Écoles Fermées à Paoua Pour Visite de Ministres

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Écoles Fermées à Paoua Pour Visite de Ministres
Écoles Fermées à Paoua Pour Visite de Ministres

Africa-Press – CentrAfricaine. À quelques semaines des élections communales, régionales, législatives et présidentielle en République centrafricaine, le parti au pouvoir mobilise l’ensemble de ses ressources pour assurer la victoire de son candidat. Dans ce climat de troisième mandat controversé, la machine électorale du MCU ne recule devant aucun moyen pour organiser des cérémonies d’accueil grandioses digne des parrains mafieux.

La scène s’est répétée deux fois en l’espace d’une semaine dans la préfecture de Lim-Pendé, plus précisément à Paoua. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, le chef milicien Héritier Doneng, a débarqué dans cette ville après avoir effectué une visite quelques jours plutôt à Ndélé, chef-lieu de la préfecture de Bamingui-Bangoran. Son passage n’est pas inaperçu dans ce contexte où chaque déplacement ministériel prend des allures de démonstration de force politique. Avant même que le ministre foule le sol de Paoua, l’inspecteur académique local, qui occupe également la fonction de président du démembrement de l’Autorité nationale des élections dans la zone, a pris une décision qui fait grincer des dents. Les directeurs d’écoles et le proviseur du lycée ont reçu son ordre de fermer leurs établissements pour la journée.

Les portes des salles de classe se sont donc fermées en pleine journée scolaire. Des milliers d’élèves, cartables déposés, ont été alignés le long de la route principale. Pancartes et banderoles à la main, ces enfants ont patienté sous le soleil pour acclamer l’arrivée du ministre à Paoua. Cette mise en scène ne relève pas du hasard ni de l’initiative spontanée d’une population enthousiaste. Elle découle d’une instruction administrative claire, venue du ministre de l’éducation depuis Bangui, suivie par son inspecteur d’académie qui cumule les casquettes éducative et électorale.

Ce qui interpelle davantage, c’est la répétition du procédé. Quelques jours auparavant, le 5 décembre exactement, le ministre de l’Administration du Territoire, Bruno Yapandé, s’était rendu à Paoua pour commémorer en différé la fête nationale du 1er décembre. Le scénario identique s’était alors déroulé: fermeture des établissements scolaires, mobilisation forcée des élèves, accueil fastueux organisé aux frais du temps d’apprentissage. La mécanique est bien connue, les rouages fonctionnent à la perfection, mais au détriment de l’éducation des jeunes.

Cette pratique est le contraire des promesses formulées par ce même pouvoir lors de sa prise de fonction en 2016. L’actuel directeur de campagne du MCU, Simplice-Mathieu Sarandji qui pilotait déjà la stratégie électorale de Faustin-Archange Touadéra à l’époque, avait publiquement déclaré que l’ère du culte de la personnalité était révolue. Dans ses interventions radiophoniques d’alors, il affirmait avec fermeté que les pratiques consistant à faire danser les populations devant les autorités, à organiser des chorégraphies devant le président ou les ministres, appartenaient désormais au passé du pays. Ces déclarations avaient rassuré une partie de l’opinion publique, lasse des excès de l’ancienne gouvernance.

Pourtant, à peine quelques mois après ces engagements solennels, les anciennes habitudes ont resurgi. Dès 2017, les mêmes scènes ont recommencé à se multiplier lors des déplacements officiels. Année après année, le phénomène s’est amplifié jusqu’à devenir une norme admise dans l’organisation des visites ministérielles. Les enfants sont devenus les figurants obligés de ces spectacles politiques, arrachés à leurs cours pour servir de décor vivant aux ambitions électorales du parti dominant.

La question du bien-fondé de ces pratiques se pose avec acuité quand on considère l’âge des personnes mobilisées. Ces élèves n’ont pas voix au chapitre dans le processus électoral. Ils ne votent pas, ne participent pas aux débats politiques, et leur rôle devrait se limiter à l’acquisition des connaissances nécessaires à leur avenir. Sacrifier leur temps d’étude pour des objectifs de communication politique revient à hypothéquer leur développement intellectuel au profit d’intérêts partisans immédiats. Le paradoxe est d’autant plus frappant que le ministre concerné dirige justement le département de la Jeunesse et des Sports, censé veiller au bien-être et à l’épanouissement des jeunes générations.

Source: Corbeau News Centrafrique

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