Assassinat de Martinez Zogo : les dessous d’une importantes rencontre

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Assassinat de Martinez Zogo : les dessous d’une importantes rencontre
Assassinat de Martinez Zogo : les dessous d’une importantes rencontre

Africa-Press – Cameroun. AFFAIRE MARTINEZ ZOGO. Les journalistes ont rencontré le Mincom lundi dernier à cette fin.

La presse exige la vérité

Combien de temps encore un journaliste devra-t-il mourir pour avoir fait son travail ? bien ou mal, peu importe. S’il existe une justice, c’est pour cela. Pour dire le droit, pour condamner en cas de faute, et laisser libre lorsqu’on est dans notre droit. Et pourtant, Arsène Salomon Mbani Zogo dit «Martinez Zogo», n’aura pas eu cette chance. Aucun choix de justice ne lui a été laissé, si ce n’est celui de la mort. Et quelle mort ? longtemps, on en entendra encore parler. En tout cas, tant que ses assassins continueront de courir, libres de leurs mouvements. Pendant ce temps, douleur et consternation continuent leur bonhomme de chemin non seulement dans la famille nucléaire et professionnel de cet homme tué de manière atroce, mais aussi, auprès de son public qui l’adulait : «je ne sais pas comment font les gens qui font ce genre de travail pour dormir ! y a-t-il une école où on apprend à tuer ? si oui, j’aimerais savoir laquelle, pour me rendre compte si ce sont des hommes comme nous qui y enseignent. Comment peut-on à ce point être méchant ?», se demandait, complètement perdu, un auditeur fidèle de Martinez Zogo, fidèle au rendez-vous du 23 janvier dernier, pour rendre hommage au chef de chaîne d’Amplitude FM, média où exerçait le défunt. Comme lui, ils ont été nombreux à s’y retrouver pour l’occasion. Les uns, bouquets de fleur à la main, les autres bougies, d’autres encore simplement leur compassion émue, très visible sur leurs visages. Nul doute que c’est un deuil qui choque. Le siège d’Amplitude FM affiche ce matin-là, triste mine. Les taximen, principaux auditeurs de l’émission Embouteillage, n’ont pas dérogé à la règle. Ils sont venus nombreux lui porter en pleurs, une gerbe de fleur : «les chauffeurs de taxi ne t’oublieront jamais maestro. Tu es celui qui a valorisé notre métier pendant plus de 20 ans. C’est pour cela que nous t’appelons maestro, et te déposons ces quelques bouquets de fleur. Que celui qui l’a fait ne reste pas impuni. Tu étais le père des taximen. Tu nous as donné un petit nom, partout on nous appelait les stars des voitures jaunes. Tu le disais au début de tous tes émissions. Maestro, repose en paix !», lance solennellement l’un d’eux en déposant son bouquet.

PLEURS ET CONSTERNATION Les collègues de Martinez n’en reviennent toujours pas : pleurs et consternation se succèdent ici, les uns et les autres se prennent dans les bras pour se consoler : «en plus de la douleur, nous nous sentons en insécurité. Comment continuer de travailler dans ces conditions ?», s’interroge l’un d’eux. Les professionnels de l’audiovisuel, eux aussi nombreux, étaient apeurés, mais surtout horrifiés par la violence extrême des sévices affligé à martinez. Le sujet alimentait les conversations par petit groupe. Les uns et les autres craignant pour leur vie n’osaient pas pousser la conversation au-delà de leur compassion pour le défunt, tout en priant que justice lui soit rendu. Certains soupçonnant que le milieu soit infiltré. En studio, de la musique religieuse est diffusée en boucle. Il est 10h, c’est normalement l’heure du programme «embouteillage». Hélas, comme pour les 5 jours précédents, il n’y aura pas émission. Et pour cause, le présentateur vedette de ladite émission a été assassiné. Parmi la foule nombreuse, on peut distinguer quelques directeurs de publication, dont la tête de proue est celui du quotidien Le Jour, Haman Mana. Après la découverte du corps sans vie du journaliste de 50 ans, il avait appelé à ce rassemblement à Amplitude FM, pour lui rendre hommage. Après l’étape d’Amplitude FM, le petit groupe, toujours fortement accompagné de journalistes, s’est dirigé vers le ministère de la Communication, pour y rencontrer le patron des lieux. Pendant ce temps à l’extérieur, toujours par petits groupes, les journalistes alimentaient les conversations en se souvenant de tous leurs confrères décédés dans des conditions troubles au Cameroun. Après plus de deux heures de temps d’échanges à huis clos, ils ont partagé avec les confrères ce qu’ils s’y sont dits : «Nous sommes venus demander, mieux réclamer justice pour notre confrère Martinez Zogo qui a été assassiné dans des conditions innommables et indescriptibles, Le ministre nous a dit que la justice républicaine passera. Nous espérons que ce sera le cas», expliquera Haman Mana, directeur de publication du quotidien le Jour. «Nous avons évoqué avec le ministre le fait que certains autres journalistes se trouvaient sur la liste des commanditaires de la mort par rapport à ce qui circulaient sur les réseaux et que le lien entre ces infos, c’était d’avoir traité d’une information en rapport avec la protection de la fortune publique» a réagi Christophe Bobiokono, directeur de publication de l’hebdomadaire Kalara.

JUSTICE POUR MARTINEZ

Pourtant, très peu en sont partis rassurés : «quand les autorités veulent travailler dans ce pays, ils le font. Maus quand ils ont quelque chose à cacher, ça se voit de suite. Si c’est le sac à main de l’épouse d’un général qui avait été arraché en plein avenue Kennedy, on l’aurait retrouvé en moins de deux jours ! à plus forte raison un meurtre d’une telle envergure. Doit-on vraiment attendre nos habituels «enquêtes ouvertes» ?», se demande l’un d’eux. Avant le rassemblement du 23 janvier 2023 et même après, des journalistes, constitués en associations ou groupes, se sont prononcés sur ce décès tragique, réclamant surtout justice. Après le Snjc qui a «dénoncé un assassinat odieux aux conséquences qui restreignent encore plus la liberté et la sécurité au Cameroun», dans un communiqué, «Press Eco», un regroupement de journalistes économiques dit s’inquiéter «de la détérioration des conditions de sécurité des hommes des médias, plusieurs d’entre eux ayant à maintes reprises reçues des menaces, y compris de mort, ou subi des représailles de diverses sortes». «La disparition et le décès de Martinez Zogo laissent croire qu’il s’agit d’un crime crapuleux. Ce qui en rajoute au cynisme du projet d’enlever une vie humaine et de faire taire à jamais un professionnel des médias connu pour sa liberté de ton», s’est ému lundi le Club des journalistes politiques dans un communiqué. «C’est un grave coup porté à la démocratie et à la liberté de la presse», a réagi lundi l’ONG Reporters sans frontières (RSF) qui appelle Yaoundé à «mettre un terme au climat de violence pour les professionnels des médias». Hommes politiques, artistes, vedettes de tous bords et même autres individus à titres personnels ont pris fait et cause pour l’homme qui désormais repose dans l’éternité. Porté disparu depuis le 17 janvier 2023, c’est finalement le 22 janvier en matinée, qu’est découvert le corps sans vie de Martinez Zogo, torturé, violé et mutilé. Il a été découvert dans la bourgade d’Ebogo III, non loin de Soa, en périphérie de Yaoundé.

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