Africa-Press – Burundi. Du 27 au 28 novembre, s’est tenue à Bujumbura, la deuxième édition du forum national sur le secteur privé (Umuzinga Day) sous le thème : « Dialogue Public-Privé, levier d’une croissance économique inclusive ». Cette grand-messe économique a réuni des membres du gouvernement, des partenaires au développement notamment la Banque Mondiale, des experts ainsi que des investisseurs privés. Le moment de faire le point sur les défis qui hantent le secteur privé burundais.
Ils sont nombreux les défis qui hantent le secteur privé burundais : mauvaise gouvernance (entendez ici la corruption, le favoritisme, la fraude, la concurrence déloyale, etc.), le manque d’infrastructures de base, l’accès aux financements…
Dans son discours, le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye est longuement revenu sur l’un des points qui fait agoniser le secteur privé burundais : la mauvaise gouvernance. Sans langue de bois, il a taclé les fonctionnaires de l’Etat et les hommes d’affaires qui, selon lui, font souvent synergie pour tremper dans la corruption, la fraude, le favoritisme, etc. Il a dénoncé « des hommes d’affaires qui ne font pas de vraies déclarations et qui contournent de payer les impôts et taxes ». Certains essaient de faire « un bras de fer » avec l’administration. Selon lui, de nombreux cas sont à sa disposition.
Le Chef de l’Etat a fait également un clin d’œil aux autorités qui sont de mèche avec les opérateurs économiques véreux. Ils collaborent dans le détournement des biens. Evariste Ndayishimiye pointe du doigt les agents de l’Office Burundais des Recettes (OBR) qui collaborent dans le truchement sur les importations et les exportations. « Des avocats burundais sont souvent exportés et vous ne les verrez jamais sur la liste des exportations ». Autre élément évoqué par Ndayishimiye. Des grands opérateurs économiques qui bloquent les petits entrepreneurs à percer dans le business. Ils veulent se tailler la part du lion de tous les marchés publics.
Le manque d’infrastructures de base, un casse-têteAprès les tacles du Chef de l’Etat, les investisseurs privés se sont exprimés. Ne laissant pas de côté le problème lié à la gouvernance, Olivier Suguru, président de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie (CFCIB) a ajouté plusieurs défis auxquels les opérateurs économiques font face. Il a insisté sur le manque d’infrastructures de base : l’eau, l’électricité, l’internet, les routes, etc. Pour lui, le secteur privé ne peut pas se développer sans les infrastructures de base.
Il a dénoncé aussi l’implication de l’Etat dans les affaires. Suguru estime qu’il faut limiter le maximum possible l’intervention de l’Etat, qui est aussi régulateur. « L’entrepreneuriat ne peut que fonctionner dans l’économie libérale ».
Les opérateurs économiques évoquent en outre le problème de l’accès aux financements. Claudette Ngendandumwe déplore des conditions difficiles pour accéder aux crédits. Des procédures bancaires longues, des garanties ou hypothèques, difficiles à avoir.
Le cadre macroéconomique actuel ne favorise pas les investisseurs. L’accès aux devises est un casse-tête selon Mme Ngendandumwe. « Dans la petite industrie, les entrepreneurs ont besoin de matières importées comme les emballages, mais ils manquent des devises ».
Le manque de compétences est un autre défi selon Suguru. Sur le marché, le secteur privé a du mal à trouver la main d’œuvre qualifiée. Ceci limite aussi l’innovation. « On ne peut avoir une compétitivité sans l’innovation. Que le gouvernement octroie des financements dans la recherche et développement », propose-t-il.
Une ligne rouge tracée ?Pour résoudre le problème lié la mauvaise gouvernance, Evariste Ndayishimiye a mentionné une ligne rouge qui a été tracée. Gare aux récalcitrants qui vont essayer de dépasser cette ligne. « La suite sera rétroactive et n’épargnera personne ».
Il a en outre insisté sur la digitalisation pour asseoir la transparence. De façon appuyée, il a demandé le soutien des partenaires techniques et financiers dans le programme de digitalisation des services publics en cours. Les participants au forum ont suggéré la mise en place d’un comité national de digitalisation regroupant des experts en la matière.
Les participants au forum ont aussi demandé d’assainir le cadre juridique notamment la création d’une justice commerciale. Bien plus, la mise en place d’une commission nationale de la concurrence est nécessaire dans le but du traitement équitable des opérateurs économiques.
Le Chef de l’Etat a promis de mettre en œuvre toutes les recommandations et a appelé les services techniques concernés d’agir sans tarder. Il a informé aussi que le défi du déficit énergétique sera résolu avec la finalisation des projets de construction des barrages hydrauliques en cours. La mise en place du PAEEJ, de la banque des femmes, du FIGA intervient dans le but de faire face aux problèmes de manque de financement, notamment pour certaines catégories de personnes entre autres les jeunes et les femmes.
Lors de ce forum, il a été révélé que 95 % de la main d’œuvre du secteur privé provient des petites et moyennes entreprises contre 5 % pour les grandes entreprises.
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