Africa-Press – Cameroun. L’analyste politique relativise les accusations d’insurrection et rappelle l’absence de condamnation des dirigeants du MRC en 2019
YAOUNDÉ – Alors que les propos de Maurice Kamto lors de son meeting parisien continuent de susciter la controverse, l’analyste politique Cyrile Tchamba monte au créneau pour défendre le leader du MRC et questionner les accusations portées contre lui.
Intervenant dans l’émission « Le Club » sur BNews1, Cyrile Tchamba dénonce l’amalgame systématique fait au Cameroun entre manifestation et insurrection.
« Au Cameroun, dès que vous dites le mot « manifestation », vous êtes forcément dans l’insurrection », regrette l’analyste, pointant du doigt une tendance qu’il juge problématique dans l’interprétation du discours politique camerounais.
Pour étayer son argumentation, Cyrile Tchamba revient sur l’épisode judiciaire qui avait frappé Maurice Kamto et ses militants en 2019, soulevant des questions sur la solidité des charges retenues à l’époque.
« J’aimerais rappeler que les militants du MRC et leur président ont été interpellés en 2019. Ils ont fait neuf mois de prison, mais je ne sais pas si vous vous souvenez d’une condamnation. Ils ont été libérés un jour, on ne sait pas pourquoi », fait-il observer.
Cette remarque vise à souligner l’incohérence judiciaire de cette affaire, Maurice Kamto et ses compagnons ayant été détenus pendant plusieurs mois avant d’être finalement libérés sans condamnation formelle.
L’analyste pousse plus loin sa réflexion en questionnant la logique judiciaire qui avait prévalu dans cette affaire emblématique.
« Les charges étaient-elles suffisantes pour qu’on les condamne? Et qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on les relâche? », s’interroge Cyrile Tchamba, mettant en lumière les zones d’ombre de cette procédure judiciaire.
Ces questions soulèvent implicitement des doutes sur l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, un sujet sensible dans le contexte camerounais.
Le devoir de l’opposition politique
Loin de cautionner aveuglément les propos controversés, Cyrile Tchamba revendique néanmoins le droit légitime de l’opposition à exprimer ses positions politiques.
« Moi je ne défends pas, je dis simplement que nous sommes dans l’arène politique, et nous devons expliquer au peuple […] nous devons certainement nous lever, à un moment donné, pour promouvoir ce que nous avons à défendre dans ce pays », argumente-t-il.
Cette déclaration traduit une vision de la démocratie où l’opposition a non seulement le droit, mais aussi le devoir de s’exprimer et de mobiliser autour de ses convictions politiques.
L’intervention de Cyrile Tchamba s’inscrit dans un débat plus large sur les limites de l’expression politique au Cameroun. Alors que certains, comme le journaliste Ernest Obama, dénoncent des « appels à l’insurrection » dans les propos de Maurice Kamto, d’autres, à l’image de Tchamba, plaident pour une interprétation moins restrictive du discours politique d’opposition.
Cette polémique illustre la tension permanente qui existe au Cameroun entre le pouvoir en place et l’opposition, dans un contexte où la frontière entre contestation légitime et trouble à l’ordre public fait régulièrement débat.
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