mort est un Burundais. Que cela ne se reproduise plus. Qu’il n’y ait pas d’autres victimes. Il faut que nos enfants aient un avenir meilleur dans un pays paisible ».

Concernant les réparations individuelles, Mme Ahishakiye propose une réconciliation nationale. Qu’il y ait aussi une loi qui protège les victimes.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burundi, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here