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Guy Aimé Nzawagbossa débarque sur la scène politique centrafricaine avec la fougue du débutant et l’assurance de celui qui n’a jamais gouverné. Face à lui, Faustin-Archange Touadéra, l’homme qui après dix années au pouvoir, livre un pays sous tutelle étrangère où les mercenaires russes du groupe Wagner font la loi. Mais entre ces deux hommes, qui dit vraiment la vérité au peuple centrafricain?
Cette confrontation entre le novice et le fossoyeur montre clairement tout le drame centrafricain. Quand Guy Aimé Nzawagbossa critique “l’absence de vision stratégique” de Touadéra, il enfonce une porte ouverte. Dix ans de règne pour aboutir à quoi? Un pays où les forces russes contrôlent les mines, tuent, pillent, où les populations civiles sont prises en étau entre groupes armés et mercenaires, où l’État centrafricain n’existe que sur le papier. Le président fondateur du NTC Guy Aimé Nzawagbossa a-t-il tort de dresser un tableau apocalyptique? Les faits parlent d’eux-mêmes: électricité fantôme, jeunes diplômés au chômage, coût de la vie explosé, souveraineté bradée. Touadéra avait dix ans pour redresser le pays. Le résultat? Un chaos organisé sous surveillance des Wagner.
Mais au-delà des critiques, c’est la dimension régionale qui interpelle. Guy Aimé Nzawagbossa cite le Burkina Faso d’Ibrahim Traoré comme modèle. Provocateur? Peut-être. Mais quand on voit un pays qui, malgré ses défis, refuse la tutelle étrangère et tente de reprendre son destin en main, la comparaison avec une Centrafrique sous perfusion russe fait mal. Le Bénin de Talon? Le Rwanda de Kagame? Ces dirigeants, malgré leurs méthodes contestables, ont au moins développé leurs pays. Touadéra, lui, a-t-il autre chose à montrer que des accords miniers signés avec Moscou et une population toujours plus appauvrie? Ces comparaisons démontrent surtout l’ampleur du désastre centrafricain après une décennie de gouvernance Touadéra.
Cependant, entre les promesses et la réalité du pouvoir, le fossé reste béant. “Rétablissement obligatoire de l’électricité”, “inspecteurs du travail”, “projets communautaires”… Les solutions de Nzawagbossa sonnent effectivement comme un catalogue de bonnes intentions. Mais face à quoi? Face à un pouvoir qui en dix ans n’a même pas réussi à électrifier Bangui correctement ! Certes, gouverner c’est prévoir, financer, négocier. Mais Guy Aimé Nzawagbossa peut-il vraiment faire mieux que Touadéra? Un président qui a hypothéqué l’avenir du pays aux intérêts russes, qui a laissé les mercenaires Wagner s’installer durablement en massacrant la population civile, qui assiste impuissant à la paupérisation de son peuple?
D’ailleurs, sur la question de l’autonomie politique, les positions divergent radicalement. “Nous ne sommes pas dans la logique des alliances opportunistes”, clame le leader du NTC Guy Aimé Nzawagbossa. Face à un Touadéra qui a fait de l’opportunisme avec Moscou sa ligne de conduite, cette déclaration résonne comme un espoir. L’indépendance de Guy Aimé Nzawagbossa n’est peut-être que de l’isolement, mais au moins ce n’est pas de la soumission. Quand on voit où ont mené les “alliances stratégiques” de Touadéra avec la Russie, l’isolement diplomatique semble presque préférable à la vassalité.
Pourtant, une interrogation fondamentale demeure sur la légitimité même du président sortant. Dix ans au pouvoir pour en arriver là? Des mercenaires russes qui contrôlent les ressources, des populations terrorisées, une économie exsangue, une jeunesse sans espoir… Touadéra n’a pas hérité d’une mission impossible, il a créé une catastrophe durable. Les 20 000 jeunes recrutés dans l’armée? Pour servir d’auxiliaires aux forces russes. Les infrastructures construites? Lesquelles exactement? La paix retrouvée? Quelle paix quand Wagner quadrille le territoire et impose sa loi?
Finalement, l’équation politique se résume à un choix terrible mais éclairant. Le nouveau candidat manque d’expérience, c’est certain. Il promet sans garanties, propose sans moyens détaillés. Mais face à Touadéra qui a eu dix ans pour prouver son incompétence totale, l’inexpérience de Guy Aimé Nzawagbossa ressemble presque à un atout. Au moins, lui n’a pas encore bradé la souveraineté nationale, n’a pas encore livré les ressources du pays aux appétits étrangers, n’a pas encore transformé l’armée nationale en supplétifs de mercenaires.
L’échéance de décembre 2025 s’annonce donc comme un moment de vérité historique. Entre l’incompétence avérée de Touadéra et les promesses incertaines de Guy Aimé Nzawagbossa , le choix semble cruel pour les Centrafricains. Mais ont-ils vraiment le choix de reconduire un homme qui a dilapidé dix années et hypothéqué l’avenir du pays? Décembre 2025 dira si les électeurs préfèrent continuer la descente aux enfers ou tenter l’aventure du changement. Car au final, après dix ans de Touadéra, même l’incertitude de Nzawagbossa pourrait ressembler à un espoir. Reste à savoir si ce dernier saura être à la hauteur des attentes ou s’il ne sera qu’un énième déçu de plus dans l’histoire politique centrafricaine. Une chose est sûre: il ne peut pas faire pire que son prédécesseur.
Source: Corbeau News Centrafrique
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