Africa-Press – Cameroun. Le 1er décembre 2025, le Cameroun a perdu bien plus qu’un opposant politique. Nous avons perdu Anicet Ekane: un patriote, un stratège, un homme libre, un esprit indomptable et surtout un modèle rare pour la jeunesse camerounaise.
Mort en détention, dans des circonstances qui n’auraient jamais dû exister, il laisse derrière lui un héritage politique, moral, intellectuel et humain que nul ne peut effacer. Voici, avec émotion mais lucidité, les leçons qu’Anicet Ekane laisse à la jeunesse camerounaise.
Le courage de dire non à la balkanisation du Cameroun. Lorsque la crise anglophone n’en était qu’à ses débuts, lui, Ekane, avait déjà compris l’ampleur du danger. Il fut l’un des tout premiers à se dresser contre la sécession. Une leçon d’audace. Une leçon d’unité nationale. Une leçon de clairvoyance.
La politique comme conviction, pas comme business. Il n’a jamais abordé la politique comme un marché. Chez lui, pas de chaises musicales, pas de calculs cyniques, pas de deals honteux. Sa boussole? L’intérêt supérieur du Cameroun.
Le refus du sectarisme: débattre sans détester. Anicet Ekane discutait avec tout le monde: les adversaires, les sceptiques, les contradicteurs, les alliés occasionnels. Avec lui, les adversaires sont différents des ennemis. Il a offert à la jeunesse une leçon fondamentale: on peut lutter sans haïr. On peut diverger sans détruire.
Oser le dialogue, même avec ceux qu’on accuse de “pouvoiristes”. Quel paradoxe magnifique, lui, accusé de “fricoter avec le pouvoir”, était en réalité l’un des rares capables de passer des messages, de convaincre, d’alerter, de construire des passerelles. C’était un tacticien. Pas un opportuniste.
L’art d’être libre: n’appartenir à aucun dogme. Trotskiste de formation, patriote radical dans sa pratique, Ekane n’entrait dans aucune case. Il a investi Maurice Kamto quand il le fallait. Il a soutenu Issa Tchiroma quand la logique stratégique l’exigeait. Il enseignait ceci: un homme libre n’a pas d’idolâtries.
La constance dans l’engagement, même dans l’impopularité. La jeunesse aime les tendances. Lui aimait la vérité. Qu’on l’applaudisse ou qu’on le traite d’oiseau rare, Ekane avançait. Il nous laisse cette leçon: le courage politique n’est pas une mode. C’est une colonne vertébrale. Le patriotisme avant le prestige personnel. Il rêvait d’un Cameroun uni, indépendant, souverain, juste.
Ce rêve dépassait ses ambitions personnelles. C’est pourquoi, même critiqué par les siens, il n’a jamais “fermé les portes”. Parce que la patrie passe avant l’ego.
La dignité jusqu’au bout, même en captivité. Il est mort en détention. Une mort injuste, indigne, évitable. Mais même prisonnier, Ekane a gardé ce qu’il avait toujours eu: une dignité que rien ni personne ne pouvait briser. Une leçon terrible, mais essentielle, pour une jeunesse trop habituée au compromis facile.
L’art de transformer l’adversité en stratégie. Ses positions, souvent incomprises, étaient pourtant le fruit d’une vision profonde. Il savait que dans la politique réelle: le dogmatisme affaiblit, l’ouverture renforce, l’intelligence tactique permet d’exister. Il laisse à la jeunesse cette règle d’or: penser large, agir finement.
La grandeur humaine: être loyal, constant et ouvert. De tous les témoignages, un message revient: Ekane était un homme. Un vrai. Sincère. Passionné. Stratège. Patriote. Humble. Loyal avec tous ceux qui travaillaient pour le Cameroun. Il a montré qu’on peut être ferme sans être violent, être critique sans être haineux, être opposant sans être destructeur.





