Africa-Press – Cameroun. Coup de théâtre dans la course aux élections régionales du 30 novembre prochain. Les candidatures de Mohamadou Atikou et Claude Sakatay, tous deux investis par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour représenter le département du Mayo-Tsanaga au Conseil régional de l’Extrême-Nord, ont été purement et simplement rejetées par la commission électorale compétente. Motif invoqué: dossiers incomplets. Une décision qui sème le trouble au sein du parti au pouvoir à moins de trois mois du scrutin et relance les interrogations sur la préparation de ces deuxièmes élections régionales du Cameroun.
Mohamadou Atikou et Claude Sakatay figuraient pourtant parmi les favoris de l’investiture RDPC pour le Mayo-Tsanaga. Leurs profils, bien implantés localement, étaient considérés comme des atouts majeurs pour le parti présidentiel dans ce département stratégique de l’Extrême-Nord. Mais c’était compter sans les exigences administratives du processus électoral.
Selon nos informations, les deux candidats auraient échoué à fournir l’ensemble des pièces requises dans les délais impartis. La nature exacte des documents manquants n’a pas été précisée par les instances compétentes, mais cette défaillance administrative aura eu raison de leurs ambitions politiques.
Pour le parti au pouvoir, habitué à dominer largement le paysage électoral camerounais, ce rejet constitue un revers embarrassant. Lors des premières élections régionales de 2020, le RDPC avait en effet remporté une majorité écrasante, s’imposant dans neuf régions sur dix. Seule l’Adamaoua avait échappé à son contrôle, remportée par l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de Bello Bouba Maigari.
Cette mésaventure administrative soulève des questions sur l’organisation interne du parti et sa capacité à encadrer efficacement ses candidats dans les procédures électorales. D’autant que le calendrier serré – les régionales se tenant seulement un mois et demi après la présidentielle du 12 octobre – laisse peu de place à l’improvisation.
Ces élections régionales s’inscrivent dans un contexte politique particulier. Contrairement aux élections classiques, ce sont les conseillers municipaux et les chefs traditionnels qui composent le collège électoral, et non directement les citoyens. Un système qui avait déjà fait débat lors du premier scrutin de 2020.
La situation est d’autant plus délicate que les élections municipales ont été reportées, le mandat des élus actuels ayant été prorogé par décret présidentiel jusqu’en mai 2026. Cette décision avait suscité de vives critiques de l’opposition, qui y voyait une manœuvre du régime pour maintenir son contrôle sur le processus électoral.
Le rejet de ces deux candidatures pourrait avoir des répercussions sur l’équilibre politique dans la région de l’Extrême-Nord. Le RDPC devra rapidement trouver des remplaçants ou réorganiser sa stratégie pour maintenir son influence dans ce département du Mayo-Tsanaga.
Cette situation illustre également les défis logistiques et administratifs que représentent ces élections régionales, encore relativement nouvelles dans le paysage électoral camerounais. Avec moins de trois mois avant le scrutin, tous les partis politiques sont désormais sous pression pour finaliser leurs listes de candidats dans le respect strict des procédures.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour mesurer l’impact de ces rejets sur la stratégie électorale du parti au pouvoir et observer les éventuels recours ou ajustements qui pourraient intervenir avant la clôture définitive des candidatures.
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