Le Scénario du Chaos que Redoutent les Diplomates

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Le Scénario du Chaos que Redoutent les Diplomates
Le Scénario du Chaos que Redoutent les Diplomates

Africa-Press – Cameroun. Jeune Afrique a recueilli les craintes des chancelleries étrangères à Yaoundé. La crise post-électorale pourrait basculer dans un conflit armé similaire à celui des régions anglophones, avec des conséquences dramatiques pour toute la sous-région.

C’est le cauchemar des milieux diplomatiques de Yaoundé. Depuis la montée en puissance de la rivalité entre Paul Biya et Issa Tchiroma Bakary pendant la campagne électorale, une question hante les chancelleries: le Cameroun va-t-il basculer dans un nouveau conflit armé?

Jeune Afrique a interrogé plusieurs sources diplomatiques qui évoquent toutes le même scénario catastrophe: une réplique dans le Septentrion de ce qui se passe dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plusieurs années.

Dans ces zones, rappelle Jeune Afrique, la contestation populaire a dégénéré en conflit armé avec l’implantation durable de groupes séparatistes. Ces derniers parviennent à se procurer des armes en profitant de la proximité avec le Nigeria. La guerre a fait plusieurs milliers de morts, et les enlèvements et attaques y sont très fréquents.

« Il y a un risque similaire dans le Septentrion », confie à Jeune Afrique une source diplomatique. L’analyse est glaçante: « La proximité du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique rend l’accès aux armes facile et un mouvement armé pourrait avoir la sympathie des populations. »

Jeune Afrique a constaté que l’émergence de Tchiroma Bakary et sa capacité à incarner la fronde venue du Septentrion, mais aussi des zones urbaines de l’Ouest et du Littoral, font déjà craindre de dangereux face-à-face entre les partisans de l’opposition et les forces de l’ordre. Plusieurs affrontements ont déjà eu lieu à Garoua, Douala, Bafoussam et Dschang.

Mais ce n’est pas tout. Jeune Afrique révèle un facteur aggravant souvent négligé: la présence de groupes jihadistes issus de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord. « Ils pourraient aussi vouloir profiter du chaos », s’alarme le diplomate interrogé par Jeune Afrique.

Cette dimension terroriste ajoute une couche d’imprévisibilité à une situation déjà explosive. Un embrasement du Septentrion pourrait offrir aux groupes jihadistes un boulevard pour étendre leur influence, avec des répercussions pour toute la sous-région sahélienne.

Les premiers signaux sont déjà là. Jeune Afrique rapporte que depuis le 12 octobre, le parti au pouvoir et le gouvernement ont multiplié les appels au respect du Conseil constitutionnel et les mises en garde contre toute tentative d’insurrection. Mais l’efficacité n’est pas au rendez-vous.

De violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. Le camp Biya, qui paraissait divisé sur la marche à suivre selon Jeune Afrique, semble avoir choisi la manière forte: Internet a été restreint pour tenter de contenir la contestation et les centres urbains sont quadrillés par les forces de l’ordre.

Face à ce tableau sombre, les diplomates interrogés par Jeune Afrique plaident tous pour une solution politique rapide. « Il faut à tout prix chercher une voie de compromis politique », insiste notre source diplomatique.

Mais le temps joue contre cette option. Jeune Afrique constate que plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées dimanche, et que des tirs ont visé la résidence de Tchiroma Bakary à Garoua sitôt la victoire de Paul Biya confirmée.

Chaque jour qui passe sans dialogue rapproche le Cameroun du point de non-retour. Et personne, dans les chancelleries de Yaoundé, ne veut assister à la répétition du scénario anglophone dans le Septentrion.

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