Olucome : des policiers suspendent momentanément un atelier sur le ’’recouvrement des fonds détournés’’

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Olucome : des policiers suspendent momentanément un atelier sur le ’’recouvrement des fonds détournés’’
Olucome : des policiers suspendent momentanément un atelier sur le ’’recouvrement des fonds détournés’’

Africa-Press – Burundi. L’incident a duré toute une demie heure : un groupe de cinq policiers a interrompu un atelier organisé ce jeudi 23 mars par l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversation économiques).

Plusieurs invités dont un représentant du ministère de l’Intérieur et du maire de la ville de Bujumbura ont pris part à ce cadre d’échange avec les organisations de la société civile sur le ’’recouvrement des fonds publics détournés’’.

C’est après le mot liminaire, un petit discours de bienvenue, une pause-café et la reprise des activités essentiellement axées sur la ’’prévention des détournements des biens publics et leur recouvrement’’ qu’un groupe de policiers s’est présenté à l’entrée de la salle.

C’est le chargé du protocole qui est venu avertir le président de l’Olucome que des policiers cherchent à voir et à parler à l’organisateur de cet atelier pour lui demander s’il a eu toutes les autorisations pour cette activité.

Gabriel Rufyiri s’est emparé du micro, comme pour prendre à témoin toute l’assistance et s’est dirigé vers ces policiers et leur a demandé le nom de l’autorité qui les envoyés.

Quand ces policiers ont posé la question de savoir si l’Olucome a eu le feu vert pour organiser cet atelier, Gabriel Rufyiri a fait savoir qu’il a informé les autorités compétentes sur la tenue de ces échanges.

Le ton est monté et la situation ne s’est calmé que quand le représentant du ministre de l’Intérieur est intervenu. Il a pris en aparté le chef de ce groupe de policiers pour échanger. Quelques minutes après Gabriel Rufyiri a rejoint ces deux hommes et comme conclusion, le président de l’Olucome a fait une annonce : « Il y a eu mauvaise communication ». Mais les journalistes présents ont été sommés de ne pas publier les images et les photos de cet incident.

C’est un deuxième du genre après la suspension par la police d’une conférence de presse organisée par l’Olucome et Parcem le 14 mars de l’année dernière.

« Ces policiers sont venus sur ordre des corrompus »

Interrogé sur cet incident, Gabriel Rufyiri est formel : « C’est que nous n’avons pas aimé c’est que ces policiers sont venus avec une certaine brutalité, ils avaient encerclé l’endroit et ont même empêché tout le monde de sortir ».

Selon lui, ceux qui ont essayé de sortir ont été sommé de retourner dans la salle, c’est comme si nous étions tous emprisonnés, même les autorités qui les dirigent avec qui nous étions en réunion. « C’est de la terreur, c’est un comportement à déplorer, il y a eu des excuses de la part de l’administration mais il faut que la police apprenne à respecter les citoyens, elle est là pour les protéger, pas les maltraiter.

L’administrateur de Mukaza m’a appelé pour s’excuser. Il m’a dit que cela ne se reproduira plus. Que la police comprenne qu’elle agit sous les ordres de l’administration et non le contraire ».

Souvent, note Gabriel Rufyiri, il y a des gens qui sont censés travailler pour le compte de l’Etat mais qui sont malheureusement là pour ternir son image.

Cette réunion qu’on a organisée, souligne-t-il, nous avons eu l’occasion d’en parler avec le chef de cabinet civil du président, c’est au plus haut sommet de l’Etat. « Nous en avons parlé avec le premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Ce que nous sommes en train de faire c’est un droit de tout citoyen ».

Pour le président de l’Olucome c’est déplorable de voir toute une armada de policiers venus interdire un atelier alors que son ouverture a été réhaussée par des un représentant de mairie de Bujumbura et un délégué du ministère de l’Intérieur. Selon Gabriel Rufyiri, la réunion était connue, annoncée.

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En peu de mots, que s’est-il passé, selon vous ?

Ce chef des policiers envoyés pour voir ce qu’il en est de notre atelier, a insisté pour que je lui montre l’autorisation. En fait, on voit que même ces policiers ne savent pas ce qu’il faut faire. Ceux qui étaient dans la salle ont été obligés de sortir et sont venus là où on était. Le représentant du ministre est venu également, je ne sais pas à qui il a parlé.

Après cette scène, j’ai constaté qu’il y a un problème. On ne sait pas d’où la police reçoivent les instructions. En principe, si la police constate quelque chose de suspect, on dirait que c’est la police qui veut tout conduire au lieu d’informer et de demander aux autorités, au chef de zone, l’administrateur communal et le maire de la ville. Mais c’est la police qui veut conduire l’administration.

Y a-t-il un rapport entre ce cas et tes récentes déclarations ?

Certainement que ces policiers sont venus sur ordre de ces corrompus. Donc, il faut que la police réfléchisse deux fois avant d’agir. Sinon on pourrait dire ou conclure que ces policiers sont en train d’agir sous ordre de ces corrompus.

Nous avons le droit de communiquer sur ce qui ne marche pas. Les libertés civiques supposent la liberté de réunion, d’opinion, de la presse, d’association. Ce sont des droits consacrés par la Constitution du Burundi. Donc, ces gens-là qui ont des vieilles habitudes d’empêcher les gens de s’exprimer doivent se ressaisir. On ne demande pas d’autorisation, on informe l’autorité compétente. La police a voulu remplacer l’administration.

La liberté d’expression avec ce genre d’attitude, ce n’est problématique ?

La liberté d’expression et de la presse, c’est mis en mal. Même des journalistes ont été empêchés de diffuser ces images. C’était une honte aussi longtemps que l’administration n’est pas respectée. L’administration était là mais la police est venue. Elle agit au nom de qui ? C’est cela le danger dans ce pays.

Quand même je dois remercier le représentant du ministre de l’Intérieur qui était là. Il faut qu’un message clair soit donné à la police. Ce n’est pas l’administration qui agit sur ordre de la police mais l’inverse. Malheureusement, les choses fonctionnent à l’envers chez nous.

A vous entendre, il faut rectifier le tir ?

Je le répète les droits civiques sont inscrits dans la Constitution. On ne demande pas l’autorisation pour la tenue d’une réunion. Ce n’est pas une faveur. L’autorité est informée. Je ne comprends pas ce qui se passe dans notre pays.

Est-ce que vous avez pu avoir l’identité de ces policiers ?

Ces policiers était sous l’autorité d’une personne invisible qui commandait au téléphone. Elle n’a pas voulu être identifiée. Ces gens-là doivent être démasqués. Cela ternit l’image du pays.

Une police professionnelle ?

Il faut une police professionnelle sinon le risque est quand même grand. Imaginez, cela va être écrit partout que le gouvernement est en train de bafouer les droits civiques des citoyens alors que ce n’est pas vrai.

Ce sont des policiers zélés ou qui sont en train d’agir sur ordre des corrompus. Nous pensons que le maire de ville ou le ministre de l’Intérieur vont donner un message car ce n’est pas normal.

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