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Entre promesses floues et réalités budgétaires, le programme de formation de 30 000 experts en intelligence artificielle au Japon montre -t-il l’incompétence ministérielle ou la propagande habituelle du régime de Touadera?
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, l’ex-détenu et Kitandaire Maxime Balalou vient de nous servir son grand numéro sur la formation de soi-disant 30 000 experts en intelligence artificielle, supposément négociée par le Président Touadéra avec le Japon. Derrière les grands mots et les chiffres ronflants se cache une réalité plus prosaïque: personne ne sait vraiment de quoi il s’agit, mais l’essentiel est de faire du bruit médiatique. Bienvenue dans la communication gouvernementale version septième République, où l’annonce tient lieu de politique publique.
Trente mille experts ! Le chiffre claque, impressionne, fait rêver. Le Kitandaire Maxime Balalou nous explique doctement que “le chef de l’État a eu des entretiens avec le premier ministre japonais” et que cette discussion “a permis de convaincre le Japon de former nos jeunes en intelligence artificielle”. Convaincre le Japon ! Comme si Tokyo attendait les arguments de Bangui pour lancer ses programmes de coopération. La mégalomanie présidentielle n’a décidément aucune limite.
Le journaliste Pascal, lors du point de presse hebdomadaire du gouvernement le 18 août dernier, a posé pourtant les bonnes questions: où se dérouleront ces formations? Quels seront les critères? Tous les jeunes centrafricains seront-ils concernés? Des questions qui méritent des réponses précises. Mais voilà, notre ministre Kitandaire Maxime Balalou navigue dans le brouillard le plus total.
“On vient au sortir du sommet de TICAD 9 au Japon, je ne peux pas vous dire comment et où vous aurez les éléments”, bafouille-t-il avec l’élégance d’un vendeur de voiture d’occasion pris en flagrant délit. Traduction: nous avons fait l’annonce avant d’avoir les détails. “L’annonce a été faite globalement mais le mécanisme, vous aurez les informations sur le mécanisme“. Encore du charabia ! Le mécanisme sera dévoilé plus tard, les informations arriveront en temps voulu, patience mes bons amis !
La suite de sa réponse confine au ridicule. “On ne va pas amener 30 000 personnes au Japon. Je crois que ce pays a des experts un peu partout dans le monde”. Des experts un peu partout! Notre ministre découvre l’existence d’experts internationaux avec la fraîcheur d’un explorateur. “Donc c’est tout un processus”, conclut-il majestueusement. Un processus ! Le mot magique qui excuse tout, explique rien et rassure les naïfs.
Cette histoire sent la communication gouvernementale à plein nez. Touadéra revient du Japon, il faut montrer que le voyage a servi à quelque chose, alors on sort les grands chiffres. Trente mille formations En intelligence artificielle ! Avec le Japon ! Peu importe que personne ne sache comment, où, quand ou pour qui. L’important, c’est l’effet d’annonce.
Le plus pathétique dans cette comédie, c’est l’assurance du Kitandaire concernant l’inclusion géographique. “Pour ceux qui s’intéressent à l’intelligence artificielle, le problème ne se pose pas”, affirme-t-il. Tous les jeunes centrafricains pourront participer, “y compris hors Bangui”. Formidable ! Sauf qu’il vient de reconnaître ne rien savoir du programme, des critères, des modalités. Comment peut-il garantir quoi que ce soit?
Cette affaire ressemble à toutes les autres promesses du régime Touadéra pour le troisième mandat: beaucoup de bruit pour rien. Combien de programmes de formation ont été annoncés en grande pompe ces dix dernières années? Combien ont réellement vu le jour? Combien de jeunes centrafricains maîtrisent aujourd’hui les technologies promises hier?
Le ministre Kitandaire termine par un appel aux journalistes: “Il faut que vous soyez au fait de l’actualité et de la maîtrise de cet outil“. Conseil avisé ! Peut-être devrait-il commencer par maîtriser lui-même les dossiers qu’il présente avant de donner des leçons aux autres.
Au final, cette “formation de 30 000 experts centrafricains en intelligence artificielle au Japon ” ressemble à un mirage de plus dans le désert des promesses gouvernementales. Trente mille experts centrafricains en intelligence artificielle? Dans un pays où l’électricité manque, où Internet rame, où l’éducation de base fait défaut? Le ministre ferait mieux de nous expliquer comment former d’abord des experts en distribution électrique ou en assainissement urbain.
En attendant les “informations sur le mécanisme”, les jeunes centrafricains peuvent toujours rêver de devenir des génies de l’IA grâce à la diplomatie présidentielle. Mais ils feraient mieux de ne pas retenir leur souffle: avec ce gouvernement, les promesses ont la durée de vie d’un communiqué de presse.
Source: Corbeau News Centrafrique
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