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Comment Nourd Gregaza aurait-il pu s’évader d’une prison ultra-surveillée? Cette question taraude sa famille depuis que la nouvelle de sa fuite a été annoncée sur les réseaux sociaux. Denise Madina Duekoe, l’une de ses proches, affirme que Wagner a fabriqué cette histoire de toutes pièces pour couvrir un enlèvement, puis un assassinat prémédité.
Denise Madina Duekoe, ancienne préfète de l’Ombella-Mpoko, a publiquement exprimé ses doutes sur la version propagée par l’OCRB. Pour elle, une chose est certaine: s’échapper de l’OCRB en 2025 reste impossible sans la complicité active des forces de l’ordre présentes sur place. Personne ne quitte ces murs sans que les policiers eux-mêmes n’en décident autrement. Même un nouveau-né comprendrait aisément cette évidence dans le contexte centrafricain actuel où l’OCRB est devenu un Guantánamo centrafricain. En plus, si Nourd Gregaza a pris fuite, on a déjà appris l’arrestation des policiers en faction cette nuit. Mais jusqu’à présent, rien.
D’ailleurs, pour voir de près cette histoire, tout est fabriqué pathétiquement et très bêtement, selon Denise Madina Duekoe. L’histoire d’un tunnel creusé sous la prison du camp de Roux paraît totalement absurde selon Denise Madina. Comment imaginer qu’un détenu puisse creuser discrètement dans une cellule partagée avec une dizaine d’autres prisonniers et que seul ce détenu puisse s’échapper sans autre prisonniers? En plus, le camp de Roux se situe sur une colline dont le sous-sol recèle des grosses pierres dures qu’il faudrait briser. Et la question demeure: où aurait-il déversé les tonnes de sables et des pierres extraits de ce tunnel? Sa cellule seule ne suffirait jamais à contenir une telle quantité de matériaux. Les films comme Prison Break montrent des séquences accélérées, mais la réalité impose des contraintes physiques incontournables. Faudrait-il manger le sable ou le cacher quelque part? Personne ne réfléchit à ces détails concrets.
Plus spectaculaire encore, Nourd Gregaza ne se trouvait même pas au camp de Roux au moment de sa supposée évasion. Il avait été extrait de sa cellule le 7 juillet dernier, en même temps qu’Armel Sayo, ancien ministre accusé de tentative de coup d’État. Ce dernier a été enlevé par les mercenaires du groupe Wagner dans la nuit du 7 au 8 juillet. Un mois après, devant la colère montante sur les réseaux sociaux et les réactions internationales, notamment du président camerounais Paul Biya, de l’ambassade de France et du CICR, Wagner a ramené Armel Sayo pour le présenter au juge. Mais depuis cette comparution, personne ne sait où il se trouve. Il a disparu, probablement détenu dans les sous-sols du camp de Roux, du camp Mpoko ou à Berengo, où Wagner le torture tranquillement.
Quant à Nourd Gregaza, il était détenu à l’OCRB, seul dans une cellule fermée par deux portes successives. Cette structure de petite taille reste constamment gardée par de nombreux policiers, entourée de clôtures et de verrouillages multiples. Comment aurait-il pu s’en échapper à quatre heures du matin, comme l’affirme la MINUSCA, ou à neuf heures selon d’autres sources? Les versions divergent, ajoutant au flou entretenu autour de cette affaire.
Pour Denise Madina Duekoe, il ne fait aucun doute: les mercenaires russes du groupe Wagner ont enlevé Nourd Gregaza de l’OCRB pour le tuer. Ils auraient changé de méthode après l’échec de leur première tentative avec Armel Sayo. Lorsqu’ils avaient enlevé l’ancien ministre Armel Sayo, ils avaient fabriqué une image de son corps dans un sang publié sur les réseaux sociaux, laissant croire à sa mort. La réaction avait été immédiate et violente. Le président Paul Biya, l’ambassade de France, le CICR, tous avaient réagi avec fermeté. Wagner s’était alors trouvé contraint de ramener Armel Sayo vivant et de le présenter à la justice.
Cette fois, les mercenaires russes ont inventé une histoire d’évasion pour camoufler leur crime. En faisant croire à une fuite, ils espèrent détourner l’attention de l’opinion publique. Les gens finiront par accepter cette version, abandonneront l’affaire, et Wagner aura les mains libres pour éliminer sa victime en toute discrétion. Peut-être l’ont-ils déjà tué. Ils diront ensuite qu’il est mort pendant sa fuite. Une disparition pure et simple, comme le pays en a déjà connu à plusieurs reprises.
Les arrestations des proches et des membres de la famille, présentées comme des recherches de Nourd Gregaza, ne serviraient qu’à renforcer cette parodie d’évasion. Wagner cherche à tromper l’opinion en faisant croire à une fuite alors que leur victime a simplement été enlevée de sa cellule. La manœuvre vise à créer une confusion suffisante pour que l’affaire tombe dans l’oubli très vite.
Denise Madina Duekoe exige que si Nourd Gregaza a été tué, son corps soit rendu à sa famille. Les autres membres de la famille de Nourd accusent également la France de porter une responsabilité dans cet assassinat potentiel. Nourd Gregaza a été rapatrié de France vers Bangui, alors que tout le monde connaît la situation dans ce pays où les meurtres se commettent en toute impunité. Le Cameroun a fait de même avec Armel Sayo. Et maintenant, les deux hommes se retrouvent aux mains de Wagner, leurs familles privées de toute information fiable sur leur sort.
Les membres de la famille de Nourd Gregaza pensent que les mercenaires ont modifié leur tactique après leur premier échec. Au lieu d’enlever directement leurs victimes et de provoquer un scandale international, ils organisent désormais de fausses évasions. Ils accusent ensuite divers complices, dont le ministre de la Justice, d’avoir facilité ces fuites. Mais selon Denise Madina Duekoe, la vérité reste simple: Wagner a récupéré Nourd Gregaza pour le tuer, tout comme ils ont récupéré Armel Sayo. La complicité de certains ministres ne serait qu’un écran de fumée destiné à brouiller les pistes. La famille attend toujours des nouvelles concrètes, mais l’espoir s’amenuise chaque jour davantage. Les autorités restent silencieuses tandis que les zones d’ombre s’accumulent autour de ces disparitions suspectes. Wagner continue d’agir en toute impunité sur le territoire centrafricain, modifiant ses méthodes au gré des réactions internationales. Et la Minusca, complice, fait circuler de fausse vérité pour cautionner cet assassinat potentiel.
Source: Corbeau News Centrafrique
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