Africa-Press – Cameroun. Jeune Afrique révèle les détails d’une tentative de négociation avortée entre le pouvoir et l’opposition. Le président sortant aurait offert le poste de Premier ministre et une réforme électorale à son rival, qui a refusé par méfiance.
Publié le 28 octobre 2025
Quelques jours après le scrutin du 12 octobre, une négociation secrète s’est jouée dans les coulisses du pouvoir camerounais. Selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, Paul Biya et son directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, ont tendu la main à Issa Tchiroma Bakary en lui proposant le poste de Premier ministre dans un futur gouvernement.
L’offre ne s’arrêtait pas là. Jeune Afrique a appris qu’une réforme du code électoral avant les législatives de 2026 faisait également partie du package proposé à l’opposant. Sur le papier, une proposition qui pourrait sembler généreuse. Dans les faits, une tentative de neutralisation politique, selon le camp Tchiroma.
L’ancien ministre de la Communication a catégoriquement refusé. « Tout ce que Tchiroma exige, c’est la reconnaissance de la vérité des urnes », résume un de ses lieutenants joint par Jeune Afrique. La méfiance est totale entre les deux camps.
Cette défiance n’est pas sans fondement historique. Jeune Afrique rappelle qu’en 1992, après avoir fini troisième de la présidentielle, Bello Bouba Maïgari et son parti – dont Tchiroma Bakary faisait déjà partie – avaient intégré le gouvernement en vertu d’un accord politique passé avec le RDPC. Cet accord fut largement ignoré par la suite par le pouvoir en place.
« Le premier problème est celui de la confiance: il n’y en a aucune », confie à Jeune Afrique une source diplomatique bien informée. L’échec de 1992 plane comme un avertissement sur toute tentative de compromis actuelle.
Jeune Afrique a également découvert que Tchiroma Bakary a pris des dispositions pour éviter toute pression directe. L’opposant prend désormais soin de ne pas être joignable sur ses habituels numéros de téléphone et refuse toute communication directe avec son adversaire.
« Il n’a pas d’intérêt à négocier aujourd’hui, analyse le diplomate précédemment cité par Jeune Afrique. Mais plus tard, avec des garanties plus solides, ce n’est pas impossible. » Un autre opposant, interrogé par Jeune Afrique, est plus catégorique: « En dehors de strapontins que Tchiroma n’est pas prêt à accepter, on voit mal ce que Biya peut offrir, si ce n’est son départ immédiat ou à une date programmée. »
Face à cette intransigeance, Jeune Afrique révèle que le pouvoir semble désormais parier sur l’étouffement progressif de son adversaire et l’essoufflement de la contestation. À Yaoundé, les faucons qui gravitent dans l’entourage de Paul Biya auraient pris le dessus sur les partisans du dialogue.
Les faits parlent d’eux-mêmes: plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées dimanche, avant même la proclamation officielle des résultats. Et sitôt la victoire de Paul Biya confirmée, des tirs ont visé la résidence d’Issa Tchiroma Bakary à Garoua.
La perspective d’une solution politique semble, pour l’instant, s’éloigner à grands pas, constate Jeune Afrique.
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