Africa-Press – CentrAfricaine. À Rondji, une localité sous-préfectorale d’Aba, dans la Nana-Mambéré, le commandant Lamtagué impose son propre tribunal au cœur d’un chantier minier chinois.
Dans cette petite localité proche d’Abba, dans la Nana-Mambéré, le commandant Lamtagué dirige un ensemble de pratiques discrétionnaires. Entre la gestion d’un site minier chinois et la création d’un tribunal improvisé, son influence couvre chaque aspect de la vie locale.
Dans ce village situé à une dizaine de kilomètres d’Abba, un site d’exploitation chinois fonctionne sous la surveillance directe du commandant. Officier des FACA et responsable de la sécurité pour la société minière IMC, il a établi un dispositif qui dépasse largement la mission militaire. Il a mis en place une juridiction improvisée, appelée “cour pénale spéciale de Rondi”, entièrement contrôlée par ses soins. Le magistrat qu’il a désigné n’est autre que l’adjudant-chef KOTA MABOKO, chef de base du chantier, assisté par son adjoint, l’adjudant BANAMAYE qu’il a désigné Procureur dudit tribunal. Tous deux appliquent les décisions du commandant comme si elles avaient valeur de loi.
Dans ce système, chaque incident du village est immédiatement transféré aux militaires. Un conflit de voisinage qui, autrefois, se réglait chez le chef de village, se retrouve désormais devant ce tribunal improvisé.
En effet, ce lundi 8 décembre, l’adjudant-chef Kota Maboko, désigné par le commandant Lamtagué comme le Président dudit tribunal, a procédé à l’arrestation d’un citoyen pour un banal conflit de voisinage.
Pour comprendre les faits, il faut remonter au début. Il y’a une semaine, deux voisins avaient un différend. L’un d’eux est venu se plaindre auprès de la cour pénale spéciale du commandant Lamtagué. Sur décision du Président, qui n’est autre que l’adjudant-chef Kota Maboko , un ordre a été donné au procureur, qui est l’adjudant BANAMAYE. Ainsi, des militaires ont été envoyé au domicile du suspect, et il a été arrêté sur le champ. Ils ont rendu leur justice rapidement. Pour eux, celui qui vient se plaindre en premier a automatiquement raison. Ils ont tabassé le voisin et l’ont obligé à payer de l’argent avant de le libérer.
Normalement, ces querelles se règlent chez le chef de village Wambeto, de manière traditionnelle, avec des conseils et des arrangements à l’amiable entre les parties. Mais depuis que le commandant Lamtagué a installé sa cour pénale, tout passe maintenant par les militaires.
Cette cour pénale spéciale avait déjà montré sa brutalité trois jours plus tôt. Le commandant Lamtagué lui-même avait tabassé publiquement deux chauffeurs conducteurs du site minier chinois qu’il a accusé d’avoir livré des informations sur lui à CNC. Il avait pris son temps pour les agresser presque à mort devant tout le monde, y compris les chinois qui n’ont même pas pris leur temps pour calmer le commandant. Maintenant, c’est au tour de son adjudant-chef de faire fonctionner cette machine judiciaire parallèle avec la même violence.
La cour fonctionne en parallèle d’un système de taxation forcée que Lamtagué impose aux ouvriers centrafricains. Chaque personne qui exploite de l’or de manière artisanale dans le secteur doit verser 50 000 francs par semaine. Pas de paiement, pas de travail. Le commandant a confié la collecte à l’adjudant-chef Kota Maboko et à l’adjudant Banamaye. Ce sont eux qui récupèrent l’argent et font le compte rendu au commandant au fur et à mesure.
La semaine dernière, un ouvrier n’avait pas payé sa redevance de 50 000 francs. L’adjudant-chef est venu confisquer sa machine et tout son matériel pendant une semaine entière. L’homme a dû chercher l’argent partout, finalement réunir les 50 000 francs, revenir les donner à l’adjudant-chef, et seulement après cela, on lui a rendu son équipement. Pendant sept jours, il n’a pas pu travailler ni gagner sa vie.
Tout le monde connaît cette situation à Rondji. Tout le monde sait ce qui se passe. Mais personne n’ose vraiment en parler ouvertement. Le commandant criminel fait son business et impose sa loi avec ses hommes. La population souffre sous ce régime militaire qui s’est substitué aux autorités civiles. Les habitants qui avaient l’habitude de régler leurs différends selon les coutumes locales se retrouvent maintenant traînés devant cette cour militaire où la justice se rend à coups de poing et contre paiement. Le chef de village n’a plus aucun pouvoir. Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits ont été balayés. À leur place, une justice expéditive rendue par des soldats armés qui décident qui a tort et qui a raison en quelques minutes, qui frappent ceux qu’ils jugent coupables et leur imposent des amendes arbitraires avant de les relâcher
Source: Corbeau News Centrafrique
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